3 . 6  -  Scarlatine

3 . 6 . 1  -  Pour bien comprendre


Épidémiologie

Il s’agit d’une éruption liée au streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA).

Cette bactérie est quasi exclusivement responsable des angines bactériennes de l’enfant (voir chapitre 17).

Rappels d’infectiologie

Le SGA est sécréteur d’une toxine dite érythrogène. La scarlatine constitue la forme bénigne d’une infection toxinique, les formes plus sévères et parfois réanimatoires constituant le Toxic Shock Syndrome (TSS).

La bactérie est ainsi responsable le plus souvent d’angine, parfois d’atteintes cutanée, et plus rarement respiratoire ou ostéoarticulaire.

La maladie confère une immunité durable (pour un même type toxinique).

La transmission est directe en cas d’angine, par voie aérienne.

L’incubation dure 3–5 jours.

La contagiosité est possible durant la période d’invasion et dans les 48 heures suivant le début de l’antibiothérapie.

3 . 6 . 2  -  Diagnostic


Enquête clinique

Anamnèse : contage de scarlatine ou d’angine à SGA.

  • Phase d’invasion :
    • durée : 24 heures ;
    • fièvre élevée à 39–40 °C avec frissons ;
    • angine érythémateuse avec :
      • dysphagie et tuméfaction amygdalienne importantes,
      • douleurs abdominales et vomissements ;
    • signes associés : adénopathies sous-angulomaxillaires.
  • Phase éruptive :
    • début : 24 heures après la phase d’invasion ;
    • énanthème (fig. 15.4) :
      • amygdales tuméfiées et inflammatoires pendant 4–6 jours,
      • glossite : langue d’abord saburrale (enduit épais blanc), puis dépapillation (perte de l’enduit blanchâtre qui la recouvre) survenant de la périphérie vers le centre de la langue, réalisant un aspect dit de « V lingual » puis laissant un aspect rugueux dit « framboisé » à J6 (glossite exfoliatrice), puis régression en 1 semaine ;
    • exanthème (fig. 15.5) :
      • description : vastes nappes rouge vif uniformes congestives sans intervalles de peau saine, sensation de granité à la palpation,
      • siège : prédominance aux plis de flexion, puis extension en 24 heures à la partie inférieure de l’abdomen et aux extrémités (respect des paumes et plantes), au visage (respect de la région péribuccale),
      • évolution : régression dès J6, desquamation post-éruptive « en doigt de gant » des extrémités.
  • Complications possibles : rares et identiques à celles de l’angine.
Figure 4 : Scarlatine : langue framboisée
Figure 5 : Scarlatine : exanthème

Angine avec vomissements, glossite et exanthème avec granité.

Enquête paraclinique

Le diagnostic de scarlatine typique est avant tout clinique.

Le test de diagnostic rapide [TDR] du streptocoque A, avant le début de toute antibiothérapie, permet de confirmer immédiatement l’origine streptococcique de cette éruption fébrile.

L’élévation des ASLO (antistreptoloysines) est tardive (10–15 jours) et inconstante. leur dosage est inutile en phase aiguë pour le diagnostic.

Confirmation du diagnostic = TDR SGA.

3 . 6 . 3  -  Prise en charge


Mesures thérapeutiques

L’hospitalisation n’est requise qu’en cas de formes compliquées.

La prise en charge thérapeutique est identique à celle de l’angine bactérienne.

L’antibiothérapie recommandée en 1re intention est l’amoxicilline 50 mg/kg/j en 2 prises pendant 6 jours per os.

Antibiothérapie : amoxicilline 50 mg/kg/j pendant 6 jours.

Mesures préventives

L’éviction scolaire est requise jusqu’à 48 heures après le début du traitement antibiotique par amoxicilline.

La recherche du SGA dans l’entourage immédiat par prélèvement pharyngé est inutile. Son éradication est en effet difficile (réplication lente intracellulaire).

Seul le traitement antibiotique précoce de l’enfant malade permet la réduction du portage et donc celle du risque de transmission à l’entourage.

Une antibioprophylaxie orale de l’entourage ne se discute qu’en cas d’épidémie familiale ou dans une collectivité fermée ou chez les sujets ayant des facteurs de risque d’infection invasive : âge > 65 ans, varicelle évolutive, lésions cutanées étendues (dont les brûlures), toxicomanie IV, pathologie évolutive (diabète, cancer, hémopathie, VIH, insuffisance cardiaque), traitements prolongés et à doses élevées par corticoïdes.

Il n’existe pas à ce jour de vaccin dirigé contre cette bactérie.

Éviction scolaire pendant 48 heures après le début du traitement antibiotique.

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