3 . 5  -  Mononucléose infectieuse (MNI)

3 . 5 . 1  -  Pour bien comprendre


Épidémiologie

La MNI est la primo-infection symptomatique par le virus d’Epstein-Barr (EBV).

Il s’agit d’une infection fréquente ; 80 % des adultes ont des anticorps IgG de type anti-VCA et anti-EBNA persistants toute la vie, traduisant une primo-infection ancienne le plus souvent asymptomatique.

L’éruption fébrile n’est qu’un signe clinique de la maladie.

L’âge classique de la description de la maladie est l’adolescence, mais elle peut être observée à tout âge, en particulier chez le nourrisson où elle se manifeste souvent par une fièvre prolongée.

La MNI est une cause de fièvre prolongée chez le nourrisson et le jeune enfant.

Rappels d’infectiologie

L’agent causal est l’herpès virus type 5 ou EBV (Epstein-Barr Virus).

La maladie confère une immunité durable. Les récurrences symptomatiques cliniques n’existent que chez l’immunodéprimé.

La transmission est interhumaine par voie salivaire (contacts rapprochés ou jouets sucés).

L’incubation est longue, durant entre 30 et 50 jours.

La contagiosité est faible et sa durée après contamination inconnue (plusieurs mois).

3 . 5 . 2  -  Diagnostic


Enquête clinique

  • Arguments anamnestiques en faveur du diagnostic :
    • absence d’antécédent de MNI ;
    • contage 30 à 50 jours avant les symptômes.
  • Symptomatologie habituelle (hors éruption) :
    • fièvre d’intensité variable ;
    • asthénie profonde ;
    • angine :
      • érythémato-pultacée ou pseudo-membraneuse (avec respect de la luette),
      • ± accompagnée d’un purpura du voile du palais, d’un œdème de luette ;
    • signes associés :
      • volumineuses adénopathies cervicales bilatérales,
      • splénomégalie (50 %).
  • Sémiologie dermatologique variable :
    • exanthème polymorphe maculopapuleux ou papulovésiculeux souvent discret ;
    • éruption fréquemment déclenchée par la prise d’ampicilline, moins fréquemment par celle d’amoxicilline (souvent prescrite comme traitement de l’angine).
  • Complications possibles (formes atypiques de la maladie) :
    • hépatiques : hépatite cytolytique le plus souvent uniquement biologique ;
    • hématologiques : anémie hémolytique et thrombopénie auto-immunes ;
    • neurologiques : méningite lymphocytaire, méningo-encéphalite, polyradiculonévrite aiguë ;
    • ORL : obstruction aiguë des voies aériennes supérieures (liée à l’hypertrophie amygdalienne) ;
    • autres : cardiologiques, pneumologiques, dermatologiques (plus rarement).

Tableau d’angine avec splénomégalie → évoquer une MNI.

Enquête paraclinique

La confirmation diagnostique nécessite la réalisation d’examens complémentaires.

  • Examens de routine pouvant avoir une valeur d’orientation :
    • NFS : syndrome mononucléosique (souvent mis en défaut chez le jeune enfant) ;
    • bilan hépatique : élévation modérée des transaminases (quasi constante).
  • Examens biologiques de confirmation possibles :
    • MNI test (test rapide d’agglutination) :
      • quasi plus pratiqué,
      • risque de faux négatifs chez le jeune enfant ;
    • sérologie EBV (recherche d’anticorps spécifiques) :
      • indiquée si MNI test (−) et forte suspicion clinique, ou surtout si forme compliquée,
      • primo-infection : IgM anti-VCA (+) et IgG anti-EBNA (−),
      • infection ancienne : IgM anti-VCA (−) et IgG anti-EBNA (+).

3 . 5 . 3  -  Prise en charge


Mesures thérapeutiques

L’hospitalisation n’est requise qu’en cas de formes compliquées.

Le traitement est essentiellement symptomatique :
- asthénie : repos au lit, reprise progressive des activités ;
- ± antipyrétiques.

Une corticothérapie est parfois discutée pour certaines complications de la maladie, telles que l’obstruction aiguë des voies aériennes supérieures (VAS), un purpura thrombopénique.

La survenue d’une éruption cutanée après administration d’une antibiothérapie telle que l’amoxicilline (souvent prescrite après un diagnostic erroné d’angine bactérienne non confirmée par TDR) ne doit pas constituer une contre-indication à sa prescription ultérieure.

Prévenir l’enfant et les parents du caractère durable de l’asthénie.

Mesures préventives

L’éviction scolaire n’est pas obligatoire.

Aucune mesure prophylactique pour d’éventuels sujets contacts n’est à envisager.

Il n’existe pas à ce jour de vaccin dirigé contre ce virus.

7/12