8  -  Prophylaxie


La lutte contre la maladie impose une stratégie globale comprenant la lutte contre les mollusques, le traitement des sujets parasités, l’amélioration de l’élimination des excrétats humains et l’éducation sanitaire.

8 . 1  -  Prophylaxie de masse


Elle repose sur :

  • L’éducation sanitaire et les préventions de la contamination des plans d’eau par les matières fécales et les urines, mais la protection des individus contre les eaux parasitées en zone d’endémie se heurte à des habitudes ancestrales et à des impératifs de la vie quotidienne. Elle demeure fonction de l’amélioration du niveau de vie.
  • La chimiothérapie des populations affectées, mais si le traitement médical est relativement efficace sur le plan individuel, il ne peut être généralisé dans l’état actuel de la thérapeutique. D’une part, les sujets traités vivant en zone d’endémie sont soumis à des réinfestations plus ou moins constantes, d’autre part l’existence d’un réservoir animal en limite l’intérêt dans la bilharziose intestinale et artério-veineuse.
  • Des modifications écologiques : la lutte est actuellement orientée contre les mollusques vecteurs, le point le plus vulnérable de la chaîne épidémiologique. L’emploi de molluscicides est une technique susceptible d’une application systématique. En fait, dans la pratique, les difficultés sont immenses pour des raisons diverses : les mollusques sont des vecteurs fuyants, leurs habitats aquatiques sont constamment modifiés, certains molluscicides n’épargnent pas les poissons, base importante de l'alimentation. Des méthodes écologiques peuvent être utilisées comme l’asséchement périodique des canaux d’irrigation, la destruction des végétaux dont se nourrissent les mollusques. L'utilisation de mollusques compétiteurs des hôtes intermédiaires a fait ses preuves dans certaines régions (Brésil) mais reste aléatoire. L’utilisation de prédateurs est actuellement testée : Anatidae (canards) et mollusques carnivores.

Ces programmes de lutte sont freinés par les habitudes ancestrales (réinfestations), le mode de vie et le niveau de développement socio-économique.

8 . 2  -  Prophylaxie individuelle


A titre individuel, il est fortement déconseillé de se baigner en eaux douces ou saumâtres stagnantes, même pour de très courtes et très partielles immersions.   

Conclusion


L’eau constitue le facteur principal dans la chaîne épidémiologique de la bilharziose : éclosion des œufs, développement et survie des hôtes intermédiaires, dissémination des furcocercaires infestantes, contamination de l’homme. Malgré les succès obtenus dans la neutralisation de certains foyers, la grande plasticité des relations entre les hôtes, les parasites et les mollusques explique que l’épidémiologie des bilharzioses soit en constant remaniement et que cette maladie soit loin de disparaître. Au contraire, dans certaines régions, elle est en pleine voie d’extension, dépendante du développement économique et social et donc favorisée par la mise en valeur de nouvelles terres pour l’agriculture, elle-même tributaire des ressources hydrauliques, et par l’apport de main-d’œuvre provenant de régions parasitées. De plus les énormes déplacements de populations humaines, qui s’observent plus particulièrement dans le monde défavorisé, rendent illusoire la prophylaxie de masse.

Il est regrettable que le bénéfice économique attendu par les travaux d’irrigation soit compromis, entre autres, par l’extension de l’endémie bilharzienne.

12/12