2  -  Otite externe aiguë et diagnostic différentiel face à une otalgie


L’otalgie, douleur de l’oreille, est un symptôme fréquent.

2 . 1  -  Notions anatomophysiologiques pour la compréhension des otalgies


La compréhension du mécanisme à l’origine d’une otalgie ne peut se faire qu’au travers de la neuro-anatomie et de la neurophysiologie. Nous ne rappelons uniquement que les aspects de l’innervation sensitive de la région auriculaire nécessaire à l’explication de l’otalgie (figure 1).

L’innervation sensitive de la région auriculaire dépend des quatre paires crâniennes que sont les nerfs trijumeau (V), facial (VII), glosso-pharyngien (IX) et pneumogastrique (X), et du plexus cervical superficiel.


Figure 1
innervation du pavillon de l’oreille permettant de comprendre le mécanisme des otalgies réflexes.
  • Au niveau du pavillon : l’innervation de la racine de l’hélix, du tragus et de la partie antérieure du lobule dépend du nerf trijumeau par sa branche auriculotemporale (V3). Celles de l’hélix, de l’anthélix et de la partie postérieure du lobule dépendent du plexus cervical superficiel par l’intermédiaire de sa branche auriculaire.
  • Au niveau de la conque et du conduit auditif externe (CAE) : la partie toute antérieure de la conque et du CAE est innervée par la branche auriculotemporale du nerf trijumeau. Le reste de la conque et de la partie initiale du CAE (zone de Ramsay-Hunt) dépend du nerf intermédiaire de Wrisberg (VII bis). Enfin, la partie profonde du conduit et le tympan dépendent du pneumogastrique.
  • Au niveau de l’oreille moyenne : la caisse du tympan est innervée par le nerf de Jacobson, branche du nerf glossopharyngien.

Chacune des paires crâniennes citées précédemment innerve les voies aérodigestives supérieures et émet un ou plusieurs filets récurrents qui rejoignent le territoire auriculaire. Ainsi, une affection quelconque intéressant un de ces nerfs en dehors de la zone auriculaire peut donner naissance à une otalgie réflexe.

L’innervation de la membrane tympanique est assurée par des nerfs formant des plexus riches et nombreux, procurant à celle-ci une très grande sensibilité :

  • Les nerfs sous cutanés (prolongent ceux du CAE) : provenant du nerf auriculo-temporal (branche du trijumeau) et du rameau sensitif du CAE que donne le nerf facial.
  • Les nerfs sous muqueux : provenant du nerf de Jacobson (branche du nerf glossopharyngien IX).

2 . 2  -  Examen d’un patient otalgique

2 . 2 . 1  -  Interrogatoire

  • Modalités d’apparition.
  • Habitudes toxiques (tabac, alcool), antécédents pathologiques (infections à répétition, pathologies broncho-pulmonaires, reflux gastro-œsophagien, allergies).
  • Caractéristiques de l’otalgie : type, intensité, rythme, durée et mode de survenue.
  • Signes auriculaires associés : surdité, sensation de plénitude auriculaire, otorrhée, otorragie, acouphène ou éruption cutanée vésiculeuse au niveau de la conque.
  • Signes ORL autres : rougeur de la face ou de l’œil, rhinorrhée, dysphagie, dysphonie, glossodynie, obstruction nasale, douleur à l’ouverture de la bouche, douleur dentaire ou douleur d’origine cervicale.
  • Signes généraux : fièvre, asthénie, amaigrissement.

2 . 2 . 2  -  Examen cervicofacial


L’examen clinique doit être complet et bilatéral, même en cas d’otalgie unilatérale.

L’examen clinique doit suivre un ordre chronologique bien précis :

  • examen de la région auriculaire : pavillon, conduit auditif externe, tympan. L’otoscopie doit être particulièrement soigneuse et complétée au besoin par un examen au microscope (figures 2 et 3). Une acoumétrie recherche l’existence d’une surdité associée à l’otalgie ;
  • puis examen de la région péri-auriculaire : parotide, articulation temporomandibulaire, région mastoïdienne et sous-digastrique ;
  • examen neurologique cervicofacial : examen des paires crâniennes ;
  • et enfin, examen de la bouche, de la denture, du nez, du cavum et du pharyngolarynx.
Figure 2
Tympan gauche normal
Figure 3
(1) pars tensa ; (2) : triangle lumineux ; (3) : malleus (manche)

2 . 2 . 3  -  Examens complémentaires


Lorsque l’ensemble de l’examen clinique est négatif :

  • endoscopie rhinopharyngolaryngée ;
  • radiographies des sinus, de la colonne cervicale ;
  • orthopantomographie.
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