Superviser, réguler, guider, étayer : différentes appellations selon les auteurs
Dans la littérature, la supervision de la pratique revêt différentes appellations, par exemple : la supervision active (Desbiens, 2000 ; Desbiens et al., 2006[1] ; Nault, 1998[2] ; Van Der Mars, Darst, Vogler & Cusimano, 1995[3] ; Siedentop, 1994[4]) ; la supervision pédagogique ( Desbiens, Borges & Spallanzani, 2009[5]) ; teacher monitoring ( Patterson & Hans Van Der Mars, 1995[6] ; l'étayage ( Crahay, 1999[7]) ; l'observation et la régulation ( Amade-Escot, 1997[8], 2003[9], 2007[10]) ; la régulation didactique des interactions ( Boudard & Robin, 2011[11]) ; les rétroactions ou feedbacks ( Piéron, 1992[12] ; Siedentop, 1994[4]).
Pour Nault (1998)[2], la supervision active est un terme qui désigne l'habileté, pour un enseignant, à être attentif aux comportements des élèves durant les activités de la classe et à décoder leur signification. Cette habileté lui permet d'ajuster son enseignement en conséquence, de procéder à des interventions collectives et individuelles auprès des élèves pour les corriger et les aider à apprendre, les ramener à l'ordre, prévenir l'apparition de comportements inappropriés, et aussi réduire le recours aux réprimandes.
Superviser correctement une classe au travail suppose au moins trois choses pour l'enseignant :
(a) avoir une vigilance aux évènements ou withitness ( Kounin, 1970[13]) c'est-à-dire percevoir rapidement différents comportements individuels ou collectifs des élèves et savoir les interpréter au niveau de la motricité, de la motivation, de l'attention, de l'implication ;
(b) surveiller plusieurs choses en même temps ou overlapping ( Kounin, 1970[13]) c'est-à-dire gérer plus d'une activité à la fois. Par exemple : l'enseignant intervient individuellement auprès d'un élève pour lui donner des corrections techniques et le guider, tout en restant attentif à l'ensemble de la classe ;
(c) être mobile pour montrer sa présence auprès des élèves. Il est montré que la mobilité de l'enseignant influence le comportement des élèves : sa proximité physique diminuait les comportements perturbateurs dans la classe et augmente le degré d'implication des élèves en éducation physique ( Hastie et Saunders, 1990[14]).
(d) utiliser le langage corporel pour superviser. Pour attirer l'attention des élèves et superviser leur pratique, l'enseignant peut recourir à l'expression verbale, au silence, au bruit (coup de sifflet, claquements de doigts, etc.) et au langage corporel. Ce dernier joue un rôle important car il conduit à une économie de temps et d'énergie ; et il permet aussi d'intervenir à distance ou d'attirer l'attention de certains élèves sans déranger les autres ( Trottier, 2012[15][2]). Nault (1998)[2] souligne notamment l'importance du sourire, du contact visuel et du toucher pour superviser et guider la pratique des élèves.