3 . 2  -  Diagnostic étiologique et traitement

3 . 2 . 1  -  Otospongiose


C’est une ostéodystrophie de la capsule labyrinthique, d’origine multifactorielle (génétique, hormonale, virale…). Huit pour cent des sujets de race blanche en sont histologiquement atteints. Elle se manifeste cliniquement chez 1 sujet/1 000.
Elle entraîne dans sa forme typique une ankylose de l’étrier dans la fenêtre ovale et une surdité de transmission évolutive, bilatérale dans les 3/4 des cas.
L’otospongiose doit être évoquée d’emblée devant toute surdité de transmission de l’adulte jeune, de sexe féminin (deux femmes pour un homme), survenue sans passé otologique, à tympan normal.
Des antécédents familiaux de surdité sont retrouvés dans la moitié des cas.
La surdité subit chez la femme des poussées évolutives lors des épisodes de la vie génitale (puberté, grossesse, allaitement, ménopause).
L’audiométrie retrouve une surdité de transmission pure, puis mixte (figure 12).

Figure 12 : Audiométrie tonale chez une patiente atteinte d’une otospongiose de l’oreille gauche.

Le tympanogramme est normal. Le réflexe stapédien est aboli.

La TDM permet de visualiser les foyers otospongieux de la capsule otique sous forme d’hypodensité osseuse, ou bien un épaississement platinaire. Un scanner normal n’élimine pas une otospongiose.

Figure 13 : L’otospongiose peut s’accompagner de lésions de déminéralisation péricochléaires se manifestant par une hypodensité au scanner.

Cette surdité est évolutive, aboutissant à plus ou moins long terme à une surdité qui peut être sévère, rarement profonde.
Le traitement est avant tout chirurgical : ablation de l’étrier (stapédectomie) ou trou central de la platine (stapédotomie) et rétablissement de la continuité de la chaîne ossiculaire par un matériel prothétique. La prothèse stapédienne transmet les vibrations entre l’enclume et l’oreille interne, en court-circuitant l’ankylose stapédienne. Les résultats sont excellents : 95 % de restitution de l’audition.
En cas de contre-indication opératoire (rare), l’appareillage par prothèse auditive donne d’excellents résultats. Il n’empêche cependant pas la surdité d’évoluer.

3 . 2 . 2  -  Séquelles d’otites


Étiologie de fréquence non négligeable. Les otites moyennes aiguës à répétition, les otites moyennes chroniques aboutissant à des séquelles entraînent une altération du fonctionnement du système tympano-ossiculaire :

  • perforation tympanique, tympan flaccide ou accolé au fond de caisse (atélectasie) ;
  • lyse ossiculaire avec interruption de chaîne. Blocage ossiculaire cicatriciel (tympanosclérose) ;
  • dysperméabilité de la trompe d’Eustache, entravant l’aération de la caisse.

Ces altérations, isolées ou associées, entraînent une surdité de transmission légère ou moyenne qui constitue souvent la seule séquelle de la maladie.
Un grand nombre de ces atteintes est accessible à un traitement chirurgical.
Cette surdité est en général fixée, quelquefois évolutive (labyrinthisation par atteinte progressive de l’oreille interne).
Elle est souvent chirurgicalement curable par tympanoplastie, en restaurant un système tympano-ossiculaire fonctionnel. Les résultats sont moins bons que dans l’otospongiose (50 à 70 % de réhabilitation fonctionnelle socialement correcte).
La prothèse auditive assure en cas d’échec chirurgical une aide efficace.

3 . 2 . 3  -  Aplasie d’oreille


Malformations congénitales de l’oreille externe et/ou moyenne d’origine génétique, ou acquise (embryopathies rubéolique ou toxique). Elles sont le plus souvent isolées, uni- ou bilatérales. Elles entrent quelquefois dans le cadre d’un syndrome malformatif plus complexe de la première fente branchiale (par exemple, syndrome du premier arc : syndrome otomandibulaire).
Le diagnostic est simple à la naissance en cas d’aplasie majeure (malformation du pavillon, absence de conduit auditif externe) (figures 14 et 15). Il peut être très difficile lors d’une aplasie mineure unilatérale où la malformation n’intéresse que la chaîne ossiculaire, il est alors de découverte souvent fortuite.

Figure 14 : Une microtie (petite oreille) associée à une surdité de transmission doit faire évoquer le diagnostic d’aplasie mineure d’oreille
Figure 15 : Patient présentant une aplasie majeure d’oreille. Le conduit auditif est absent ce qui entraine une surdité de transmission du coté atteint.

Si la surdité est bilatérale, elle est révélée par des signes indirects chez le jeune enfant (cf. surdité de l’enfant).
C’est une surdité de transmission pure (l’oreille interne est généralement normale, puisque d’origine embryologique différente) ; elle est fixée, non évolutive.
Elle est curable chirurgicalement. C’est une chirurgie difficile, spécialisée. L’indication opératoire :

  • est discutable dans les formes unilatérales, car elles n’entraînent peu ou pas de retentissement fonctionnel ;
  • ne peut être posée avant l’âge de 7 ans et après bilan scanographique.

En attendant, dans les formes bilatérales, une prothèse auditive à conduction osseuse doit être mise en place pour permettre un développement socio-scolaire normal. Elle est très efficace.
L’aplasie du pavillon nécessite un geste chirurgical de reconstruction vers l’âge de 8 ans.

3 . 2 . 4  -  Bouchon de cérumen


De diagnostic facile à l’examen, il se manifeste par une surdité de transmission volontiers apparue après un bain. Le traitement est aussi simple qu’efficace : extraction par lavage (si le tympan est fermé) ou aspiration.

3 . 2 . 5  -  Surdités traumatiques


Les fractures du rocher atteignant l’oreille moyenne entraînent une surdité de transmission :

  • réversible en cas de simple hémotympan ;
  • permanente par atteinte du système tympano-ossiculaire : perforation tympanique, fracture, luxation ossiculaire. La réparation fait appel alors aux techniques de tympanoplastie à distance du traumatisme ;
  • les traumatismes externes par pénétration d’un agent vulnérant par le CAE sont plus rares. Les lésions et leur traitement sont les mêmes que ceux des fractures du rocher ;
  • les barotraumatismes de l’oreille moyenne, dus à des variations brusques et importantes de pression (plongée sous-marine, aviation, blast…), sont favorisés par un dysfonctionnement tubaire (rhume, obstruction nasale chronique…). La dépression relative au niveau de la caisse du tympan provoque une exsudation séreuse (otite séreuse), voire une hémorragie (hémotympan) ou une rupture tympanique ; elles peuvent s’accompagner d’un barotraumatisme de l’oreille interne.

3 . 2 . 6  -  Surdités d’origine infectieuse


Elles ont été vues lors de l’étude des otites moyennes aiguës (OMA) et chroniques.
Rappelons que la surdité de transmission :

  • est contingente dans l’OMA et guérit le plus souvent avec elle ;
  • constitue le signe majeur de l’otite séromuqueuse à tympan fermé ; l’ otite séromuqueuse est la cause la plus fréquente de surdité de transmission de l’enfant ; l’aérateur transtympanique est efficace ;
  • peut être le premier et le seul signe d’un cholestéatome de l’oreille moyenne.

3 . 2 . 7  -  Surdités d’origine tumorale


Elles sont très rares :

  • tumeur du glomus tympano-jugulaire ;
  • carcinomes du CAE et de l’oreille moyenne.

La surdité peut être révélatrice. Le problème thérapeutique est celui de l’affection causale.

4/10