6  -  Les conséquences de la malnutrition

6 . 1  -  Conséquences sur les grandes fonctions

  • sur la fonction immunitaire

La  malnutrition  protéino - énergétique entraîne une dysfonction du système immunitaire, se traduisant sur la numération par une lymphopénie (< 1500/mm3). Tous les secteurs de l'immunité sont touchés : immunité à médiation cellulaire, immunité humorale et immunité non-spécifique.

La  malnutrition  protéino - énergétique aggrave la déficience immunitaire physiologique  due  au  vieillissement  et favorise les infections. Si une infection survient, elle aggrave la malnutrition par l'anorexie qu'elle entraîne et par les modifications  du  métabolisme  protidique  lié  à  l'hypercatabolisme.  Au décours de son infection, le sujet âgé est plus dénutri, donc plus immunodé- primé, donc plus susceptible de faire une nouvelle infection parfois d'origine nosocomiale difficile à traiter.

  • sur la fonction digestive

Le  ralentissement  du  péristaltisme intestinal  induit  une  stase  digestive, conduit souvent à la constitution d'un fécalome et accroît les risques infectieux par pullulation microbienne.

  • sur la synthèse des protéines circulantes

La malnutrition est responsable d'une baisse du taux d'albumine circulante. Les  risques  de  toxicité  sont  accrus notamment  pour  les  médicaments  à marge thérapeutique étroite (AVK et digitaliques).

  • sur les sécrétions hormonales

La stimulation des sécrétions de cortisol et des catécholamines peut induire une hyperglycémie, à ne pas confondre avec un diabète authentique. Ici, l'insulinonécessité n'est que transitoire.

Le taux circulant de T3 totale est diminué, mais la TSH étant normale il ne s'agit  pas  d'une  hypothyroïdie  (syndrome de basse T3).

Les  cytokines  sécrétées  en  période d' hypercatabolisme  déclenchent  et entretiennent les phénomènes hormonaux. Elles amplifient et adaptent la réponse sur le lieu-même de l'infection et de l'inflammation. Ce phénomène est une réponse physiologique à l'agression permettant à l'organisme d'obtenir les nutriments nécessaires par la protéolyse induite. La pérennisation de cette  réponse  devient  préjudiciable pour  l'organisme  qui  épuise  ses réserves.  Pour  empêcher  ce  phénomène de chronicisation lors de toute agression, il faut penser à la qualité de l’apport  alimentaire  au  malade  en même temps qu'on prescrit les traitements spécifiques.

6 . 2  -  Conséquences des déficits en micronutriments

Les déficits en micronutriments (vitamines et  oligoéléments)  peuvent  exister  sans malnutrition protéino-énergétique mais la malnutrition  protéino - énergétique s'accompagne toujours d'un déficit en micro-nutriments. Les déficits en vitamines du groupe B (surtout folates) peuvent être à l'origine  d'asthénie,  de  troubles  psychiques, d'encéphalopathie carentielle, de troubles  neurologiques  (polynévrites), d'anémie  et  de  déficit  immunitaire (folates)... La carence en vitamine D (et en calcium)  aggrave  l'ostéopénie  due  au vieillissement et peut se compliquer de fractures et de tassements vertébraux. La carence en zinc entraîne une perte du goût et participe ainsi à l'entretien de l'anorexie. Le déficit en zinc induit également un  déficit  immunitaire  et  des  troubles cutanés avec retard de la cicatrisation des plaies.

6 . 3  -  Conséquences globales de la malnutrition sur l'individu

La malnutrition augmente de 2 à 6 fois la morbidité  infectieuse  chez  les  patients âgés et multiplie le risque de mortalité par 2 à 4.

Quand un hypercatabolisme s'installe et n'est pas rapidement traité par un apport nutritionnel adapté, le malade entre dans un cercle vicieux :  hypercatabolisme  --->  malnutrition  ---> nouvel hypercatabolisme plus grave ---> malnutrition plus sévère ---> etc.
Les conséquences en sont l'épuisement des réserves de l'organisme, une perte d'autonomie et parfois le décès du malade.
Les troubles psychiques sont constants de la simple apathie à un syndrome dépressif, mais peuvent également simuler un syndrome démentiel.

6 . 4  -  Conséquences économiques

A affection égale, la durée d'hospitalisation est multipliée par 2 à 4 chez un malade dénutri.  L'hospitalisation  s'accompagne d'une augmentation de la consommation de médicaments et d'une évolution vers la perte d'autonomie parfois à l'origine d'une institutionnalisation  et  plaide  pour  une prévention active de la malnutrition.

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