3  -  Evaluation de la douleur


La prise en charge correcte de la douleur chez  les  personnes  âgées  nécessite, comme chez l'adulte jeune, le recueil de l’anamnèseDéfinitionL’anamnèse est le récit des antécédents.L'anamnèse retrace les antécédents médicaux et l'historique de la plainte actuelle du patient (c'est-à-dire l'histoire de la maladie - terme qui n'est pas synonyme d'anamnèse), avec les résultats des différentes explorations déjà faites et les traitements entrepris. Plainte signifie ici de quoi se plaint le patient (et non pas faire une plainte). Elle est recueillie en général suite à un interrogatoire mené par un médecin auprès du patient ou de l'un de ses proches. Elle est le premier élément de l'examen médical proprement dit. Elle est colligée dans le dossier médical. C'est la première étape pour aboutir au diagnostic., un examen clinique et un diagnostic précis.

3 . 1  -  La verbalisation des symptômes

L'interrogatoire  du  patient  et  de  son entourage  reste  l’élément  déterminant dans  l’évaluation  de  la  plainte  douloureuse. Il fera préciser la localisation, le type, la durée, l'intensité de la douleur, les facteurs déclenchants ou soulageants. Il permet d’apprécier le retentissement sur les activités de la vie quotidienne et le vécu de la douleur. Néanmoins, un tiers des patients âgés hospitalisés présentent des handicaps sensoriels, des troubles du langage ou un déficit cognitif gênant l’expression de leur douleur.

Pour cette catégorie de personnes âgées, il est important d'observer certains paramètres  physiologiques  tels  que  la  fréquence cardiaque et respiratoire, la présence de sudation, le tonus musculaire, mais surtout le comportement du patient (posture, cris, expression du visage).

3 . 2  -  Evaluation de l'intensité de la douleur

Lorsque la communication est possible, les  capacités  visuelles  et  cognitives  permettent l’utilisation de l’échelle visuelle analogique (EVA). Cette échelle d’auto-évaluation permet au patient d'indiquer sur une ligne de 10 cm l'intensité de sa douleur au moment de l'examen.

Elle a été validée en gériatrie, mais elle demande des capacités d'abstraction et de compréhension  qui  en  limitent  l'usage chez les personnes âgées (en pratique, moins de 3 personnes âgées sur 10 comprennent le fonctionnement de l'échelle visuelle analogique).

De  ce  fait,  l'échelle  verbale  simple  et l'échelle numérique ont la préférence de certaines équipes soignantes.

Chez les patients ayant des troubles de la compréhension et/ou de la communication,  des échelles d'observation comportementale sont utilisées comme chez l'enfant.  L'observateur  doit  analyser  les modifications comportementales des personnes  âgées  douloureuses  dans  trois registres :
- le retentissement somatique en notant la position antalgique au repos, l'hypertonie et l'opposition à la mobilisation, la protection des zones douloureuses, les plaintes, les cris et surtout l'expression du visage (rictus, grimaces, froncement des sourcils, yeux clos...)
- le  retentissement  psychologique  en notant le sommeil, la communication avec l'entourage, l’angoisse, l’existence d’un état régressif ou dépressif.
- le  retentissement  psychosocial  en notant la limitation des actes de la vie quotidienne provoquée par la douleur au  moment  des  transferts,  de  la marche, de la toilette et des repas

L'échelle Doloplus est un instrument d'hétéro-évaluation validé, fondé sur l'observation comportementale (Tableau 1).

L'évaluation comportementale de la douleur contribue à la prise en considération, trop souvent négligée, de la douleur chez les patients âgés dépendants.

Tableau 1 : Echelle Doloplus®
NOM :                       Prénom :                                                        Service :
Observation comportementale     Dates
Retentissement somatique
1. Plaintes somatiques
• pas de plainte
• plaintes uniquement à la sollicitation
• plaintes spontanées occasionnelles
• plaintes spontanées continues
 

0
1
2
3
 

0
1
2
3
 

0
1
2
3
 

0
1
2
3
 2. Positions antalgiques au repos
 • pas de position antalgique
• le sujet évite certaines positions de façon occasionnelle
• position antalgique permanente et efficace
• position antalgique permanente et inefficace
 0
1
2
3
 0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
 3. Protection  de zones douloureuses
• pas de protection
• protection à la sollicitation n’empêchant pas la poursuite de l’examen ou des soins
• protection à la sollicitation empêchant tout examen ou soins
• protection au repos, en l’absence de toute sollicitation
0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 4. Mimique
• mimique habituelle
• mimique semblant exprimer la douleur à la sollicitation
• mimique semblant exprimer la douleur en l’absence de toute sollicitation
• mimique inexpressive en permanence et de manière
inhabituelle (atone, figée, regard vide)
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 5.Sommeil
• sommeil habituel
• difficultés d’endormissement
• réveils fréquents (agitation motrice)
• insomnie avec retentissement
Retentissement psychomoteur
6. Toilette et/ou habillage
• possibilités habituelles inchangées
• possibilités habituelles peu diminuées (précautionneux mais complet)
• possibiltés habituelles très diminuées  toilette et/ou
habillage étant  difficiles et partiels
• toilette et/ou habillage impossibles, le malade exprimant son opposition à toute tentative
 0
1
2
3
0
1
2
3
0
1
2
3
 0
1
2
3
 7. Mouvements
• possibilités habituelles inchangées
• possibilités habituelles actives limitées (le malade évite
certains mouvements, diminue son périmètre de marche)
• possibilités habituelles actives et passives  limitées
(même aidé, le malade diminue ses mouvements)
• mouvement impossible, toute mobilisation entraînant une opposition
Retentissement psychosocial
8. Communication
• inchangée
• intensifiée (la personne attire l’attention de manière inhabituelle)
• diminuée (la personne s’isole)
• absence ou refus de toute communication
 0
1
2
3
 0
1
2
3
0
1
2
3
 0
1
2
3
 9. Vie sociale
• participation habituelle aux différentes activités
(repas, animations, ateliers thérapeutiques)
• participation aux différentes activités uniquement à la sollicitation
• refus partiel de participation aux différentes activités
• refus de toute vie sociale
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
 10. Troubles du comportement
• comportement habituel
• troubles du comportement à la sollicitation et itératif
• troubles du comportement à la sollicitation et permanents
• troubles du comportement permanents (en dehors de toute sollicitation)
0
1
2
3
 0
1
2
3
 0
1
2
3
0
1
2
3
 SCORE    
L’échelle Doloplus® : WARY-B - Collectif Doloplus, «Plaidoyer pour l’évaluation de la douleur chez le sujet âgé», Gérontologie et Société, 1997, 78, 83, 94.
3/10