10  -  Chirurgie de la tête et du cou, chirurgie du rachis traumatique et non traumatique

10 . 1  -  Incidence des événements thromboemboliques cliniques et paracliniques en l'absence de prophylaxie

Neurochirurgie

Le risque de TVP est élevé en neurochirurgie intracrânienne. La fréquence des TVP est comprise entre 20 % et  35 %  sur  la phlébographie avec  une fréquence de  2,3  à  6% de TVP  symptomatiques  en l’absence de prophylaxie. Les  facteurs de  risque spécifiques à cette chirurgie sont  l’existence d’un déficit  moteur ,  une  tumeur  maligne ou  un méningiome,  une  tumeur  de  volume important, l’âge supérieur à 60 ans, la chimiothérapie, une chirurgie de plus de 4 heures. Le  risque de TVP chez  le traumatisé crânien isolé est moins  bien connu mais  cette population est  également  à  risque élevé (environ 5 %).

Chirurgie du rachis et traumatologie rachidienne

Le risque thromboembolique dans la chirurgie du rachis en dehors d’un contexte traumatique dépend du  type de chirurgie. Dans  la chirurgie « mineure » (hernie discale, laminectomie  sur  un ou  deux niveaux), le  risque d’ETE clinique est  inférieur  à 1 %. Dans  la chirurgie  rachidienne « majeure » (ostéosynthèses, laminectomies étendues), le risque d’ETE clinique est compris entre 0,3% et 2,2%. L’incidence des TVP sur  la phlébographie est de 15 %. Le risque est plus élevé pour  la chirurgie du rachis lombaire que pour la chirurgie du rachis cervical.

Le traumatisme médullaire représente un facteur de risque élevé d’ETE. Le risque de TVP diagnostiqué par la phlébographie est de 81% et celui de TVP symptomatique entre 12 % et 23%. Dans les études publiées avant 1990, le  risque d’EP chez  les patients para- ou  tétraplégiques était d’environ 4,6 %. L’importance du déficit moteur (paraplégie ou tétraplégie versus déficit partiel) est un facteur de risque important de TVP .

En revanche, le niveau lésionnel semble avoir une influence faible sur le risque.

Tableau 15 : Risque thromboembolique en l’absence de prophylaxie
Tableau 15 bis: Risque thromboembolique en l’absence de prophylaxie

Chirurgie ORL et maxillo-faciale

Le  risque  thrombotique est  faible en chirurgie ORL ou maxillo-faciale. L’incidence des ETE cliniques est d’environ 0,5 %. Dans cette chirurgie, le risque dépend en premier lieu du terrain.

10 . 2  -  Efficacité et risques des stratégies de prévention

Neurochirurgie

L’intérêt d’une prophylaxie de prévention de la thrombose veineuse par les méthodes mécaniques ou une HBPM en neurochirurgie est démontré (grade A).

Les méthodes mécaniques diminuent le risque de thrombose d’environ 50 % mais sont insuffisantes isolément. Une prophylaxie par une héparine diminue également  le risque de thrombose d’au moins 50 % (NNT entre  6  et  8). Il n’y  a pas  de différence  significative d’efficacité entre HNF et  HBPM. L’incidence des hémorragies intracrâniennes postopératoires est comprise entre 1 et 2 %.

Une prophylaxie antithrombotique postopératoire par une héparine ne  semble pas augmenter  le risque hémorragique de manière significative (grade C).

Chirurgie du rachis et traumatologie rachidienne

Il n’y a pas d’étude permettant de recommander un type de prophylaxie dans la chirurgie du rachis. Dans  la chirurgie mineure, une prophylaxie systématique parait  inutile en l’absence de facteur de risque surajouté.

Dans  la chirurgie majeure,  surtout  au  niveau  lombaire,  une prophylaxie est  recommandée. Les méthodes mécaniques seules, du fait de leur innocuité, peuvent être recommandés en l'absence de facteur de risque surajouté.

En cas de facteur de  risque surajouté lié au patient ou à la chirurgie, une prophylaxie par HBPM peut être recommandée (grade D).

Chez les traumatisés médullaires, l’emploi de l’HNF à doses fixes s’accompagne d’une incidence de VP sur les examens paracliniques comprise entre 31 % et 53 % et d’une incidence d’ETE cliniques comprise entre 14 % et 26 %.

Les  méthodes  mécaniques  ou  l’HNF à doses  fixes  comme  unique prophylaxie ne  sont  pas recommandées (grade B).

L’HNF à doses fixes ou une HBPM associées à un moyen mécanique peuvent être recommandées (grade C).

L’héparine à dose adaptée pour augmenter le TCA à 1,5 fois le témoin est efficace mais expose à un risque hémorragique élevé (grade B).

Les HBPM sont plus efficaces que l’HNF à dose fixe pour prévenir le risque d’ETE (grade B).

Chirurgie ORL et maxillo-faciale

En chirurgie ORL et maxillo-faciale, en l’absence de facteur de  risque, une prophylaxie médicameneuse n’est pas recommandée. La prophylaxie est à adapter en fonction des facteurs de risque liés au patient.

En chirurgie carcinologique majeure, une prophylaxie est licite en raison de la durée de la chirurgie et du terrain.

En l’absence d’étude dans ce domaine, on peut recommander une prophylaxie par HBPM débutée en période postopératoire (grade D).

Pour  la chirurgie dentaire, les études publiées vont dans  le sens de la poursuite des anticoagulants chez les patients traités au long cours.

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