Former à l'intervention en EPS

Différentes configurations pour l'explication des consignes

En EPS, les élèves n'occupent pas l'espace de la même façon que dans les autres matières. En cours de Français, de Mathématiques, d'Histoire, etc, les élèves sont assis et immobilisés à une place bien précise qui est fonction de la disposition des tables dans la classe. En EPS, les élèves se déplacent, circulent ; ils sont constamment en mouvement sauf quand l'enseignant les invite à s'immobiliser lors des temps d'explication des consignes.

Lorsqu'on observe des enseignants d'EPS chevronnés, ce qui frappant est leur façon de regrouper les élèves pour leur transmettre les consignes de travail. On peut repérer au moins quatre formes typiques d'organisation spatiale des élèves pour transmettre les consignes.

• Distribution des consignes à la classe entière : Regroupement des élèves en « face à face »

Configuration en "face à face"

Dans cette configuration, l'enseignant instaure un « face-à-face » avec les élèves : il les regroupe devant lui, immobiles, en veillant à ne laisser aucun élève dans son dos. Le plus souvent, il leur demande de se rapprocher pour mieux capter leur attention. Il délimite les espaces en séparant nettement le sien de celui des élèves. Il s'adresse à l'ensemble de la classe en adoptant le plus souvent un ton solennel et ferme pour communiquer les consignes de travail. Son attention est centrée sur les élèves : leur silence, la forme de leur regroupement, leur orientation par rapport à lui, leur immobilité. Il contrôle et recadre les élèves dans l'espace pour rétablir le face-à-face, par exemple, quand les élèves bougent, s'écartent, discutent ou passent dans son dos. Pour lui, le face-à-face est un moyen d'obtenir ou de récupérer leur attention.

Dans ces moments d'explication des consignes, l'enseignant installe une certaine autorité : adopte un ton solennel et ferme pour leur montrer l'importance de son propos (par exemple, s'il explique un nouveau dispositif d'organisation ou bien des règles de sécurité). Par son intonation et sa posture, il montre qu'il exige l'écoute et la concentration, et il s'assure en continu que tous écoutent et qu'ils ont bien compris les explications.

De leur côté, les élèves sont placés dans une sorte d'exigence d'obéissance : être immobiles, regarder l'enseignant ; se taire, écouter et comprendre les consignes ; intégrer et mémoriser le contenu des explications avant de se mettre au travail ; ne pas interagir avec ses copains ; ne pas interrompre l'enseignant. Les élèves ont peu la parole aux élèves, sauf quand l'enseignant les questionnent pour vérifier qu'ils écoutent et comprennent.

• Distribution des consignes à la classe entière : Regroupement des élèves « autour » de l'enseignant

Configuration "autour"

Dans cette configuration, l'enseignant a un rôle d'autorité moins marqué que dans la configuration en face-à-face : par exemple, quand il veut faire démontrer un exercice sur un atelier en gymnastique, ou pour donner quelques consignes rapides. Il montre une proximité avec les élèves : il les invite à se rapprocher de lui sans contraindre leur positionnement spatial, et laisse les élèves l'entourer pour former une grappe ou un cercle autour de lui.

Il adopte un ton moins solennel mais beaucoup plus convivial avec les élèves, ce qui favorise le dialogue plutôt que le monologue. Il peut utiliser aussi un ton d'humour, plaisanter, pour dédramatiser la situation, inviter les élèves à parler spontanément, voir faire discuter les élèves entre eux.

• Distribution des consignes à la classe entière : élèves dispersés dans l'espace

Configuration d'explication aux « élèves dispersés »

L'enseignant intervient selon cette configuration quand il souhaite introduire rapidement de nouvelles consignes sans interrompre trop longtemps l'activité des élèves pendant qu'ils pratiquent. En général, il hausse la voix pour demander à l'ensemble des élèves d'arrêter ce qu'ils font et de rester sur place, donne une explication rapide et relancent les élèves dans l'activité. Son intention est de ne pas casser le rythme de travail mais d'apporter des régulations pour tout le monde, dans le feu de l'action, quand cela est nécessaire.

On repère cette façon d'intervenir très souvent dans les sports collectifs quand l'enseignant fait « un arrêt sur image » : ils stoppent les élèves dans leur mouvement, en leur demander de ne pas bouger ; et il exploite cette immobilité des élèves pour les faire se regarder entre eux et faire prendre conscience de leur positionnement spatial les uns par rapport aux autres, par rapport à la cible ou au porteur de balle.

• Distribution des consignes à la classe entière, avec démonstration

Lors des moments d'explication collective des consignes, l'enseignant recourt souvent à la démonstration, qu'il fait réaliser par les élèves le plus généralement ou qu'il réalise parfois lui-même. La démonstration facilite la compréhension des consignes et permet de mieux visualiser le travail à faire... mais elle peut aussi faciliter les apprentissages moteurs ultérieurs, des formes d'acquisition seraient possibles "sans action effective mais non sans activité. En effet, l'acquisition repose sur l'élaboration des représentations, donc d'une activité intériorisée." ( Winnykamen, 1991, p.8[1]).

EPS INTERROGE FAYDA WINNYKAMEN

De plus, pour Piéron (1992)[2] « fournir un modèle visuel, par démonstration ou tout autre moyen plus élaboré, devient un excellent moyen d'enseignement et de facilitation de l'apprentissage. On gardera à l'esprit qu'il existe dans l'évolution de l'enfant et de l'adolescent des périodes où l'apprentissage par imitation est particulièrement efficace »

  1. Winnykamen, F. (1991). EPS interroge Fayda Winykamen. EPS, 232, 7-12
  2. Piéron, M. (1992). Pédagogie des activités physiques et du sport. Paris : Revue E.P.S.
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