1 . 3  -  Clinique

a  -  Sujets asymptomatiques

Des porteurs de microfilaires sans signes cliniques d’accompagnement mais pouvant assurer la transmission de l’affection sont fréquents.

b  -  Manifestations aiguës

Quelques mois après la piqûre infestante, on peut observer des :

  • accidents génitaux aigus : lymphangite du scrotum, funiculite, orchite brutalement installée laissant souvent place à une hydrocèle chyleuse (stagnation de lymphe) ;
  • lymphangites aiguës des membres dans l’année suivant l’infestation : souvent accompagnées de fièvre, elles se présentent comme des lymphangites banales, mais leur progression est centrifuge, de la racine vers l’extrémité des membres, contrairement aux lymphangites bactériennes centripètes, du foyer d’infection vers la racine du membre. Les lymphangites filariennes rétrocèdent rapidement, mais récidivent de plus en plus fréquemment, sans signes veineux ou infectieux. Wuchereria bancrofti atteint surtout le membre inférieur en Afrique et le membre supérieur en Océanie (var. pacifica) ; B. malayi concerne plutôt la jambe, le pied et le creux poplité ;
  • lymphangites aiguës profondes, associant fièvre et douleurs thoraciques ou abdominales : elles sont de diagnostic difficile ;
  • adénites aiguës superficielles : isolées ou à la suite de lymphangites, elles siègent plus souvent au niveau inguinal ou axillaire ;
  • manifestations respiratoires d’origine allergique associées à une hyperéosinophilie (poumon éosinophile tropical) : elles sont rares, décrites surtout en Asie.

Ces incidents récidivants peuvent s’accompagner de signes généraux (fièvre, asthénie…).

c  -  Manifestations chroniques

Les manifestations chroniques sont plus souvent remarquées chez l’Homme :

adénolymphocèle, ou tumeur molle indolente non fixée, plus ou moins réductible, derrière une peau normale : elle traduit la stagnation de la lymphe (aine, scrotum, sein…) ;

épanchements de la vaginale (ou hydrocèle), fréquents, citrins, inflammatoires, ou chyleux avec présence de microfilaires ;

orchiépididymites chroniques, stérilisantes si l’atteinte est bilatérale ;

varices lymphatiques (secondaires à l’hyperpression lymphatique) : elles peuvent se rompre en occasionnant une lymphorragie externe ou interne (ascite chyleuse, chylothorax, pleurésie chyleuse et la spectaculaire chylurie) ;

chylurie : elle est le résultat d’une fistule souvent pyélolymphatique avec l’élimination de lymphe sous pression dans les urines apparaissant blanc laiteux, contenant albumine, lymphocytes, graisses, fibrine et des microfilaires détectables ; l’évolution de la chylurie est capricieuse, les complications septiques fréquentes ;

éléphantiasis : c’est le résultat à long terme d’une sclérofibrose du derme et de l’hypoderme déterminant une pachydermie qui peut siéger partout ; ils sont particulièrement décrits au niveau du scrotum, du sein, des membres supérieurs et inférieurs (figure 17.4) ; ces accidents tardifs, progressifs et spectaculaires sont invalidants, sources de surinfections et socialement difficiles à supporter.

Fig. 17.4 Filariose lymphatique : éléphantiasis chez deux Tahitiennes
Fig. 17.4 Filariose lymphatique : éléphantiasis chez deux Tahitiennes
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