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En 1991, les pays du Cône Sud (plus la Bolivie) ont pris la décision de mettre fin à la transmission vectorielle intradomiciliaire de la THAm en éliminant Triatoma infestans. Cette ambition était raisonnable puisque ce vecteur qui leur était commun n’avait pratiquement plus d’habitat naturel. Mais l’engagement des pays concernés fut surtout motivé par un argument économique qui n’avait pas été pris en compte jusqu’alors: la THAm finissait par coûter infiniment plus cher au plan médico-social que ne coûteraient les campagnes de lutte destinées à mettre fin à sa transmission.
En 2009, quels sont les résultats de cette initiative baptisée INCOSUR ? Incontestablement une très belle réussite, mais peut être pas aussi totale qu’on l’avait espéré. Trois pays sur 6 seulement ont été certifiés comme ayant mis fin à la transmission vectorielle : l’ Uruguay en 1997, le Chili en I999 et le Brésil –hors Amazonie légale – en 2006. L’Argentine comptent encore des régions où la transmission vectorielle perdure, notamment dans le Gran Chaco . Le Paraguay a obtenu l’interruption de la transmission vectorielle dans son département d’Amamlay en 2002 mais connaît également des problèmes pour la maîtriser dans le chaco. En Bolivie, la réduction de la transmission a fait de grands progrès, mais le programme ne couvre que la moitié du pays et de gros efforts sont encore à fournir, d’autant que la Bolivie est le pays ou la prévalence de la maladie a toujours été la plus forte. Par contre, les deux risques qui étaient inhérents à l’INCOSUR ne se sont pas concrétisés de manière significative, du moins pour le moment, sauf peut être dans le Gran Chaco : la réinvasion des maisons traitées par des insectes venus du milieu sauvage et l’apparition de résistances aux insecticides rémanents.
Deux initiatives ont été prises en I997 sur le modèle de l’INCOSUR par les pays du Pacte Andin (IPA) et les pays d’Amérique centrale (IPCA). Dans ces régions, le principal vecteur, Rhodnius prolixus, est presque toujours associé à d’autres espèces qui sont à la fois domiciliées, péridomestiques et sauvages et qui jouent un rôle de premier plan dans la transmission, comme T. dimidiata ou R. pallescens. La problématique est donc sensiblement différente de celle des pays du Cône Sud.
Dans la mesure ou les transfusions seront totalement sécurisées et ou la transmission congénitale de T. cruzi aura fini par s’éteindre d’elle-même, il ne fait guère de doute que d’ici plusieurs dizaines d’années, la THAm disparaîtra en tant que maladie parasitaire endémique emblématique de l’Amérique latine. Cette disparition toutefois ne sera complète et durable que si on a la sagesse d’associer à l’élimination ou au contrôle des vecteurs d’autres moyens de lutte, notamment l’amélioration du niveau de vie des paysans, l’amélioration de leur habitat et une éducation sanitaire intelligente qui donnera enfin à la maladie de Chagas une réalité culturelle qu’elle n’a jamais vraiment eue en milieu rural. Bien entendu, des cas sporadiques apparaîtront ça et là, notamment en Amazonie pour laquelle on a crée un observatoire spécial (AMCHA), ou lorsque l’homme pénétrera dans d’autres foyers sauvages de l’enzootie. Qu’importe ! La pérennité de ces foyers est infiniment souhaitable car leur disparition n’aurait d’autre signification que la disparition de la nature elle-même.
La disparition de la trypanosomose humaine américaine n’est complète et durable que si on a la sagesse d’associer à l’élimination ou au contrôle des vecteurs d’autres moyens de lutte, notamment l’amélioration du niveau de vie des paysans et de leur habitat, le contrôle des transfusions sanguines, une éducation sanitaire appropriée et le traitement des cas humains (notamment les enfants et les adolescents, qui tolèrent mieux les trypanocides).
En Europe actuellement, la prévention de la transmission par transfusion ou dons d’organes s’effectue par une enquête épidémiologique sur les donneurs (voyageurs ou migrants provenant d’Amérique Latine) et des tests sérologiques ciblés. La prévention de la transmission congénitale se fait par le dépistage des femmes enceintes à risques. Des dispositions spécifiques ont été prises en France ; elles concernent plus particulièrement la Guyane française.