7  -  Inflammations d’origine parasitaire et mycotique

7 . 1  -  Inflammations d’origine parasitaire et mycotique

Une infection parasitaire peut être diagnostiquée en anatomie pathologique, mais le diagnostic précis nécessite le plus souvent une confrontation avec les résultats obtenus dans le laboratoire de parasitologie (examen direct, sérologie, etc.). Certaines de ces infections parasitaires sont le plus souvent observées en zone tropicale et sont rarement notées en Europe. Toutefois, l’augmentation constante des voyages rend la possibilité de plus en plus fréquente de diagnostiquer de telles parasitoses en France.

Certaines de ces infections parasitaires sont surtout observées chez les patients immunodéprimés (patients traités par immunosuppresseurs, patients VIH positifs, etc.).

La réaction inflammatoire visible dans les tissus au contact du parasite peut permettre d’orienter le diagnostic (ex : la présence des polynucléaires éosinophiles et de cristaux de Charcot-Leyden orientent vers une helminthiase).

 Classification simplifiée des parasites.

Moyens diagnostiques en anatomie pathologique

  • Étude analytique : la grande majorité des parasites sont visibles sur l’hématoxyline-éosine-safran. Sur l’HES, les parasites, les larves et les œufs ont une taille souvent caractéristique qui oriente vers leur identification intratissulaire.
  • Colorations histochimiques : certaines colorations histochimiques permettent soit de confirmer certaines parasitoses, soit de mettre en évidence certains parasites non ou mal visibles sur l’HES :
    • la coloration de Giemsa (cryptosporidies, plasmodium, Leishmanies) ;
    • la coloration de Warthin-Starry ;
    • la coloration de Gram modifié de type Brown-Brenn (microsporidies) ;
    • la coloration par le PAS (Isospora, Toxoplasma).
  • Étude immunohistochimique : il existe des anticorps spécifiques : anticorps anti-Toxoplasma gondii, anti-Leishmania, etc.
  • Examen ultrastructural : utile uniquement pour les petits parasites comme les microsporidies.


Dans tous les cas, une confrontation anatomoclinique et un examen parasitologique (examen direct et sérologie) sont indispensables pour le diagnostic.

Réaction inflammatoire au contact du parasite

Elle est très variable en fonction du parasite, et de l’état d’immunocompétence de l’hôte. Ci-après, quelques exemples :

  • réaction inflammatoire à polynucléaires éosinophiles : les helminthiases déclenchent souvent une réaction inflammatoire riche en polynucléaires éosinophiles avec parfois la présence de cristaux acidophiles, réfringents, plus ou moins losangiques ou cristaux de Charcot-Leyden ;
  • réaction inflammatoire à polynucléaires neutrophiles : les protozoaires peuvent déclencher une réaction à polynucléaires neutrophiles, nécrotique. Ainsi, au cours de la toxoplasmose se développant chez un patient immunodéprimé, un abcès peut se former au niveau notamment du système nerveux central. Cette réaction inflammatoire se produit au contact des formes parasitaires libres, non enkystées (toxoplamose évolutive) ;
  • absence de réaction inflammatoire : à l’inverse il se produit peu ou pas de réaction inflammatoire au contact des kystes toxoplasmiques qui sont bien tolérés et que l’on peut observer isolés au niveau du parenchyme cérébral, musculaire ou cardiaque ;
  • certains protozoaires ne sont le plus souvent visibles que dans le cytoplasme des macrophages qui s’agencent en nappes (leishmanies). D’autres protozoaires ne sont observés que dans les globules rouges (plasmodium) ;
  • fibrose extensive : certains parasites peuvent entraîner une réaction inflammatoire chronique, par exemple la fibrose extensive et les calcifications notées lors de la bilharziose.

7 . 2  -  Inflammation d’origine mycotique

Avec l’ère du SIDA ou des traitements immunosuppresseurs (post-transplantation d’organe, chimiothérapie), les infections mycotiques sont devenues très fréquentes. Certaines de ces infections auparavant très rares et surtout observées en zone tropicale, sont devenues beaucoup plus courantes en France (cryptococcose, pneumocystose, histoplasmose, etc.).

Certains diagnostics sont particulièrement urgents car ces mycoses peuvent mettre en jeu le pronostic vital et imposent une thérapeutique immédiate, par exemple les aspergilloses invasives chez les patients hospitalisés en réanimation et les mucormycoses développées les patients diabétiques.

Le diagnostic histopathologique des mycoses doit toujours être corrélé au diagnostic mycologique (examen direct, culture, sérologie).

 Classifications simplifiées des mycoses.

Moyens diagnostiques en anatomie pathologique

  • Les prélèvements adressés au laboratoire d’anatomie pathologique à partir desquels peut se faire un diagnostic de mycose sont très variés : biopsies, pièces opératoires, prélèvements autopsiques, appositions cytologiques, frottis, cytologie à partir d’une cytoponction.
  • Certains champignons sont bien visibles sur l’HES, mais les colorations histochimiques (en particulier la méthode argentique de Gomori-Grocott et le PAS) sont particulièrement utiles pour souligner ou bien mettre en évidence les champignons microscopiques, notamment lorsqu’ils se développent au sein de foyers nécrotiques. D’autres colorations histochimiques permettent plus spécifiquement d’identifier certains champignons : les colorations par le bleu Alcian et par le mucicarmin permettent de bien visualiser la capsule des cryptococcoques.


L’étude morphologique permet de différencier la plupart des champignons : présence de levures (taille de la levure, présence de bourgeonnement unique, multiple, aspect du collet étroit ou large, pigmentation) et/ou de filaments (calibre, régularité, ramification, septa, couleur).

L’immunohistochimie peut être utile : anticorps anti-Pneumocystis carinii, anticorps anti-cryptoccoque, anticorps anti-mucorales, anti-aspergillus, etc.

L’étude ultrastructurale est très rarement utile pour le diagnostic (Penicillium marneffei).

Réaction inflammatoire au contact du champignon


Elle est variable en fonction du champignon, et de l’état d’immunocompétence de l’hôte.

  • Réaction inflammatoire aiguë purulente : certains champignons déclenchent une réaction inflammatoire riche en polynucléaires neutrophiles (comme les candida par exemple).
  • Réaction inflammatoire nécrotique : certains champignons filamenteux ont un tropisme vasculaire très marqué provoquant ainsi une effraction des vaisseaux, des embolies mycotiques et des thromboses avec pour conséquences des foyers d’infarctus et d’infarcissement. Il s’agit, par exemple, des mucorales et des aspergillus.
  • Réaction inflammatoire granulomateuse : certains champignons peuvent entraîner une réaction à immunité cellulaire riche en lymphocyte et en macrophages avec la présence de cellules géantes multinucléées, par exemple l’histoplasmose.
  • Certaines mycoses sont particulièrement graves en cas d’immunosuppression (patient neutropénique en particulier) car elles prennent alors un caractère disséminé avec de multiples localisations (poumon, cœur, foie, cerveau, etc.). Dans certaines circonstances, la réaction inflammatoire cellulaire peut être minime et il existe alors essentiellement des foyers nécrotiques.

Conclusion

La confrontation anatomoclinique est souvent indispensable pour permettre le diagnostic précis d’un certain nombre de mycoses (notion d’immunosuppression, de voyages, etc.). Les colorations histochimiques sont souvent primordiales pour mettre en évidence et identifier les champignons microscopiques. Seule, l’étude mycologique permet l’identification précise grâce à l’examen direct, les cultures et l’examen sérologique.

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