Une prévention du paludisme est envisageable à l’échelle individuelle. Pour être efficace, cette prévention doit associer une protection contre les piqûres de moustiques et une chimioprophylaxie médicamenteuse. Il ne faut cependant pas oublier qu’aucune protection n’est fiable à 100 %.
a. Lutte contre les piqûres de moustiques
À partir du coucher du soleil, c’est la première ligne de défense vis-à-vis du paludisme :
b. Chimioprophylaxie médicamenteuse
Sauf cas particuliers (femmes enceintes), la chimioprophylaxie n’est plus utilisée actuellement pour les populations autochtones des zones d’endémie et y vivant en permanence. En revanche, elle doit être envisagée de manière systématique pour tout sujet non immun se rendant en zone impaludée.
Il n’existe pas de schéma prophylactique idéal. Le choix de la chimioprophylaxie doit être discuté et adapté à chaque voyageur. Il dépend de la zone visitée (intensité de transmission et niveau de résistance aux antipaludiques), de la saison et du sujet concerné (âge, femme enceinte, mode de vie, antécédents médicaux, etc.).
En France, les zones impaludées sont classées en trois groupes en fonction des données épidémiologiques fournies par le Centre national de référence du paludisme permettant d’adapter la prophylaxie à la zone géographique.
Groupe 1 : Zone sans chloroquinorésistance. – Ce groupe concerne essentiellement les pays d’Amérique centrale, Haïti et la République dominicaine.
Groupe 2 : Zone de chloroquinorésistance isolée. – Inde en partie et Sri Lanka.
Groupe 3 : Zone de prévalence élevée de chloroquinorésistance et de multirésistance. – Le nombre de pays classés dans ce groupe augmente constamment. On y trouve maintenant tous les pays d’Afrique subsaharienne. Ce groupe comprend aussi tout le bassin amazonien et les zones dites de multirésistance d’Asie du Sud-Est (en particulier les régions frontalières entre la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, le Myanmar et le Vietnam). On y trouve également désormais Madagascar.
Des recommandations officielles sont publiées et réactualisées chaque année dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. Elles doivent servir de référence pour la prescription d’une chimioprophylaxie individuelle (http://www.invs.sante.fr/beh).
Adulte | Femme enceinte | Enfant | |
Groupe 1 | Chloroquine 100 mg par jour (Nivaquine 1 cp/jour) Séjour + 4 semaines après | Chloroquine 1,5 mg/kg/jour (Nivaquine susp. buvable) Séjour + 4 semaines après | |
Groupes 2 | Chloroquine 100 mg/jour + proguanil 200 mg/jour (Nivaquine 1 cp/jour + Paludrine 2 cp/jour ou Savarine 1 cp/jour) Séjour + 4 semaines après | Chloroquine + proguanil (Nivaquine 1,5 mg/kg/jour + Paludrine 3 mg/kg/jour) Séjour + 4 semaines après | |
Groupes 2 et 3 | Atovaquone 250 mg + proguanil 100 mg (Malarone 1 cp/jour) Séjour + 1 semaine après | >5 et < 7kg : 1/2cp/jour (hors AMM) ≥7 et < 11 kg : 3/4 cp/jour (hors AMM) ≥ 11 kg et < 40 kg : Atovaquone 62,5 mg + proguanil 25 mg (Malarone enfant 1 cp/10 kg/j) Séjour + 1 semaine après |
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Groupes 3 | Méfloquine 250 mg (Lariam 1 cp. par semaine) 10 jours avant + séjour + 3 semaines après | Si > 15 kg : méfloquine 250 mg (Lariam 5 mg/kg par semaine, cp. sécables) 10 jours avant + séjour + 3 semaines après |
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Doxycycline 100 mg (monohydrate de doxycycline) Séjour + 4 semaines après | Déconseillée | Si > 8 ans : doxycycline 100 mg (monohydrate de doxycycline) Si < 40 kg : doxycycline 50 mg/jour Séjour + 4 semaines après |
La prévention collective du paludisme est difficile et, jusqu’à présent, les programmes d’éradication du paludisme à l’échelle mondiale avaient échoué. Le rapport 2011 de l’OMS sur la situation du paludisme dans le monde laisse espérer un début de contrôle. La lutte antipaludique repose actuellement sur plusieurs axes :
Il est difficile d’éradiquer le paludisme dans certaines régions où la transmission est très intense, mais on constate cependant que tous les pays qui ont réussi à élever leur niveau de vie ont fait reculer la maladie. La lutte contre le paludisme passe donc aussi par une lutte contre la pauvreté à l’échelle mondiale.