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Lésions indirectes
Elles sont le fait de la réponse immunitaire. Beaucoup de facteurs cytotoxiques libérés par les cellules du système immunitaire (lymphocytes et macrophages) ont une action non spécifique qui va s’exercer aussi bien sur les cellules infectées que les cellules saines de leur environnement. Si les conséquences peuvent être modestes : simple congestion vasculaire avec œdème et infiltration de cellules mononucléées à caractère transitoire, les lésions sont parfois importantes, notamment au cours des hépatites virales chroniques (virus hépatite B et C) avec retentissement fonctionnel et possible évolution fibrosante pouvant aboutir, à terme, à une cirrhose.
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Effets oncogéniques
On connaît de nombreux exemples de virus capables d’induire une tumeur dans un modèle expérimental adapté. L’implication des virus en cancérologie humaine est par contre moins bien caractérisée. On connaît 6 types de virus associés à l’émergence de tumeurs chez les patients infectés (HHV-4/EBV ; HBV ; HCV ; HHV-8 ; HPVs ; HTLV). L’interaction entre l’infection virale et le cancer, est indirecte et complexe.
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Mise en évidence d’une inflammation virale et évaluation de son retentissement tissulaire
L’identification du virus repose sur des techniques virologiques adaptées. Le pathologiste peut toutefois établir ou orienter le diagnostic sur :
- la constatation de lésions cellulaires évocatrices d’un effet cytopathogène et la présentation générale des lésions tissulaires ;
- la mise en évidence des protéines des virions au sein des cellules infectées par des techniques immunohistochimiques pour le cytomégalovirus, le virus de l’hépatite B (figure 3.66), le VIH et l’EBV (figure 3.67) ;
- ou d’acides nucléiques viraux par hybridation in situ pour l’EBV (figure 3.68), le JC virus et les papillomavirus (figure 3.69).
L’examen anatomopathologique n’est qu’assez rarement réalisé à des fins diagnostiques mais principalement pour évaluer le retentissement tissulaire de l’inflammation virale à valeur pronostique (lésions intra-épithéliales du col utérin à papillomavirus oncogène) et pour la prise en charge thérapeutique (traitements antiviraux de l’hépatite C).
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Exemples d’inflammations virales
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Virus épidermotropes
Virus du groupe herpès (herpès, varicelle, zona) (figure 3.70)
Ils sont responsables de vésicules cutanées et/ou muqueuses. Les vésicules situées dans le corps muqueux de Malpighi sont la résultante de la dégénérescence ballonisante des cellules épithéliales. Ces cellules ont un cytoplasme clair et des noyaux augmentés de volume, contenant des inclusions intranucléaires. Les cellules peuvent également devenir plurinucléées.
Papillomavirus (il en existe plus de 60 types)
Ils sont responsables de lésions hyperplasiques épidermiques ou des muqueuses malpighiennes. Dans la verrue vulgaire (figure 3.71), il existe une hyperplasie épidermique avec hyperacanthose et hyperkératose. Les cellules du corps muqueux de Malpighi apparaissent volumineuses, à cytoplasmes vacuolaires, avec des noyaux foncés, pycnotiques.
Le molluscum contagiosum est une lésion épidermique cratériforme avec hyperplasie du corps muqueux de Malpighi au centre de laquelle les cellules en voie de nécrose ont un cytoplasme abondant, fortement éosinophile avec disparition progressive des noyaux (figure 3.72).
Le condylome, observé surtout au niveau de la muqueuse de l’exocol et la muqueuse ano-rectale, est caractérisé par la présence, dans la partie superficielle de l’épithélium, de cellules à noyaux hyperchromatiques, parfois doubles, entourés d’un halo clair, les koïlocytes (figure 3.73), qui par leur présence, dans les frottis du col utérin (figure 3.74), participent au diagnostic lésionnel.
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Virus mucotropes
Les virus de la grippe (influenza), de la rougeole et l’adénovirus (figure 3.75) infectent essentiellement les muqueuses respiratoires. Le virus de la rougeole détermine l’apparition de volumineuses cellules plurinucléées (figure 3.63).
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Virus adénotropes : virus de la rubéole et virus d'Epstein-Barr
Le virus d’Epstein-Barr (EBV), responsable de la mononucléose infectieuse, est associé à certaines proliférations tumorales : lymphome B, lymphome Hodgkinien et carcinomes du nasopharynx (figure 3.76).
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Virus neurotropes
Leucoencéphalopathie multifocale progressive
Elle est due à un papovavirus (virus JC). L’infection se développe chez des patients ayant le plus souvent un déficit immunitaire. Les lésions prédominent dans la substance blanche hémisphérique sous-corticale réalisant des foyers de démyélinisation au sein desquels se trouvent de volumineux astrocytes et des oligodendrocytes à noyaux volumineux contenant des inclusions virales en verre dépoli (figure 3.77), et des macrophages.
Poliomyélite antérieure aiguë
Elle est due à un entérovirus qui infecte les neurones des cornes antérieures de la moelle et des noyaux des nerfs crâniens. Les déficits neurologiques séquellaires correspondants traduisent les lésions de dégénérescence puis de nécrose neuronale.
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Rétrovirus
Deux variétés de rétrovirus pathogènes sont identifiées chez l’homme :
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Human T-cell leukemia virus (HTLV1) qui est un oncovirus impliqué dans les leucémies et lymphomes T et dans des myélopathies et neuropathies périphériques ;
- VIH qui est un lentivirus responsable du syndrome d’immunodéficience acquise. Les lésions directement induites par le VIH sont observées dans les organes lymphoïdes et le système nerveux central. Les adénopathies persistantes sont caractérisées par :
- une hyperplasie des centres germinatifs ;
- une hyperplasie immunoblastique et des phagocytes mononucléés avec possible réaction épithélioïde ;
- une plasmocytose monoclonale et une hypervascularisation auxquelles fait suite, à un stade plus avancé de la maladie, une atrophie lymphoïde.
Les lésions encéphaliques sont caractérisées par la présence de volumineux macrophages, des cellules géantes multinucléées (figure 3.78) et une réaction microgliale. L’immunomarquage avec des anticorps dirigés contre les protéines de la nucléo-capside (p24) (figure 3.79) ou dans l’enveloppe (gp41) et les techniques d’hybridation moléculaire permettent d’objectiver la présence de virus.
Virus hépatotropes
Essentiellement quatre types de virus sont responsables d’hépatite. Les virus A et C sont des virus dont le génome est constitué d’ARN. Ils sont responsables d’hépatites aiguës, sans passage à la chronicité pour le virus A, avec passage à la chronicité fréquent pour le virus C. Le virus B est un virus ADN, pourvu d’une nucléocapside (support des motifs antigéniques HBc et HBe), entourée d’une enveloppe portant le motif Hbs. Quant au virus D, c’est un virus ARN, défectif, qui a besoin de la présence du virus B pour se propager.
Les hépatites virales sont caractérisées par l’association de lésions hépatocytaires et d’une réaction inflammatoire. Au cours des hépatites virales aiguës, les altérations des hépatocytes sont des lésions dégénératives (vacuolaires et granulaires) et nécrotiques. La dégénérescence ballonnisante initiée par un trouble de la perméabilité membranaire se traduit par des cellules volumineuses à cytoplasme pâle et à noyau pycnotique. La nécrose acidophile est caractérisée par des cellules de petite taille à cytoplasme fortement éosinophile dont le noyau disparaît (corps de Councilman) (figure 3.80). Dans l’hépatite B, certains hépatocytes infectés ont un cytoplasme homogénéisé en verre dépoli (figure 3.81). Ces altérations suscitent une réaction inflammatoire cellulaire associant des polynucléaires et surtout des cellules mononucléées. Dans les hépatites virales chroniques, il existe un infiltrat cellulaire inflammatoire mononucléé des espaces portes, grignotant la lame bordante hépatocytaire. L’atteinte lobulaire est plus ou moins intense. Une fibrose à point de départ au niveau des espaces portes peut être constatée (figure 3.82). L’analyse qualitative et quantitative de ces lésions élémentaires permet d’établir un score qui guide le clinicien pour la prise en charge thérapeutique.
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