7  -  Les examens endoscopiques

Les examens endoscopiques ont connu en gynécologie le même essor que dans les autres spécialités ; ceci essentiellement grâce aux développements technologiques qui permettent l'exploration de toutes les cavités de l'organisme à l'aide d'endoscopes souples ou rigides, couplés à des caméras et des moniteurs de télévision, rendant la visualisation et le travail bien plus facile pour l'opérateur.

7 . 1  -  La vulvoscopie

C'est la visualisation de la région vulvaire à l'aide d'une loupe binoculaire grossissante. Ceci permet de mieux repérer les lésions de petites tailles et d'orienter de manière optimale les éventuelles biopsies. Cet examen reste cependant peu employé en pratique quotidienne.

7 . 2  -  La colposcopie

7 . 2 . 1  -  Définition

C'est l'étude de la muqueuse cervicale grâce à une loupe binoculaire grossissant 10 fois.

7 . 2 . 2  -  Technique

L'examen ne nécessite aucune anesthésie, le col doit être nettoyé avant l'examen. Une imprégnation d'acide acétique permet de repérer les zones acidophiles suspectes. Une imprégnation de Lugol permet ensuite de localiser les lésions à biopsier. Il existe tout une séméiologie colposcopique décrite qui permet à un opérateur entraîné de présumer avec une bonne corrélation des résultats histologiques.

7 . 2 . 3  -  Indications

Son intérêt essentiel est le repérage des zones suspectes permettant de guider la biopsie. Examen sans danger, mais nécessitant une grande habitude, la colposcopie a une grande importance dans le dépistage et le diagnostic précoces des cancers du col. Pour être utile la colposcopie doit permettre de bien visualiser la zone de jonction squamo-cylindrique ; si cette dernière n'est pas bien vue, la colposcopie doit être considérée comme non satisfaisante.

7 . 3  -  L'hystéroscopie

7 . 3 . 1  -  Définition

L'hystéroscopieDéfinitionExamen permettant de visualiser directement la cavité utérine (l'intérieur de l'utérus) à l'aide d'un appareil optique appelé hystéroscope. On peut ainsi explorer le canal cervical, la cavité utérine et sa muqueuse, l'endomètre, et l'origine des trompes (les ostiums uterinums). Par défaut, le mot « hystéroscopie », sans autre précision, sous-entend l'hystéroscopie diagnostique. Lorsque cette méthode est utilisée pour pratiquer dans le même temps une intervention chirurgicale dans l'utérus, on parle alors de « chirurgie hystéroscopique ». est l'exploration endoscopique de la cavité utérine réalisée grâce à un hystéroscopeDéfinitionAppareil optique, ou endoscope, permettant la réalisation d'une hystéroscopie, c'est-à-dire l'exploration de la paroi interne du corps et du col de l'utérus (endomètre) et de l'origine des trompes. L'hystéroscope est composé d'un tube, souple ou rigide selon les cas, mesurant seulement quelques millimètres de diamètre, muni d'une fibre optique et d'une source lumineuse. Certains sont munis d'une caméra et de pinces. relié à une source de lumière froide. Il existe plusieurs types d'hystéroscopie (HSC). Cet examen peut être réalisé dans un but diagnostique, on se contente de visualiser l'intérieur de la cavité utérine, aucune anesthésie n'est nécessaire. L'HSC peut également permettre des gestes chirurgicaux, il s'agit alors de l'hystéroscopie opératoire qui est habituellement réalisée sous anesthésie générale et que nous n'envisagerons pas dans ce cours.

Hystéroscope diagnostique rigide
Source : Abbara A. Hystéroscope diagnostique rigide [Internet].
Hystéroscope diagnostique souple
Source : Abbara A. Hystéroscope diagnostique souple [Internet].
Aspect hystéroscopique d'un utérus normal
Aspect hystéroscopique d'un utérus normal. Petite synéchie de l'ostium tubaire gauche.

7 . 3 . 2  -  Technique

L'HSC doit être réalisée en période pré-ovulatoire, du 8 au 14e jour du cycle chez la femme en période d'activité génitale. Chez la femme ménopausée, il est préférable de prescrire avant l'examen des œstrogènes à faible dose par voie générale, de manière à obtenir une ouverture du canal cervical et réaliser facilement cet examen en ambulatoire.

Il existe des hystéroscopes rigides et des hystéroscopes souples (fibroscopesDéfinitionFibroscope ou flexoscope : Variété d'endoscope appelé conduisant les rayons lumineux par un faisceau de fibres optiques souples. Le fibroscope permet d'explorer de façon très complète (par vision directe, photographie, cinématographie, télévision), et la réalisation de prélèvements par biopsie.). Le calibre est compris entre 2,5 et 5,2 mm. La source de lumière froide est identique à celle utilisée en cœlioscopie.

Après badigeonnage du col avec une solution aseptique, le col est saisi avec une pince de Pozzi. La préhension du col n'est pas nécessaire avec le fibroscope souple. L'introduction de l'hystéroscope doit être douce et progressive. En ambulatoire, la distension de la cavité utérine doit être obtenue avec du sérum physiologique. En cas d'utilisation de CO2 pour distendre l'utérus sous AG, l'appareil d'insufflation doit être à débit contrôlé et réglable. L'endocol s'entrouvre devant l'extrémité de l'optique de l'hystéroscope qui doit progresser de façon douce et régulière. Le passage de l'orifice interne du col demande parfois beaucoup de patience. L'introduction de l'hystéroscope doit être atraumatique et l'appareil doit suivre les méandres du canal endocervical. Lorsque l'endocol est franchi, l'hystéroscope pénètre dans la cavité utérine dont l'exploration peut commencer. Les faces, les bords, le fond, les ostiaDéfinitionOstium (pluriel : ostia) : Ouverture ou court canal vers une cavité ou qui permet la communication entre deux cavités. tubaires sont ainsi successivement examinés. Des prélèvements peuvent être réalisés. L'examen se termine par l'exploration rétrograde de la cavité de l'endocol et du canal cervical.

7 . 3 . 3  -  Incidents et accidents

7 . 3 . 3 . 1  -  L'orifice interne du col ne peut être franchi

Ceci est plus fréquent chez la femme ménopausée. Il est possible sous anesthésie locale de pratiquer une dilatation douce du col avec des bougies gommes de 2 à 5 mm.

7 . 3 . 3 . 2  -  La fausse route

Elle est liée à la non-observance des différents temps de la procédure. Il est indispensable de prendre du recul avec l'endoscope et l'on peut en général retrouver l'orifice cervical interne. Si la fausse route est importante avec un saignement, il est préférable d'interrompre la procédure.

7 . 3 . 3 . 3  -  L'hémorragie

Liée à un traumatisme de la muqueuse avec la pointe biseautée de l'endoscope. Il faut nettoyer l'endoscope, mais si le saignement est trop important il faut interrompre la procédure.

7 . 3 . 3 . 4  -  L'embolie gazeuse

Les quelques accidents d'embolie gazeuseDéfinitionFormation de bulles d'airs dans les vaisseaux sanguins de l'organisme. décrits ont été observés après HSC sous anesthésie générale avec distension au CO2 de la cavité utérine. Elle ne doit pas exister avec les appareils modernes de surveillance de la pression qui ne doivent pas dépasser 100 ml/min de débit de perfusion du CO2.

7 . 3 . 4  -  Les images normales

En période d'activité génitale, l'endomètre est de teinte orange, mince, régulier en première partie de cycle. Il s'épaissit après l'ovulation et prend un aspect irrégulier, frangé en période prémenstruelle. Les orifices glandulaires sont visibles dès la phase proliférative sous la forme de petits points blancs. Les orifices tubaires présentent des mouvements contractiles traduisant une dynamique satisfaisante. En période post-ménopausique, la muqueuse est atrophique au point d'épouser le relief du myomètreDéfinitionCouche musculeuse interne de la paroi utérine. (voir myomètre).

7 . 3 . 5  -  Les indications

Les indications de l'HSC se sont élargies très rapidement du fait de son innocuité par rapport à l'HSG, dont elle recouvre la plupart des indications. L'HSC permet d'explorer la muqueuse endométrialeDéfinitionMuqueuse de l'endomètre formée d'un épithélium prismatique unistratifié comportant trois types cellulaires : des cellules sécrétantes (sécrétion de glycogène), des cellules ciliées et des cellules basales, ainsi qu'un tissu conjonctif riche en cellules, contenant les glandes utérines. et la cavité utérine et de guider d'éventuelles biopsies. Ces meilleures indications sont :

  • les troubles hémorragiques du cycle menstruel ou post-ménopausiques,
  • les bilans d'infertilité,
  • les bilans d'avortements à répétition.

7 . 3 . 6  -  Les contre-indications

La principale contre-indication à l'HSC diagnostique est l'hémorragie abondante qui rend l'examen ininterprétable. La grossesse est une contre-indication ainsi que les infections utérines ou annexielles en cours.

7 . 4  -  La cœlioscopie

7 . 4 . 1  -  Définition

La cœlioscopie est l'exploration endoscopique de la cavité abdomino-pelvienne, préalablement distendue par un pneumopéritoineDéfinitionEntrée d'air ou de gaz dans la cavité de l'abdomen. Dans le cas du « pneumopéritoine gynécologique », cet air permet d'intervenir sur l'utérus, les trompes ou les ovaires. artificiel. La C n'est pas un geste anodin, elle est réalisée habituellement sous anesthésie générale, et doit être pratiquée par un chirurgien capable de réaliser une laparotomieDéfinitionActe chirurgical consistant en l'ouverture de l'abdomen par une incision laissant le passage direct à d'autres actes chirurgicaux sur les organes abdominaux et pelviens. La laparotomie est une voie d'abord chirurgicale. Différentes incisions sont possibles. La plus courante est une ouverture allant du pubis au bord inférieur du sternum (appelée laparotomie médiane xyphopubienne). Dans le cadre de certaines interventions en chirurgie gynécologique, notamment les césariennes, la laparotomie est horizontale et très basse, à la limite des poils pubiens. Elle est nommée « incision de Pfannenstiel ». rendue nécessaire par une découverte per-opératoire ou par une complication iatrogèneDéfinitionIatrogénie ou iatrogénèse : aggravation de la pathologie traitée ou apparition d'une nouvelle maladie, d'un état, d'un effet secondaire, etc., provoquée par un traitement médical, prescrit par un médecin ou par d'autres professionnels de la santé (par exemple un pharmacien)..

C'est un examen essentiel, qui a connu ces dernières années un essor très important grâce aux progrès technologiques en matière de lumière froide, de contrôle du pneumopéritoine, et de toute l'instrumentation. Comme l'HSC, la C peut être réalisée à titre diagnostique ou à titre chirurgical, nous nous limiterons dans ce cours à la cœlioscopie diagnostique.

7 . 4 . 2  -  Technique de la cœlioscopie

7 . 4 . 2 . 1  -  L'anesthésie

La C se pratique sous anesthésie générale avec intubation car le pneumopéritoine et la position de TrendelenburgDéfinitionPosition de Trendelenburg ou position dorsosacrée déclive : Position d'un malade couché sur le dos et dont la tête est placée plus bas que les pieds. Cette position est fréquemment utilisée en chirurgie, notamment digestive et gynécologique, afin de dégager le pelvis des anses intestinales, et en radiologie. En chirurgie gynécologique, cette position est systématiquement utilisée en cas de cœlioscopie, après la réalisation du pneumopéritoine (insufflation de gaz dans la cavité péritonéale) et la pose du cœlioscope. de la patiente peuvent entraîner des troubles hémodynamiques graves.

Position de Trendelenburg
Source : Heiserman DL. Fundamentals of Dental Assisting. SweetHaven Publishing Services; 2006.

7 . 4 . 2 . 2  -  La technique

La patiente est installée sous anesthésie en Trendelenburg, on crée un pneumopéritoine : plusieurs points d'insufflation peuvent être utilisés (cf. tableau ci-après) :

Recommandations sur « la voie d'abord initiale en cœlioscopie gynécologique » (Conférence d'experts de Poitiers, 1999)
  1. Aucune méthode, ni aucun matériel utilisé au cours de l'installation de la cœlioscopie ne peut se prévaloir d'être d'une totale sécurité.
  2. … il n'y a pas de justification à pratiquer systématiquement une open-cœlioscopieDéfinitionOpen-cœlioscopie ou cœlioscopie à ciel ouvert : Cœlioscopie au cours de laquelle le trocart ombilical est introduit après avoir fait une mini-incision plan par plan. L'opposition entre cœlioscopie classique et open-cœlioscopie ne concerne que le temps initial de mise en place du premier trocart. En effet, les temps ultérieurs (introduction de trocarts latéraux supplémentaires, gestes de cœliochirurgie) sont effectués « a priori » sous contrôle visuel cœlioscopique et deviennent indépendants du mode de mise en place du premier trocart. en l'absence de facteur de risque morphologique ou cicatriciel.
  3. … les tests de sécurité doivent être systématiques, même si leur fiabilité ne saurait être considérée comme total.
  4. On doit formellement déconseiller l'introduction de l'aiguille et du premier trocartDéfinitionInstrument chirurgical qui se présente sous la forme d'une tige cylindrique creuse, pointue et coupante à son extrémité et surmontée d'un manche. Le trocart sert à faire des ponctions et des biopsies. sur le trajet de cicatrices de laparotomies préexistantes…
  5. … le premier abord au niveau de l'hypocondreDéfinitionHypocondre ou hypochondre : Région gauche ou droite de l'abdomen, située directement sous le diaphragme. gauche semble être une voie de faible risque pour la réalisation du pneumopéritoine, en l'absence de splénomégalieDéfinitionAugmentation de volume (-mégalie) de la rate (spléno-). Ceci est repérable à la palpation dans l'hypochondre gauche (sous le rebord costal inférieur gauche). (voir splénomégalie).
  6. Les trocarts secondaires doivent être introduits sous contrôle de la vue, en se méfiant des cicatrices de PfannenstielDéfinitionCicatrice de Pfannenstiel : Type d'incision chirurgicale permettant l'accès à l'abdomen, généralement sur une ligne horizontale au-dessus de la symphyse pubienne. qui accentuent le risque vésical.
  7. Toute patiente doit être informée des risques inhérents à la mise en place du premier trocart et notamment du risque de conversion en laparotomie…

 Pierre F, Chapron C, Deshayes M, Madelenat P, Magnin G, Querleu D., La voie d'abord initiale en cœliochirurgie gynécologique. Journal de Gynécologie Obstétrique et Biologie de la Reproduction. 2000 Feb;29(1):8.

 Société de Chirurgie Gynécologique et Pelvienne (SCGP). La voie d'abord initiale en cœliochirurgie gynécologique. Sous l'égide de la Société Française d'Endoscopie Gynécologique, de la Société Internationale Francophone de Chirurgie Pelvienne, du Collège National des Gynécologues-Obstétriciens Français. Poitiers: Conférence d'experts; 1999 Sept 24.

Après la création d'un pneumopéritoine d'environ 2 litres, on introduit un premier de trocart le plus souvent de 10 mm soit à travers la paroi, à l'aveugle, soit après une « open cœlioscopie ». L'insufflation est contrôlée par un manomètre et le gaz utilisé est le CO2, il est habituel de travailler à moins de 10 mm de Hg de pression intra-abdominale, pour minimiser le risque d'embolie gazeuse.

L'exploration commence dès l'introduction de l'optique, il est souvent nécessaire d'introduire un deuxième trocart qui va permettre de passer un deuxième instrument dans la cavité abdomino-pelvienne facilitant l'exploration. Dans certains cas on peut également mettre en place par voie vaginale un hystéromètre qui permet de mobiliser l'utérus.

Il est alors facile d'explorer l'utérus, de le mobiliser, de le redresser s'il est rétroversé, de dérouler les trompes, de repérer les pavillons, les franges tubaires et d'examiner les ovaires sur toutes les faces. L'exploration se termine par l'observation du cul-de-sac de Douglas, des ligaments utérins et des autres organes du petit bassin. Il est également possible en retournant le cœlioscope de visualiser le foie, l'estomac et toute la cavité abdominale.

L'intervention se termine par l'exsufflation du pneumopéritoine et la fermeture des orifices cœlioscopiques. La cœlioscopie peut être réalisée en ambulatoire ou après une courte hospitalisation.

7 . 4 . 3  -  Contre-indications à la cœlioscopie

L'inexpérience de l'opérateur est la principale contre-indication à la cœlioscopie. En effet un opérateur expérimenté et prudent pourra réaliser une cœlioscopie dans des situations réputées à risque telles que sur des grosses masses pelviennes ou les ventres multi-opérés. L'existence d'une tare cardiaque ou respiratoire grave peut faire reculer l'anesthésiste. L'existence d'un cancer abdominal ou pelvien connu reste également une contre indication à la cœlioscopie du fait du risque d'essaimage des cellules néoplasiques vers les orifices des trocarts.

7 . 4 . 4  -  Les indications principales de la cœlioscopie

La cœlioscopie diagnostique a de nombreuses indications en gynécologie.

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