3 . 9  -  Gingivostomatite herpétique

3 . 9 . 1  -  Pour bien comprendre


Épidémiologie

La maladie herpétique est liée à 2 types d’Herpes virus simplex.

HSV1 est classiquement relié aux infections herpétiques de la partie supérieure du corps (notamment orofaciale) ; HSV2 à la partie inférieure du corps (même si cette distinction doit être nuancée).

Parmi les herpès cutanéomuqueux, seule la gingivostomatite aiguë est détaillée ici.

L’herpès néonatal est étudié dans le chapitre 1. La récurrence herpétique et l’herpès génital sont traités dans d’autres ouvrages de spécialité.

Rappels d’infectiologie

L’agent causal est un virus à ADN de la famille Herpesviridae : HSV1 ou 2. L’HSV1 est le type d’HSV le plus fréquemment responsable d’herpès oral chez l’enfant.

La primo-infection correspond au premier contact infectant muqueux ou cutané, symptomatique ou non.

La durée d’incubation après contact infectant dure 5–7 jours.

La maladie confère une immunité mais partielle, n’empêchant pas les réactivations. Les réactivations correspondent à des périodes de réplication virale, séparées par des périodes de latence, survenant soit sous la forme de récurrences cliniques, soit par excrétion virale asymptomatique.

La transmission se fait par contact direct avec un sujet excrétant du virus, par voie cutanée ou génitale (lésions) mais aussi par excrétion virale asymptomatique (salive).

La contagiosité est possible dans les différentes formes d’excrétion virale. Elle est maximale dans les premières heures de constitution des vésicules et décroît ensuite. Au décours d’une primo-infection orale, la durée de contagiosité par excrétion virale varie de 8 à 20 jours.

3 . 9 . 2  -  Diagnostic


Enquête clinique

La primo-infection à HSV1 survient le plus souvent entre les âges de 1 et 4 ans.

Environ 80 % des enfants d’âge ≥ 5 ans ont des anticorps anti-HSV1, ce qui n’évite pas les réactivations.

Cette primo-infection est le plus souvent asymptomatique. Lorsqu’elle est symptomatique, elle peut revêtir un tableau de gingivostomatite aiguë.

Tableau clinique (fig. 15.9) :

  • prodromes : fièvre élevée et dysphagie (avec risque de déshydratation) ;
  • éruption ulcéreuse et douloureuse buccogingivale diffuse :
    • description : vésicules rapidement rompues et laissant place à des ulcérations muqueuses ou des croûtes cutanées,
    • siège : langue, palais, gencives, muqueuse buccale et lèvres,
    • évolution : confluence en plaques érosives muqueuses recouvertes d’une membrane grisâtre, avant disparition ;
  • signes associés : adénopathies sous-maxillaires, hypersialorrhée, haleine fétide.

Complications rares et liées :

  • au terrain : immunodéprimé, dermatite atopique (syndrome de Kaposi-Juliusberg) ;
  • à l’association à d’atteintes viscérales : méningite, encéphalite, hépatite.

Tableau classique : éruption vésiculeuse buccogingivale avec difficultés alimentaires.

Figure 9 : Gingivostomatite herpétique

Enquête paraclinique

Le diagnostic de gingivostomatite aiguë est avant tout clinique.

La réalisation d’examens complémentaires de confirmation se justifie essentiellement dans les formes sévères (terrains à risque) ou compliquées.

Examens biologiques de confirmation possibles :

  • identification par culture virale sur un prélèvement de lésion ;
  • sérologie inutile au diagnostic lorsque les lésions cliniques sont évocatrices.

3 . 9 . 3  -  Prise en charge


Mesures thérapeutiques


Le traitement est avant tout ambulatoire et symptomatique.

Les parents doivent veiller à ce que l’enfant s’hydrate et s’alimente suffisamment.

La douleur doit être traitée également (antalgiques de palier 1 voire 2). L’adjonction d’un traitement local (muqueuses) est difficile à administrer et n’a pas d’intérêt démontré.

La surinfection cutanée locale est rare.

L’hospitalisation n’est requise qu’en cas de formes sévères ou compliquées.

Un traitement antiviral par aciclovir (Zovirax®) peut être recommandé. Son efficacité est liée à la précocité de l’administration par rapport au début des symptômes (24–48 h), pour une durée de 5 à 10 jours.

La voie IV peut être utilisée lorsque l’alimentation est impossible.

Surveillance des capacités nutritionnelles.

Mesures préventives

L’éviction scolaire n’est pas obligatoire. La fréquentation d’une collectivité à la phase aiguë de la maladie n’est cependant pas souhaitable.

Une information sur le caractère transmissible de cette infection doit être donnée aux parents, notamment en cas de contact avec un enfant ayant une dermatite atopique en poussée.

Il n’existe pas à ce jour de vaccin dirigé contre ce virus.

Après guérison de la primo-infection, peuvent survenir des récurrences dans le même territoire malgré la présence d’anticorps : bouquet de vésicules à la jonction de la peau et de la muqueuse buccale et sur le bord des lèvres ; c’est l’herpès labial récidivant.

Éviter tout contact avec un enfant atopique : risque de Kaposi-Juliusberg.

11/12