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Examen cutané
La peau du nouveau-né à terme est rose voire érythrosique. Elle est recouverte dans les premières heures de vie du vernix caseosa, enduit blanc graisseux et adhérent, visible surtout dans les plis. Une desquamation modérée est possible au cours des premiers jours, notamment chez les nouveau-nés post-termes.
Un ictère doit être recherché. La connaissance des signes cliniques orientant vers une cause pathologique est essentielle.
Des particularités sémiologiques non pathologiques, transitoires, sont à connaître.
Des œdèmes peuvent être observés à la naissance au niveau des paupières, du dos des mains et des pieds et du pubis ou du scrotum. Ils régressent en quelques jours.
Le lanugo est un fin duvet, présent au niveau du front, du dos et des épaules. Il disparaît en quelques jours. Les grains de milium sont des microkystes sébacés punctiformes blancs, siégeant sur le nez et la face. L’érythème toxique est une éruption maculopapuleuse voire pustuleuse transitoire survenant le plus souvent entre H12 et J4.
Un livedo (aspect marbré par immaturité de la vasorégulation périphérique) peut être visible au niveau des membres et du thorax. La tache mongoloïde est un placard bleu ardoisé siégeant dans la région lombosacrée. Fréquente dans les populations originaires d’Asie et du pourtour méditerranéen, elle s’atténue en général dans les premières années de vie.
Un ou plusieurs angiomes plans de la glabelle, des paupières, du nez et de la nuque peuvent être observés. Ils s’atténuent en quelques mois, sauf celui de la nuque qui peut persister jusqu’à l’âge adulte.
Ils sont à distinguer d’un éventuel hémangiome, apparaissant après quelques jours de vie. Il peut se présenter en relief et de coloration rouge vif (fig. 1.2) ou être de type dermique profond. Son évolution est marquée par une phase de croissance (6 à 10 mois) puis une involution spontanée sans séquelles.
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Examen de la tête et de la face
Le crâne doit être soigneusement examiné.
Les fontanelles ont des tailles variables. Elles sont normalement souples, ni déprimées ni bombées. La fontanelle antérieure a une forme losangique et se ferme entre les âges de 8 mois et 18 mois ; la fontanelle postérieure est palpable dans les 2 ou 3 premières semaines de vie. Les sutures sont normalement bord à bord, mobiles, mais elles peuvent se chevaucher dans les premiers jours de vie.
Une bosse sérosanguine est souvent observée. Il s’agit d’une collection sous-cutanée, molle, mal limitée, chevauchant les sutures et se résorbant en 2 à 6 jours. Le céphalhématome, plus rare, est une collection sous-périostée, limitée par les sutures, pouvant évoluer vers la calcification en 4 à 6 semaines.
L’examen ORL est essentiel.
L’examen du cou doit apprécier ses mobilités passive et active. La constatation d’un torticolis doit faire préciser son caractère réductible ou non. La palpation des muscles sternocléidomastoïdiens permet de mettre en évidence un éventuel hématome. L’examen recherche une masse anormale ou un orifice cutané ; la présence d’un kyste et/ou d’une fistule au niveau cervical évoque la persistance de résidus des fentes branchiales ou du tractus thyréoglosse.
L’examen des oreilles permet de préciser leur niveau d’implantation et l’aspect des pavillons et des conduits auditifs. Une déviation de la cloison nasale transitoire peut être observée. L’examen de la bouche permet de dépister une fente (vélo-)palatine ou une brièveté du frein de langue.
L’examen des yeux doit être soigneux.
Il vérifie l’aspect des conjonctives, des iris et des pupilles, ainsi que la symétrie des reflets pupillaires.
Un strabisme (asymétrie des reflets) modéré et intermittent peut être observé. Sa persistance au-delà du 3e mois doit conduire à un examen ophtalmologique. Le réflexe photomoteur est présent. La présence des lueurs pupillaires est recherchée grâce à un ophtalmoscope ; la visualisation du fond de l’œil (disque orangé) permet d’éliminer une cataracte congénitale et un rétinoblastome.
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Examen neurosensoriel
L’examen neurologique (tonus passif et actif, automatismes primaires) permet de vérifier les compétences motrices, témoins de l’intégrité du système nerveux, et les capacités neurosensorielles du nouveau-né. Il est influencé par l’âge gestationnel, dont il est un critère de maturité (détails infra).
Le comportement global d’un nouveau-né est caractérisé par un éveil calme facile à obtenir, une réactivité à la stimulation vive, avec cri franc, et une capacité à être consolé facilement (se calmant à la voix, s’apaisant dans les bras ou à la succion). La motricité spontanée est riche, symétrique et harmonieuse, avec une bonne ouverture des mains, des mouvements indépendants des doigts. Les réflexes ostéotendineux sont présents et symétriques.
L’efficience des fonctions sensorielles doit être vérifiée afin de dépister précocement toute anomalie.
Un nouveau-né à terme est capable de poursuite oculaire (ses yeux et sa tête suivent le déplacement d’un objet contrasté – comme une cible noir/blanc – placé à environ 30 cm) ; il cligne des paupières à la lumière.
Le nouveau-né réagit aux bruits et à la voix. En dehors d’anomalies du pavillon de l’oreille, il n’y a pas de signe spécifique qui permette d’évoquer une surdité (voir chapitre 6 § II. Dépistage des troubles auditifs).
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Examen ostéoarticulaire
Le rachis doit être palpé sur toute sa hauteur à la recherche d’une anomalie cutanée et/ou osseuse (par exemple une angulation).
La région lombosacrée doit être examinée attentivement. Une anomalie de fermeture du tube neural (spina-bifida) doit être suspectée devant la présence dans la région lombosacrée d’un lipome sous-cutané, d’une touffe de poils, d’une fossette sacrococcygienne profonde et/ou avec pertuis ou encore d’une déviation du sillon interfessier. Ces signes imposent une échographie médullaire.
L’examen vérifie également l’intégrité morphologique des membres et le bon fonctionnement et la souplesse des articulations (amplitudes normales et symétriques).
Les principales malformations sont surtout localisées aux extrémités (syndactylie = accolement de deux doigts ou orteils ; polydactylie = doigts surnuméraires ; hypoplasies et aplasies des doigts ou orteils). Les malpositions des pieds, fréquentes et bénignes, sont des déformations simples, réductibles (pathologie posturale secondaire aux contraintes utérines), comme les pieds varus ou la clinodactylie (chevauchement des orteils). Il faut les distinguer des déformations rigides (non réductibles), malformatives, comme les pieds bots varus équins.
L’examen des hanches doit être soigneux et répété les premiers mois de vie, à la recherche de signes évoquant une dysplasie des hanches : limitation et asymétrie de l’abduction des cuisses, asymétrie des plis fessiers, mise en évidence d’une instabilité de hanche par les manœuvres de Barlow et/ou d’Ortolani. Certains facteurs de risque doivent faire réaliser une échographie de hanche systématique avant l’âge de 1 mois (voir chapitre 6 § III. Dépistage des anomalies orthopédiques).
Enfin, l’examen recherche des lésions traumatiques perpartales : bosse sérosanguine (collection sous-cutanée, mal limitée, chevauchant les sutures), céphalhématome (collection sous-périostée, limitée par les sutures), hématomes cutanés, paralysie faciale (forceps), paralysie du plexus brachial (asymétrie de la gesticulation spontanée des membres supérieurs), fracture de clavicule, exceptionnellement fracture de membre ou du crâne. Un purpura d’origine mécanique peut être observé au niveau de la face ou du vertex à la suite d’une extraction difficile, d’une circulaire serrée du cordon ou encore d’une présentation de la face.
Données indispensables de l’examen d’un nouveau-né : température et évolution pondérale des premiers jours de vie, coloration et ictère, souffle cardiaque et pouls fémoraux, tonus et réflexes archaïques, hépatomégalie ou splénomégalie, malformations, organes génitaux externes et orifices herniaires, dépistages sensoriels et de la luxation congénitale de hanche.
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