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Les dosages hormonaux
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L'hormone gonadotrophine chorionique (hCG)
L'hormone gonadotrophine chorioniqueDéfinitionHormone Gonadotrophine Chorionique ou hormone Chorionique Gonadotrope (hCG) : Hormone glycoprotéique produite dès le début de la grossesse, fabriquée par l'embryon peu de temps après la conception et plus tard par le trophoblaste (partie du placenta). (hCG) est sécrétée par les cellules de LanghansDéfinitionCellule de Langhans : Cellule géante dont les noyaux sont disposés en fer à cheval à la périphérie du cytoplasme. du cytotrophoblasteDéfinitionCytotrophoblaste ou couche de Langhans : Germe, qui a un rapport avec le développement embryonnaire. Le trophoblaste de l'embryon humain, au 7e jour, va donner le syncytiotrophoblaste et le cytotrophoblaste, qui est formé par les cellules accolées au pôle embryonnaire du blastocyste. Il est constitué de cellules individualisées mononucléées. et l'évolution des taux de cette hormone est parallèle à celle du cytotrophoblaste. On assiste donc à une ascension rapide des taux à partir du dixième jour de la grossesse, les dix premiers jours correspondant à une phase de « silence hormonal ». Les taux sont à leur maximum vers la douzième semaine d'aménorrhée puis ils diminuent progressivement jusqu'à être ininterprétables à partir du quatrième mois. L'hCG a pour rôle de maintenir l'activité du corps jaune gravidique jusqu'à ce que le placenta (voir placenta) prenne le relais des sécrétions stéroïdiennes.
L'hCG peut être dosée d'une façon qualitative ou quantitative.
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Le dosage qualitatif
Le dosage qualitatif dans les urines correspond à la classique réaction de grossesse qui fait appel à la méthode immunologique de Wide et Gemzell. Celle-ci permet d'obtenir un diagnostic de la grossesse à partir de 10 à 15 jours de retard de règles. En fait, cette réaction apprécie la présence de l'ensemble hCG et LH hypophysaire en raison de la parenté de structure existant entre ces hormones.
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Le dosage quantitatif
- Il peut être réalisé dans les urines ; le taux d'hCG totale est généralement exprimé en Unités Internationales (ancien dosage des prolans). Il est également possible de doser quantitativement la sous-unité de l'hCG dans les urines.
- En fait le dosage quantitatif le plus utilisé parce que le plus sensible et le plus spécifique est le dosage plasmatique de hCG qui permet d'obtenir le diagnostic biologique de certitude de la grossesse très tôt, avant même le retard des règles.
Soulignons qu'un taux plasmatique de hCG inférieur à 10 g/ml permet d'affirmer l'absence de grossesse, ce qui en fait un examen précieux lorsqu'on évoque la possibilité de grossesse extra-utérine. On dose la sous-unité β et non la sous-unité α, ou l'hCG totale car seule cette partie de la molécule d'hCG est spécifique, la sous-unité α existe aussi dans la LH notamment, ce qui peut donner des faux positifs du dosage.
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Les autres dosages hormonaux
La pratique des dosages hormonaux a constitué un grand progrès dans la connaissance de la pathologie gynécologique, puisqu'ils permettent d'étudier la fonction ovarienne et la fonction hypothalamo-hypophysaire. Mais pour que ces dosages aient une certaine valeur, il faut plusieurs conditions :
- ces dosages doivent porter sur des prélèvements sanguins, les dosages plasmatiques ayant, malgré leurs imperfections, largement supplantés les dosages urinaires,
- ces dosages doivent être pratiqués par un laboratoire très spécialisé ayant fait la preuve de la validité des résultats qu'il rend,
- ces dosages doivent être très souvent répétés : en effet, ils constituent un instantané de l'état hormonal à un moment donné du cycle. Or l'état hormonal de la femme est éminemment changeant d'un jour à l'autre… Se fonder sur un seul dosage statique pour apprécier l'état hormonal expose à de lourdes erreurs,
- enfin, ces dosages doivent être lus par un gynécologue averti qui les appréciera en fonction de la clinique, en particulier en fonction de leur date dans le cycle, donnée par la courbe thermique et les dates des règles précédentes et suivantes.
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La fonction ovarienne
L'ovaire sécrète trois types d'hormones stéroïdiennes : des œstrogènes, de la progestérone et des androgènesDéfinitionAndrogène : Tout composé naturel ou synthétique, généralement une hormone stéroïde, qui stimule ou contrôle le développement et le maintien des caractères masculins chez les vertébrés en se liant aux récepteurs androgènes. Cela englobe aussi l'activité des organes sexuels mâles secondaires et le développement des caractères sexuels secondaires. Les androgènes, qui ont été découverts en 1936, sont également appelés « hormones androgènes ». Les androgènes sont aussi les stéroïdes anabolisants d'origine. Ils sont aussi les précurseurs de tous les œstrogènes, les hormones sexuelles femelles. Le principal androgène, qui est aussi le plus connu est la « testostérone »..
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L'exploration de la fonction œstrogénique
Elle fait appel au dosage radio-immunologique du 17-estradiol plasmatique qui est le principal œstrogène produit par l'ovaire. Le prélèvement sera volontiers effectué vers le 12e jour d'un cycle normal. En fait, les indications de ce dosage sont rares en pratique courante et l'appréciation de l'imprégnation œstrogénique de l'organisme peut bien souvent se faire avantageusement par l'étude de la glaire cervicale ou par le test à la progestérone. Si l'arrêt du traitement est suivi d'une menstruation, on peut affirmer l'intégrité du récepteur utérin et conclure à l'existence d'un certain niveau d'imprégnation œstrogénique de l'organisme.
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La fonction progestative
Elle reste très difficile à explorer avec précision. En pratique, l'établissement de la courbe ménothermique suffit bien souvent à apprécier qualitativement la sécrétion progestéronique grâce à l'existence d'un plateau thermique qui dure normalement douze à quatorze jours (effet hyperthermiant de la progestérone). Cependant, une courbe normale n'exclut pas la possibilité d'une insuffisance lutéaleDéfinitionInsuffisance en deuxième partie du cycle après l'ovulation d'hormone lutéale, c'est-à-dire en progestérone. L'insuffisance en progestérone peut avoir deux origines principales : une absence de formation du corps jaune par absence d'ovulation, ou une mauvaise qualité du corps jaune qui ne sécrète pas suffisamment d'hormone. Le traitement consiste à donner un substitutif. En cas de désir de grossesse et d'absence d'ovulation, un traitement par stimulation ovarienne est nécessaire.. Il est alors parfois nécessaire, pour la mettre en évidence, de recourir au dosage de la progestérone plasmatique et à la condition de réaliser trois prélèvements par exemple aux 5e, 6e, 7e et 9e jours du plateau thermique.
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L'exploration de la fonction androgénique
Elle fait actuellement appel à quatre principaux dosages :
- la testostérone plasmatique a une valeur d'orientation capitale bien que d'origine mixte, ovarienne et surrénalienne. Devant un hirsutismeDéfinitionApparition d'une pilosité de type masculine dans des zones habituellement glabres chez la femme (visage, cou, thorax, ligne blanche, régions fessières et intergénitocrurales). Les poils du corps poussent selon un modèle masculin (poils androgéniques). L'hirsutisme est un symptôme plutôt qu'une maladie mais peut être le signe d'une indication médicale plus sérieuse, surtout s'il se développe bien après la puberté., un taux de testostérone normal avec des cycles menstruels réguliers et ovulatoires est en faveur d'un hirsutisme idiopathique. Un taux légèrement élevé associé à des troubles du cycle est en faveur d'une dystrophie ovarienne. Un taux franchement élevé doit faire évoquer une tumeur ovarienne ou surrénalienne, une hyperthécose ovarienneDéfinitionAffection rare, habituellement considérée comme une forme majeure du syndrome des ovaires micropolykystiques. Elle peut cependant s'observer à la ménopause et constitue alors à cette période la cause la plus fréquente d'hirsutisme majeur et de virilisation. Elle se manifeste par une hyperandrogénie plus sévère que celle habituellement observée dans le syndrome des ovaires micropolykystiques, soit le plus souvent un syndrome de virilisation. Les taux de testostérone orientent initialement vers une tumeur ovarienne, mais le phénotype métabolique fréquemment associé (obésité, acanthosis nigricans, diabète), permet d'évoquer l'hyperthécose. Les ovaires sont volumineux pour le statut ménopausique. On observe à l'examen histologique une hyperplasie bilatérale du stroma ovarien et de manière caractéristique la présence d'îlots disséminés de cellules thécales lutéinisées. La physiopathologie reste mal élucidée. ou un bloc enzymatique surrénalienDéfinitionAffection relativement rare (une personne pour 5000) due à une insuffisance de fonctionnement d'une enzyme (de type 21-hydroxylase) appartenant à la glande corticosurrénale et d'origine héréditaire. ;
- le dosage de la 4-androsténédione plasmatique permet d'affirmer le diagnostic. Bien qu'elle soit elle aussi d'origine mixte, une élévation de la 4-androsténédione est plutôt en faveur d'une hyperandrogénie ovarienne car la voie 4 est la voie métabolique essentielle au niveau ovarien. Cette hormone est modérément augmentée dans les dystrophies ovariennes. Elle est encore plus franchement élevée dans les hyperandrogénies tumorales ;
- le dosage plasmatique du sulfate de déhydroépiandrostéroneDéfinitionSulfate de DéHydroÉpiAndrostérone (SDHEA) : Précurseur androgénique produit dans les deux sexes par les surrénales. C'est le stéroïde dont la concentration plasmatique est la plus élevée mais dont le rôle reste mal connu. remplace avantageusement celui des 17-cétostéroïdes urinaires. Son élévation correspond à une hyperandrogénie surrénalienne ;
- le dosage urinaire du 3-androstanediol qui est le métabolite de la dihydrotestérone est un excellent critère d'appréciation de la consommation périphérique des androgènes : constamment élevée dans tous les types d'hirsutisme ovarien et surtout dans l'hirsutisme idiopathique où elle témoigne de la consommation périphérique exagérée alors que les androgènes plasmatiques y sont subnormaux.
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La fonction hypothalamo-hypophysaire
L'exploration de la fonction gonadotrope repose sur les dosages plasmatiques de FSH et de LH. Ils ont supplanté les anciens dosages des gonatrophines urinaires. Le taux de FSH est élevé dans les aménorrhées d'origine ovarienne comme par exemple en période post-ménopausique. Le taux de LH est plus particulièrement intéressant dans le cadre des dystrophies ovariennes. L'épreuve dynamique au LH-RH est d'un certain secours dans le diagnostic des dystrophies ovariennes et des retards pubertaires.
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Le dosage radio-immunologique de la prolactine plasmatique
Ce dosage a pris une importance capitale dans l'exploration des aménorrhées et des dysovulationsDéfinitionDysovulation : Ovulation irrégulière.. Une hyperprolactinémieDéfinitionSituation où le taux sanguin de prolactine (hormone de la lactation sécrétée par l'hypophyse) est excessif : plus de 25 µg/ml chez la femme ; plus de 17 µg/ml chez l'homme. franche devra faire éliminer avant tout un adénome hypophysaire à prolactine par des radiographies de la selle turciqueDéfinitionSelle turcique ou fosse pituitaire ou fosse sphénoïdale : Gouttière transversale creusée dans la partie postérieure de la face crâniale de l'os sphénoïde. Elle contient l'hypophyse. avec tomographiesDéfinitionTomographie : Technique d'imagerie, permettant de reconstruire le volume d'un objet à partir d'une série de mesures effectuées par tranche depuis l'extérieur de cet objet. et surtout un examen au scanner. À l'inverse, certaines hyperprolactinémies discrètes sont parfois très difficiles à mettre en évidence en raison de la pulsatilité sécrétoire de cette hormone. Dans ces cas, un test de stimulation à la TRH peut présenter un intérêt.
Tels sont les principaux dosages hormonaux mis à la disposition du gynécologue, particulièrement précieux dans l'étude étiologique d'une aménorrhée, d'une stérilité ou d'un dysfonctionnement ovarien. Il importe cependant de souligner la trop grande fréquence des dosages hormonaux abusifs, venant masquer l'insuffisance de l'examen clinique qui permet à un médecin compétent de faire le diagnostic sans avoir recours aux laboratoires. Ces dosages sont d'une utilité certaine, mais ils ne doivent pas constituer les « cache-misères » de l'insuffisance de l'examen clinique.
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