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Causes de l’anorexie et de la malnutrition
Les causes sont multiples et souvent intriquées, en particulier à l'hôpital ou en insti tution. Habituellement c'est la présence d'un hypercatabolisme qui précipite la
survenue d'un état de malnutrition chez un sujet âgé, d'autant plus facilement qu'il avait auparavant des apports alimentaires insuffisants.
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Les modifications physiologiques liées à l'âge
- Le vieillissement sensoriel s'accompagne d'une élévation du seuil des goûts, aggravé par la carence en zinc et les médicaments. Les détériorations de l'odorat et de la vision sont aussi des facteurs susceptibles de perturber la conception et la prise des mets hédoniques.
- L'altération de la denture ou un mauvais état gingival sont d'autant plus fréquents que les soins dentaires coûtent cher. Seule une mastication indolore permet une alimentation correcte. La dégradation de l'état bucco-dentaire est responsable d'une insuffisance masticatoire, imposant une alimentation monotone, mal équilibrée et peu appétissante.
- La muqueuse gastrique s'atrophie avec l'âge. Il en résulte une diminution de sécrétion d'acide chlorhydrique, source de retard à l'évacuation gastrique. L'achlorhydrie favorise une pullulation de bactéries consommatrices de folates.
- Le ralentissement du transit intestinal avec l'âge est responsable de stase intestinale, de constipation et de pullulation microbienne.
Cependant, le vieillissement n'est pas à lui seul une cause de malnutrition. La malnutrition ne s'installe que lorsque le vieillissement s'accompagne de pathologies dégénératives, infectieuses ou inflammatoires multiples, intriquées ou en cascade.
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Les insuffisances d'apports alimentaires
- L'isolement social ou familial s'aggrave avec l'avance en âge et la disparition du conjoint, des amis ou d'un animal familier.
- La diminution des ressources concerne essentiellement les veuves et les sujets exclus des systèmes sociaux. L'exclusion relève le plus souvent d'une ignorance des aides.
- La diminution des capacités physiques :
- capacité masticatoire en relation avec la denture, la mâchoire ou un appareillage mal adapté.
- troubles de la déglutition, principalement le fait des accidents vasculaires cérébraux.
- difficultés à la marche, responsables d'une diminution des possibilités d'approvisionnement.
- déficits moteurs ou tremblements, également causes de difficulté d'approvisionnement (portage des paquets), de préparation culinaire et d'alimentation.
- en institution, perte d'autonomie rendant le sujet âgé totalement dépendant de la qualité et de la quantité de personnel soignant.
- Les détériorations intellectuelles, telles que les démences.
- L'accumulation des idées fausses sur l'alimentation : phobie de l’hypercholestérolémie, ignorance des besoins nutritionnels de la personne âgée par elle-même ou par son entourage familial ou personnel soignant, ignorance des aides possibles à domicile pour pallier les conséquences de l'isolement.
- Les maladies du tube digestif : les mycoses buccale et Å“sophagienne, la diminution du drainage salivaire, occasionnent des dysphagiesDéfinitionLa dysphagie est une sensation de gêne ou de blocage ressentie au moment de l'alimentation, lors du passage des aliments dans la bouche, le pharynx ou l'Å“sophage. La dysphagie doit être distinguée de l’odynophagie qui est une douleur provoquée par la déglutition, d’une sensation de satiété précoce ressentie parfois comme un blocage épigastrique, des dysphagies oro-pharyngées hautes ou encore du globus hystericus[1], sensation de constriction pharyngée permanente (boule dans la gorge) lié au stress et cédant à l'ingestion alimentaire. et des brûlures lors de l'ingestion des aliments; les cancers digestifs, les gastrites, et les maladies ulcéreuses gastriques ou intestinales restent longtemps asymptomatiques.
- Les régimes diététiques anorexigènes sont à déconseiller. .
- L'hospitalisation en soi est une cause de malnutrition : indépendamment de la maladie justifiant l'admission, l'hôpital propose trop rarement une alimentation attractive. C'est aussi le cas en institution.
- La consommation abondante de médicaments en début de repas est source d'anorexie. Beaucoup de médicaments modifient le goût ou induisent une hyposialieDéfinitionUne hyposialie est une production de salive faible..
- L'abus d'alcool…
- La dépression : la prise alimentaire ne peut se normaliser que si la dépression est traitée.
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Les hypercatabolismes
Un syndrome d'hypercatabolisme est déclenché au cours des pathologies infectieuses (hypermétabolisme lymphocytaire), des destructions tissulaires (hypermétabolisme phagocytaire), ou de la cicatrisation et la réparation tissulaire comme c'est le cas lors de fractures ou d ' escarres (hypermétabolisme fibroblastique). L'intensité et la durée de ce syndrome d'hypercatabolisme dépend de la rapidité de guérison de l'infection, de l'étendue des lésions tissulaires et de la vitesse de cicatrisation.
Quelque soit le mécanisme d'activation, il y a hyperstimulation des monocytesmacrophages. L'hyperfonctionnement monocytaire se traduit par une augmentation du taux des cytokines (interleukine 1, interleukine 6, TNF). Les cytokines ont un rôle central en orientant le métabolisme de l ' organisme pour fournir aux cellules concernées (lymphocytes, phagocytes ou fibroblastes) les nutriments dont elles ont besoin : acides aminés provenant des muscles, calcium provenant de l'os, acides gras et glucose. Parallèlement, l'IL1 initialise un syndrome fébrile, entraînant une perte en eau. Le métabolisme hépatique est concerné : il y a réduction de synthèse des protéines de transport (albumine, pré-albumine) pour permettre la synthèse des protéines de phase aiguë (CRP, orosomucoïde, macroglobuline,…). Les cytokines ont aussi un effet anorexigène propre.
Les sujets âgés sont particulièrement menacés au cours des états d'hypercatabolisme car leurs réserves (musculaire et calcique) ou leur régulation (métabolisme hydrique) sont diminuées. Au cours de ces états, il faut donc augmenter les apports nutritionnels en protéines et en eau. Les apports recommandés dans ces cas sont de 35 à 45 kcal/kg de poids corpore l / j o u r dont 1,5 à 2 g protéines/kg/j et le même rapport Glucides/Protides (2,5 à 3). Il faut également augmenter les apports en eau de 0,3 l/°C au-dessus de 37°C et les apports en vitamines et oligoéléments aux environs de 2 fois les allocations recommandées.
Les causes de l'hypercatabolisme sont les infections, les cancers et d'une façon plus générale tous les états inflammatoires aigus ou chroniques (rhumatismes, escarres,…). Certaines défaillances d'organe (insuffisances cardiaques ou respiratoires) augmentent les dépenses énergétiques. L'hyperthyroïdie (fréquente chez le sujet âgé) augmente le catabolismeDéfinitionLe catabolisme est l'ensemble des réactions de dégradations moléculaires de l'organisme considéré. Il est le contraire de l'anabolisme, ensemble des réactions de synthèse. Le catabolisme et l'anabolisme sont les deux composantes du métabolisme.Les réactions de catabolisme sont des oxydations (ou des déshydrogénations) et elles sont thermodynamiquement favorables, c'est-à-dire qu'elles sont exergoniques (cédant de l'énergie, produisant de l'énergie).Les réactions du catabolisme des protides, glucides, lipides, acides nucléiques, etc., sont toutes intimement liées. Il s'agit d'un enchaînement de réactions chimiques.musculaire du fait de l'action spécifique hormonale.
En résumé, les causes d'insuffisance d'apport sont presque toutes accessibles à la thérapeutique dans le cadre d'une prise en charge globale du sujet âgé. Chez un sujet déjà fragilisé par une malnutrition dite "exogène", les maladies ajoutent une composante hypercatabolique, ou malnutrition "endogène". C'est l'association et la répétition dans le temps des causes de malnutrition qui font la gravité de la situation.
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