1 . 4  -  Diagnostic biologique

1 . 4 . 1  -  Prélèvements

Les produits pathologiques peuvent être de nature variée (moelle osseuse, peau, muqueuses, sérosités, expectorations, lavage bronchiolo-alvéolaire, liquide cérébrospinal, biopsies…) et doivent être adressés rapidement au laboratoire. L’envahissement médullaire se traduit par une pancytopénie faisant pratiquer la ponction médullaire, qui est l’examen de choix.

Le laboratoire doit être informé de la possibilité d’une histoplasmose de façon à ne pas ouvrir les tubes de culture.

1 . 4 . 2  -  Diagnostic mycologique

a  -  Examen direct

Il est réalisé (frottis, apposition de tissus) au moyen d’une coloration au MGG.

Cet examen direct assure le diagnostic immédiat. Il met en évidence le champignon sous forme de petits éléments arrondis (« petites formes »), ovoïdes, sphériques, de 3 μm à 5 μm de diamètre, colorées intensément en violet et entourées d’un halo clair (membrane non colorée par le MGG) (figure 32.4). Ces éléments ne produisent aucun filament et sont habituellement intracellulaires. Ils sont aussi visualisés par la coloration de Gram (Gram-positifs) et le PAS (colorés en rouge).

Fig. 32.4 Frottis de ponction médullaire : petits éléments ovoïdes d’Histoplasma capsulatum var. capsulatum (MGG ; × 1 000)
Fig. 32.4 Frottis de ponction médullaire : petits éléments ovoïdes d’Histoplasma capsulatum var. capsulatum (MGG ; × 1 000).

b  -  Cultures

Elles ne peuvent être faites que dans les laboratoires de sécurité type NSB3 car il s’agit d’un agent infectieux de classe 3. Les cultures sur milieu de Sabouraud entre 25 °C et 30 °C se présentent sous forme de colonies blanches duveteuses. L’examen microscopique permet l’observation de mycélium et de grosses spores spiculées (macroconidies) caractéristiques, associées à des petites spores (microconidies).

Ces formes saprophytiques filamenteuses, très infectieuses, représentent un réel danger pour le personnel des laboratoires (figure 32.5).

Fig. 32.5 Histoplasma capsulatum, aspect microscopique (forme filamenteuse) (coloration au bleu coton ; × 400)
Fig. 32.5 Histoplasma capsulatum, aspect microscopique (forme filamenteuse) (coloration au bleu coton ; × 400).

c  -  Examen anatomopathologique

Par analogie avec la tuberculose, on distingue schématiquement deux formes selon l’état immunitaire sous-jacent du sujet :

  • une forme tuberculoïde : elle correspond à une inoculation habituellement faible et une réponse tissulaire (de l’hôte) efficace. Elle montre des infiltrats lymphohistiocytaires ou granulomateux riches en macrophages activés et en lymphocytes T CD4. Les rares Histoplasma, entourés d’un halo clair, sont observés à l’intérieur de cellules histiocytaires : la coloration argentique (Gomori-Grocott) est contributive au diagnostic ;
  • une forme anergique : cette forme habituelle chez les patients séropositifs pour le VIH révèle, à l’opposé, une réaction tissulaire faible ou nulle. L’aspect typique est celui d’une abondance de levures intracellulaires mais aussi extracellulaires. Beaucoup d’organes sont touchés (foie, rate, tube digestif, surrénales, os, moelle osseuse…).

d  -  Détection d’antigènes circulants

Le test antigénique spécifique n’est pas disponible en France. Dans les formes disséminées, la recherche de l’antigène galactomannane, habituellement utilisée pour le diagnostic d’aspergillose invasive, peut être utilisée car il existe une réactivité croisée avec Histoplasma.

Des méthodes de PCR ont été développées et permettent d’améliorer le diagnostic et d’éviter le recours à la culture, réservée aux laboratoires de sécurité type NSB3.

e  -  Diagnostic indirect

Le diagnostic sérologique est réalisé uniquement dans les laboratoires spécialisés. Il est souvent négatif chez les patients immunodéprimés. L’IDR à l’histoplasmine n’a d’intérêt que dans un cadre épidémiologique en zone d’endémie et elle n’est pas disponible en France.

4/10