2 . 2  -  Rapport bénéfice - Risque de la prophylaxie de la maladie thomboembolique veineuse après chirurgie orthopédique majeure et traumatologique : prophylaxie de courte durée (7 à 14 jours)

1. Chirurgie orthopédique majeure : PTH, PTG, FH

Après chirurgie orthopédique majeure, le risque thromboembolique est élevé et justifie une prescription systématique de mesures prophylactiques (niveau 1).

  • L’HNF, les HBPM et les AVK entraînent une réduction de 50 % environ du risque d’ETE quel que soit le type de chirurgie. L’HNF à posologie ajustée au temps de céphaline avec activateur semble augmenter l’efficacité de l’HNF à posologie fixe (niveau 2).
  • L’aspirine réduit le risque d’ETE symptomatique postopératoire après FH et PTH mais l’effet propre de l’aspirine est difficilement évaluable car il est observé chez des patients recevant d’autres moyens prophylactiques, notamment héparinique (niveau 2).
  • Les HBPM sont plus efficaces que l’HNF après PTH, PTG et FH (niveau 1). Le risque hémorragique majeur est réduit sous HBPM par rapport à l’HNF après PTG (niveau 1).
  • Les HBPM sont plus efficaces que les AVK après PTH et PTG, sans modification du risque hémorragique (niveau 1). Toutefois, en l’absence de centres spécialisés de suivi des AVK comme c’est le cas en France, les AVK augmentent le risque hémorragique par rapport aux HBP (niveau 1).


Les HBPM doivent être considérées comme le traitement prophylactique de référence après PTH, PTG et FH (grade A).

L’HNF (même à posologie ajustée au TCA) et les AVK ne doivent pas être utilisés en première intention après chirurgie orthopédique majeure des membres inférieurs (grade A).

L’aspirine ne peut être considérée comme une mesure prophylactique du risque TE veineux (grade B).

  • Le fondaparinux est plus efficace que les HBPM sur le risque de TVP asymptomatiques (distales et proximales) mais au détriment d’un surcroît de risque hémorragique majeur (niveau 1). Le risque de thrombopénie induite serait moindre sous fondaparinux (niveau 2).
  • Le mélagatran/ximélagatran est non inférieur aux HBPM en termes d’efficacité et de tolérance après PTH et PTG (niveau 1). Injecté en période postopératoire au-delà de 4 heures, le mélagatran/ ximélagatran pourrait réduire le nombre de patients transfusés par rapport aux HBPM (niveau 2). Le mélagatran/ximélagatran n’entraîne pas de thrombopénie induite.


Aussi les HBPM, le fondaparinux et le mélagatran/ximélagatran représentent 3 moyens prophylactiques de première intention en PTH et PTG (grade A).

  • Le danaparoïde (niveau 2) et la désirudine (niveau 1) réduisent le risque TE après PTH. La désirudine est plus efficace que les HBPM sur le risque TE asymptomatique pour les seules PTH.


Toutefois, du fait de leur moindre commodité d’emploi (désirudine et danaparoïde) ou d’un développement plus limité (danaparoïde), ces deux produits représentent plutôt une thérapeutique de deuxième intention (grade B).

  • Les moyens prophylactiques mécaniques, notamment la compression pneumatique intermittente, réduisent le risque d’ETE postopératoire orthopédique (niveau 1).


En l’absence de comparaison directe de niveau 1 avec les autres moyens prophylactiques, les moyens mécaniques ne sauraient être prescrits seuls en première intention (grade A).

A l’inverse, ils représentent une alternative de premier choix en cas de risque hémorragique contreindiquant un traitement antithrombotique médicamenteux (grade A).

Enfin la contention élastique adaptée, du fait de l’absence d’interaction, représente un traitement adjuvant efficace aux traitements médicamenteux (grade B).

2. Chirurgie traumatologique

2.1. Polytraumatologie

Les HBPM réduisent le risque d’ETE veineux avec un risque hémorragique acceptable par rapport à l’HNF (niveau 1). La compression pneumatique intermittente réduit également le risque TE sans augmentation du risque hémorragique (niveau 2).

Les HBPM représentent le traitement de référence (grade A). En cas de risque hémorragique notable, les moyens mécaniques et notamment la compression pneumatique intermittente (si applicable) représentent une thérapeutique de première intention (grade B).

2.2. Traumatologie de l’extremité distale du membre inférieur

Les HBPM réduisent le risque d’ETE asymptomatique sans augmentation du risque hémorragique majeur après immobilisation plâtrée pour fracture ou lésion ligamentaire de l’extrémité distale des membres inférieurs (tibia-péroné, cheville et pied) (niveau 1).

Compte tenu du risque TE modéré et de la durée de l’immobilisation et donc du traitement à prévoir (en moyenne de 45 jours), la prescription des HBPM devrait être adaptée aux facteurs de risque du patient (grade D). Elle pourrait être plus systématique en cas de lésion fracturaire (grade B).

3. Arthroscopie (ligamentoplastie du genou) et chirurgie ambulatoire

Les HBPM sont efficaces pour réduire le risque d’ETE veineux sans augmentation significative du risque hémorragique majeur après arthroplastie (niveau 1).

Compte tenu du risque TE faible, la prescription des HBPM ne doit pas être systématique mais doit être envisagée seulement si les patients présentent un ou plusieurs facteurs de risque surajoutés (grade B).

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