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Diagnostic
Le diagnostic repose tout d’abord sur des éléments d’orientation :
- Epidémiologiques : il devra être suspecté chez un patient revenant d’une zone d’endémie bilharzienne et l’interrogatoire devra rechercher la notion d’une possible contamination : bain dans un marigot, un lac d’eau douce, …
- Cliniques : il sera évoqué devant une « fièvre des safaris », une hématurie, des selles striées de sang, ...
- Biologiques : l’hyperéosinophilie n’est pas spécifique mais peut être évocatrice en association avec les données cliniques et épidémiologiques.
Les méthodes diagnostiques seront différentes au cours du cycle des schistosomes :
- Pendant la phase d’invasion, la réaction de l’hôte entraîne une hyperéosinophilie importante ainsi qu’une réaction sérologique rapidement positive.
- Pendant la phase de croissance, il existe une activité métabolique intense. L’hyperéosinophilie reste élevée et les réactions sérologiques sont marquées.
- Enfin, à la phase de maturation, il y a émission des œufs que l’on peut éventuellement retrouver dans les selles ou les urines voire dans les biopsies (granulome). A cette phase l’imagerie peut être d’un grand recours pour le bilan d’extension.
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Diagnostic indirect (phase d’invasion)
La bilharziose est rarement diagnostiquée à ce stade car elle est souvent asymptomatique et qu’il n’y a pas encore d’élimination d’œufs.
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Eosinophilie sanguine
Cette éosinophilie est importante pendant la période d’invasion surtout pour S. mansoni, S. japonicum et S. mekongi (mal adapté à l’homme). Il est possible d’avoir des taux allant de 40 à 70 %. On signale même dans le cas de S. japonicum des taux de 90 %. A la période d’état, le taux se situe aux environs de 10 à 20 %.
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Techniques sérologiques
Elles permettent souvent une orientation diagnostique de bonne valeur (4 à 6 semaines après le bain contaminant), aboutissant parfois à la décision thérapeutique malgré l’absence de preuve parasitologique directe. L’association de plusieurs techniques sérologiques (IFI, HAI, ELISA, western blot) utilisant des antigènes différents améliore l’approche diagnostique et permet de suivre l’évolution sous thérapeutique. En cas de contexte épidémiologique évocateur, la sérologie devra être répétée.
La quasi-totalité des techniques sérologiques utilise des antigènes extraits de S. mansoni. En effet, le cycle de celui-ci est plus facile à entretenir au laboratoire. L’utilisation d’antigènes hétérologues pour le diagnostic des bilharzioses uro-génitales donne des résultats satisfaisants du fait des communautés antigéniques. Le diagnostic indirect des bilharzioses ne peut être correctement réalisé qu’en associant si possible plusieurs techniques utilisant des antigènes différents (Tableau II). A la phase d'invasion, la sérologie est positive dans environ 90% des cas toutes techniques confondues, mais seulement 20% présentent des taux élevés affirmant le diagnostic.
Les techniques utilisant les antigènes vivants sont en désuétude. L’immunofluorescence indirecte, de bonne sensibilité et de bonne spécificité est la technique la plus utilisée aujourd’hui. L’ELISA semble une technique d’avenir pour les laboratoires d’analyses médicales.
5.1.2.1. Techniques utilisant un antigène vivant
La réaction de Vogel-Minning étudie le décollement de la paroi des furcocercaires mises en présence de sérum décomplémenté du patient. D’apparition précoce, 15 jours avant l’émission des œufs, elle se négative 15 à 20 mois après la guérison.
La réaction d’Olivier Gonzales ou réaction de circum ova précipitation est spécifique d’espèce. Les œufs sont incubés dans le sérum du patient pendant 24 heures. La positivité est affirmée par l’apparition de précipités digitiformes autour des œufs.
Elle reste positive tant qu’il y a des œufs vivants dans les tissus.
L’inconvénient de ces méthodes, qui en limite l’emploi, est la nécessité d’entretenir des souches au laboratoire.
5.1.2.2. Techniques utilisant un antigène soluble
L’électrosynérèse et l’immunoélectrophorèse sont les méthodes de diffusion en milieu gélifié les plus utilisées. Elles sont qualitatives et analytiques. Elles permettent de juger de l’évolutivité de l’infection. Il est possible de mettre en évidence des arcs spécifiques : arc 4 pour S. haematobium, arc 8 pour S. mansoni.
5.1.2.3. Techniques utilisant un antigène figuré
L’immunofluorescence indirecte (IFI) utilise :
• des coupes de foie de rongeurs parasités (hamsters, souris,…). Ceci permet d’étudier simultanément les antigènes des œufs et des vers adultes.
• des coupes à congélation de schistosomes adultes inclus dans un organe.
• des coupes d’hépato-pancréas de mollusques infectés pour l’étude des antigènes cercariens.
La réaction se positive vers la 5ème semaine après l’infestation et se négative 10 à 15 mois après la guérison. Le seuil de positivité est le 1/20ème. Cette réaction de bonne sensibilité et spécificité est actuellement la plus utilisée par les laboratoires.
5.1.2.4. Techniques utilisant un extrait antigénique
L’hémagglutination, l’ELISA (Enzyme Linked Immunosorbent Assay) utilisent des antigènes purifiés ovulaires ou de vers adultes. De meilleurs résultats sont obtenus avec les antigènes ovulaires. Des Kits hémagglutination et ELISA sont aujourd’hui disponibles sur le marché.
5.1.2.5. Techniques utilisant un antigène marqué
Radio Immuno Assay (RIA) et Radio Allergo Sorbent Test (RAST) détectent des complexes immuns ou des antigènes circulants. Leur sensibilité est comparable à celle de l’IFI. Leur inconvénient majeur est l’utilisation de produit radioactif. Ces techniques sont réservées à des laboratoires très spécialisés.
5.1.2.6. Techniques reposant sur la détection d’antigènes circulants
Des antigènes circulants dérivés du tube digestif du parasite ont pu être mis en évidence par des anticorps monoclonaux. Le titre sérique ou urinaire de ces antigènes circulants est corrélé à la charge parasitaire.
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