7  -  Les symptômes d’inconfort en fin de vie


Si la lutte contre la douleur est une priorité essentielle, l'accompagnement en fin de vie nécessite  une  évaluation  rigoureuse d'autres besoins fondamentaux.

7 . 1  -  Nursing et mobilisation

Des soins de base méticuleux participent au confort du malade. La toilette, la coiffure et le rasage doivent être étalés dans le temps  en  cas  d'épuisement  physique. L'examen attentif des zones d'appui, leur protection et les changements de position répétés évitent l'apparition d'escarre. Les matelas mousse compartimentés ou les matelas à air alterné sont justifiés chez les sujets à risque.

La mise au fauteuil est effectuée systématiquement tant qu'elle est confortable. Les mobilisations quotidiennes effectuées par les  aides  soignantes  et  les  kinésithérapeutes évitent les attitudes vicieuses

7 . 2  -  Hydratation, alimentation et symptômes digestifs

Pour maintenir la notion de plaisir et de convivialité liée aux repas, l'alimentation et l'hydratation orale restent la forme privilégiée  d'alimentation.  Malgré  la  fréquence des troubles digestifs en phase terminale, 90 % des patients peuvent boire et manger jusqu'à leur dernier jour de vie, grâce à des soins de bouche adaptés.

  • L'hydratation

L'hydratation est effectuée en priorité par voie orale chez les sujets âgés les boissons  doivent  être  proposées  à heures fixes. En fin de vie, l’hydratation artificielle  n’apporte  aucun  confort supplémentaire. A l’inverse, les soins de  bouche  réguliers  sont  indispensables.

Lorsqu’une hydratation est souhaitée, la voie sous-cutanée (hypodermoclyse) est la méthode privilégiée en raison de son innocuité et de sa facilité de surveillance. Elle permet en outre l’adjonction  de  certains  médicaments  de confort (tableau 3).

Tableau 3 : Utilisation de la voie sous-cutanée en fin de vie
  • Les soins de bouche

Une bouche propre et bien hydratée permet une parole et une déglutition plus  faciles  ;  l'haleine  reste  fraîche.

Avec le vieillissement, les atteintes buccales sont fréquentes en raison d'une réduction des sécrétions salivaires, des effets secondaires de médicaments, du port  de  prothèses  dentaires  (persistance fréquente de chicots), d'une respiration par la bouche et des mycoses.

Les lésions buccales gênent l'alimentation, deviennent douloureuses, altérant la qualité de vie (haleine fétide). Les équipes soignantes doivent être sensibilisées à l'importance des soins de bouche qui sont un élément essentiel au confort du patient en phase terminale (tableau 4).

Tableau 4 : Soins de bouche
  • L'alimentation

L'alimentation par la bouche doit être conservée le plus longtemps possible. Il est nécessaire de fractionner les repas et de proposer des collations avec des boissons enrichies en protéines. Les aliments les mieux acceptés sont lactés et sucrés. La présentation des repas est importante.

L'indication d’une assistance nutritionnelle doit rester exceptionnelle à ce stade.

  • Les nausées et les vomissements

Ces symptômes sont fréquents en fin de vie et entraînent de l'inconfort. Le métoclopramide (Primpéran®) et le dompéridone  (Motilium®)  ont  une action centrale, normalisent le péristaltismeDéfinitionOn appelle péristaltisme l'ensemble des contractions musculaires (mouvements péristaltiques) permettant la progression du contenu d'un organe creux à l'intérieur de cet organe. Concernant le tube digestif, il s'agit de la progression des aliments de la bouche (plus précisément du pharynx) jusqu'au rectum (anus). Ce phénomène physiologique, appelé également motilité digestive, est un mécanisme spontané du tube digestif. Sans péristaltisme, le brassage des aliments et l'absorption des nutriments, c'est-à-dire des éléments contenus dans les aliments, sont impossibles. Les organes creux du système digestif sont entourés de muscles qui permettent à leur paroi de se contracter. Les mouvements de ces parois font non seulement progresser les liquides et les aliments mais effectuent aussi un mélange de ce bol alimentaire dans chacun des organes concernés. Ce sont ces mouvements caractéristiques de l'Å“sophage, de l'estomac et de l'intestin qui constituent le péristaltisme. Le péristaltisme ressemble à l'onde d'une vague océanique qui traverserait le muscle. Le muscle de l'organe concerné se rétrécit puis propulse la portion de nourriture lentement vers la suite du tube digestif. et relâchent l'antre pré-pylorique.

Les butyrophénones (Haldol®) sont des antagonistes de la dopamine et sont efficaces sur les vomissements induits par  la  morphine.  Les  anticholinergiques (Atropine ou Scopolamine), de même que les corticoïdes, sont aussi actifs.

  • La constipation et l'occlusion intestinale

La constipation est habituelle en fin de vie sous l'effet de l'immobilisation, des modifications alimentaires et des médicaments  (opiacés,  anticholinergiques , neuroleptiques). La gêne abdominale est variable ; il y a fréquemment des fausses diarrhées secondaires à l'hypersécrétion colique provoquée par la stase fécale. Une surveillance régulière du transit intestinal est indispensable. En cas de constipation avérée un toucher rectal doit être systématique à la recherche d’un fécalome. Les laxatifs sucrés  (Duphalac®,  Lactulose®)  ou osmotiques DéfinitionLes laxatifs osmotiques sont des laxatifs qui captent (ou qui retiennent) l'eau dans l'intestin (plus spécifiquement dans le côlon).  (Transipeg®,  Movicol®) sont utilisés à titre préventif et curatif.

Les  laxatifs  utilisés  par  voie  rectales déclenchent des réflexes exonérateurs (suppositoires de glycérine, Microlax®, Normacol lavement®).

En cas d’occlusion secondaire à une carcinose péritonéale ou à des tumeurs colorectales, il faut discuter l’indication d’une chirurgie palliative. Si elle n'est pas possible, les crises coliques sont améliorées  par  la  scopolamine,  le Buscopan® ou le Solumédrol® à fortes doses (120 - 240 mg / jour).

7 . 3  -  La dyspnée

La dyspnée se caractérise par une sensation subjective de gêne respiratoire. Elle n'est pas toujours proportionnelle à une lésion causale. Elle est souvent intriquée à l'angoisse. Les causes organiques principales  sont  l'encombrement  bronchique avec bronchospasme, l'insuffisance cardiaque et les cancers évolués.

En cas d'encombrement pulmonaire, la kinésithérapie est la thérapeutique de première intention. Les fibro-aspirations au lit du malade ont une efficacité ponctuelle mais ne sont pas possibles dans tous les services et sont souvent mal supportées. Les  corticoïdes  réduisent  le  bronchospasme.

En  cas  d'hypersécrétion  bronchique importante ou dans les râles d'agonie, le bromhydrate  de  scopolamine  (Scopos® 250 mg / ampoule à raison d'une ampoule / 8 heures par voie sous-cutanée) permet de réduire les sécrétions bronchiques et a un effet bronchodilatateur. Associé à la morphine,  le  bromhydrate  de  scopolamine atténue l'anxiété.

L'oxygénothérapie diminue l'effort respiratoire et rassure le patient. Elle doit être utilisée lors d'une dyspnée aiguë (oedème aigu du poumon, embolie pulmonaire...).

La morphine  a un effet bénéfique sur la sensation pénible de dyspnée. Si le patient n'est pas déjà traité par la morphine, le chlorhydrate  de  morphine  à  raison  de 2,5 mg toutes les 4 heures par voie sous-cutanée,  ou  en  injection  continue  à  la seringue élecrique, améliore son confort. Lorsque le patient reçoit déjà de la morphine, il convient d'augmenter la posologie jusqu'à la sédation de la dyspnée.

Les anxiolytiques contribuent à ralentir la fréquence respiratoire grâce à leur effet myorelaxant et apaisent l'angoisse induite par l'hypoxie. Le diazépam (Valium®) peut être utilisé par voie intrarectale à l'aide d'une canule adaptable à la seringue (par 1/2 ampoule de 10 mg). Le midazolam par voie sous-cutanée (Hypnovel® injectable 1/2 ampoule à 1 ampoule de 5 mg au pousse-seringue)  entraîne  une  sédation vigile rapide et profonde.

7 . 4  -  L'incontinence et la rétention urinaire

L'immobilisation au lit et la déshydratation favorisent  la  survenue  d’infections  urinaires symptomatiques. En phase terminale,  il  apparaît  une  rétention  urinaire incomplète ou complète avec des pertes d'urine favorisées par la stase fécale, soit par les médicaments (opiacés et anticholinergiques surtout). La mise en place d’une sonde à demeure peut, dans ces cas, améliorer le confort.

7 . 5  -  Le sommeil, la vigilance et l'agitation

La qualité du sommeil doit être maintenue. Elle est étroitement liée au contrôle de la douleur physique. Elle dépend aussi de l'anxiété et de l'état thymique.

Des états confusionnels d’origine multifactorielle  (troubles  métaboliques,  stress , infection, anoxie cérébrale) peuvent apparaître dans les derniers moments de la vie.
Ils sont favorisés par une sédation excessive d'origine médicamenteuse. La correction  de  l'hyperthermie  et  des  troubles métaboliques, la réduction de la thérapeutique, améliorent la vigilance. Parallèlement, il est fondamental d'aider le patient à garder des repères (chambre calme et éclairée) et des contacts fréquents avec sa famille et l'équipe soignante.

Si l'agitation est importante avec cauchemars et hallucinations, il faut penser à réduire ponctuellement la posologie des opiacés  et  à  utiliser  l'halopéridol  avec posologie  initiale  inférieure  à  1  mg  /24 heures.

 Haute Autorité de Santé. Modalités de prise en charge de l'adulte nécessitant des soins palliatifs [en ligne]. Décembre 2002.  

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