5  -  La fin de vie


La mort en gériatrie ne doit pas être comprise comme un échec bien que la médecine moderne revendique souvent le pouvoir de repousser les limites de la vie. Dans nos sociétés, 80% des gens qui meurent ont plus de 65 ans. La médecine gériatrique doit être capable d'établir un projet de soin et d'accompagnement incluant les proches, basé sur le soulagement de la douleur et l'écoute des besoins exprimés par le patient.

5 . 1  -  Les obligations déontologiques

L'Article 37 du Nouveau Code de Déontologie Médicale paru en 1995 établit pour  le médecin une obligation de faire tout son possible  pour  soulager  la  souffrance  du malade. Cette obligation n'admet pas d'exception : elle s'applique en toutes circonstances.

L'Article 38 stipule : «Le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort.»

Le Code de la Santé Publique indique que les établissements de santé et les établissements sociaux et médico-sociaux doivent mettre en oeuvre des moyens propres définis  par  le  Projet  d'Etablissement  pour prendre en charge la douleur des personnes qu'ils accueillent.

La charte du patient hospitaliséDéfinitionEn France, la charte du patient hospitalisé est annexée à la circulaire ministérielle n° 95-22 du 6 mai 1995, relative aux droits des patients hospitalisés. Le service public hospitalier est accessible à tous et en particulier aux personnes les plus démunies. Il est adapté aux personnes handicapées. Les établissements de santé garantissent la qualité des traitements, des soins et de l’accueil. Ils sont attentifs au soulagement de la douleur. L’information donnée au patient doit être accessible et loyale. Le patient participe aux choix thérapeutiques qui le concernent. Un acte médical ne peut être pratiqué qu’avec le consentement libre et éclairé du patient. Un consentement spécifique est prévu notamment pour les patients participant à une recherche biomédicale, pour le don et l’utilisation des éléments et produits du corps humain et pour les actes de dépistage. Le patient hospitalisé peut, à tout moment, quitter l’établissement sauf exceptions prévues par la loi, après avoir été informé des risques éventuels qu’il encourt. La personne hospitalisée est traitée avec égards. Ses croyances sont respectées. Son intimité doit être préservée ainsi que sa tranquillité. Le respect de la vie privée est garanti à tout patient hospitalisé ainsi que la confidentialité des informations personnelles, médicales et sociales qui le concernent. Le patient a accès aux informations contenues dans son dossier notamment d’ordre médical par l’intermédiaire d’un praticien qu’il choisit librement. Le patient hospitalisé exprime ses observations sur les soins et l’accueil et dispose du droit de demander réparation des préjudices qu’il estimerait avoir subis.(1995) précise que lorsque les personnes sont parvenues au terme de leur existence, elles reçoivent  des  soins  d'accompagnement  qui répondent à leurs besoins spécifiques. Elles sont accompagnées si elles le souhaitent par leurs proches et les personnes de leur choix et naturellement par le personnel.

 Ordre National des Médecins. Code de Déontologie Médicale [en ligne].

5 . 2  -  Soins palliatifs et soins terminaux

Les soins palliatifs sont des soins actifs dans une approche globale de la personne en phase évoluée d'une maladie potentiellement  mortelle.  Dans  ce  concept,  il devient primordial de prendre en compte et de soulager les douleurs physiques, ainsi que la souffrance psychologique et spirituelle des patients. Les soins  palliatifs sont souvent  associés  à  des  soins  curatifs encore utiles dans le contexte de la maladie causale. Les effets positifs ou les inconvénients des traitements entrepris (sonde, perfusion...) sont évalués très régulièrement par les équipes soignantes pour éviter le risque de trop d'abstention thérapeutique et celui de l'escalade thérapeutique.

La pratique de soins palliatifs en gériatrie s'est étendue à d'autres pathologies que le cancer:  défaillances  viscérales  graves (insuffisance cardiaque ou rénale), AVC
étendus,  polypathologies  évoluées  avec dépendance lourde et démences.

Une réflexion éthique est alors indispensable avec l'équipe soignante avant d'entreprendre des interventions chirurgicales lourdes, la mise en place de sonde d'alimentation ou d'intubation ou même des techniques  de  réanimation  de  pratique courante chez les sujets plus jeunes.

A ce moment l’imminence du décès doit être dite par le médecin à l’ensemble des intervenants, dont la famille, sur la base des  observations  recueillies . Cette annonce  vise  à  éviter  les  discordances d’une équipe où chacun percevrait à des moments différents le passage à la phase terminale,  mais  tend  à assurer,  au contraire, la participation concertée, chacun dans son rôle, aux soins de fin de vie. Dès lors, l’objectif essentiel est le confort du patient évitant les examens complémentaires et les thérapeutiques inutiles, en prenant en considération les risques (épuisement, douleur ...) et l’effet thérapeutique escompté.

Les soins terminaux considèrent le malade comme un vivant et sa mort comme un processus normal. Ils ne hâtent ni ne retardent le décès.

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