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Otites Moyennes Aiguës
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Définition
L’otite moyenne aiguë (OMA) est une inflammation aiguë d’origine infectieuse de la muqueuse de l’oreille moyenne. La contamination infectieuse provient du rhinopharynx et des cavités nasales par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache.
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Épidémiologie
Il s’agit de l’infection la plus fréquemment rencontrée chez l’enfant, avec une incidence maximale chez le nourrisson entre 6 et 24 mois. On considère que trois enfants sur quatre ont fait au moins une otite moyenne aiguë à l’âge de 2 ans.
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Germes
Dans le cas de l’otite moyenne aiguë congestive, les virus sont responsables de plus de 90 % des infections. Dans 10 %, il s’agit d’une infection bactérienne qui va pouvoir évoluer vers une otite collectée.
Toutes les otites collectées ou perforées sont d’origine bactérienne avec deux germes prépondérants, l’Haemophilus influenzae (30 à 40% entre 6 mois et 36 mois, dont 17 % sécrètent une b-lactamase) et dans environ 40 % des cas un pneumocoque. 3,9% des souches sont résistantes à la pénicilline et 42% sont de sensibilité intermédiaires, chiffre à moduler en fonction de paramètres en particulier régionaux). Les résistances bactériennes aux antibiotiques ont diminué de façon significative pour certains pathogènes : pneumocoque résistant aux bétalactamines, Haemophilus influenzae producteurs de bétalactamases streptocoque du groupe A résistant aux macrolides. Ceci a permis de nouveau l’utilisation de l’amoxicilline dans les recommandations
À noter que s'’il s’agit des deux principaux germes bactériens des otites moyennes collectées mais que sont aussi rencontrés du staphylocoque doré, du staphylocoque epidermidis, du streptocoque pyogène du groupe A, du Moraxella (branhamella) catarrhalis ou des germes anaérobies. L’attitude thérapeutique est dictée essentiellement par l’aspect congestif ou collecté, et par la prévalence particulière de l’ Haemophilus et du pneumocoque.
La symptomatologie clinique peut orienter vers la bactérie responsable : OMA associée à une conjonctivite purulente oriente vers H. influenzae ; OMA associée à de la fièvre supérieure à 38,5 °C et des douleurs locales importantes oriente plutôt vers S. pneumoniae (tableau 1).
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Physiopathologie
La physiopathologie des otites moyennes aiguës permet de comprendre la prévalence particulière chez l’enfant et permet surtout de proposer des mesures préventives. Toute otite moyenne aiguë provient d’une infection via le rhinopharynx par l’intermédiaire de la trompe d’Eustache.
Le rhinopharynx chez l’enfant présente une charge infectieuse supérieure à celle de l’adulte. En effet, il s’agit de l’âge de la maladie d’adaptation, correspondant à la phase d’apprentissage immunitaire après la perte de la protection maternelle acquise durant la grossesse. Cette maladie d’adaptation va entraîner des infections rhinopharyngées, prolongées, répétées, elles-mêmes responsables d’une hypertrophie des végétations adénoïdes qui à leur tour jouent leur rôle de réservoir de germes et provoquent par l’intermédiaire de leur volume une stase des sécrétions nasales facilitant la pullulation microbienne et des troubles de ventilation du cavum. Ceci est facilité par un état inflammatoire local lié à la pollution, au tabagisme passif. La charge bactérienne ou virale est corrélée à la mise en collectivité (crèche, école).
La fréquence particulière des otites moyennes aiguës s’explique par la coexistence de rhinopharyngites à répétition et par une trompe d’Eustache probablement plus perméable, mais surtout plus courte et plus horizontale pour des raisons de croissance crâniofaciale, la morphologie adulte commençant à être obtenue vers l’âge de 6-7 ans. Bien sûr, toute anomalie au niveau de la trompe d’Eustache (fente palatine, trisomie 21, ou toute autre malformation locale) est un facteur facilitant les otites moyennes aiguës.
Enfin, toute otite chronique à type d’otite séromuqueuse est un facteur facilitant la répétition des otites moyennes aiguës (tableau 2).
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Diagnostic
Le tableau clinique typique est celui de l’OMA du jeune enfant.
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Signes d’appel
Au cours ou au décours d’une rhinopharyngite plus ou moins fébrile, l’attention est attirée vers l’oreille par une otalgie, plus ou moins violente, par paroxysmes (coliques de l’oreille). Quelquefois, le premier signe est une otorrhée ; l’otalgie est alors peu marquée.
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L’otoscopie affirme le diagnostic
- Au stade congestif, le tympan est rosé ou rouge vif, avec conservation des reliefs du marteau.
- Au stade suppuré :
- à tympan fermé : le tympan est rouge violacé, bombant, avec disparition des reliefs, ou d’aspect jaunâtre (otite « camouflée » par les antibiotiques) (figure 6),
- à tympan ouvert : perforation tympanique spontanée punctiforme, battante, laissant sourdre un liquide mucopurulent plus ou moins abondant.
Ne pas oublier d’examiner l’autre oreille (la bilatéralité de l’OMA est fréquente), le nez et le pharynx.
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