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Spécificités cliniques de la douleur chez les sujets âgés
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Fréquence
La prévalence des plaintes douloureuses augmente avec l'âge. En milieu communautaire, le pourcentage des personnes qui déclarent avoir ressenti une douleur dans les deux semaines précédentes est de 25 à 30 % pour les 70 - 80 ans et de 40 % pour les plus de 80 ans, avec une nette prédominance féminine.
En institution, la douleur est encore plus fréquente (45 à 70 %). Elle est chronique dans un tiers des cas. Sa prévalence augmente chez le patient en fin de vie. Dans le mois qui précède la mort, 65 à 70 % des personnes présentent des douleurs permanentes ou très fréquentes.
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Localisation
Les sujets âgés sont avant tout exposés aux douleurs musculosquelettiques dans le cadre de l'arthrose, de l'ostéoporose et des conséquences mécaniques des chutes. Pour
les pathologies neurologiques, les douleurs sont liées à des neuropathies périphériques, à des crampes des membres inférieurs ou à un syndrome des jambes sans repos. Les séquelles d'accident vasculaire cérébral associent des douleurs par troubles du tonus, des rétractions tendineuses, des algodystrophiesDéfinitionL'algoneurodystrophie ou algodystrophie est un syndrome douloureux caractérisé par un ensemble de symptômes, dont les sensations de cuisson, touchant des articulations après un traumatisme ou une intervention chirurgicale même minimes. Ce syndrome pourrait être dû à des causes neurologiques ou vasculaires et surviendrait plutôt chez des patients anxieux.Il est également appelé Syndrome de Sudeck ou Maladie de Sudeck du nom du médecin allemand Paul Herman Martin Sudeck (1866-1945) qui le premier l'a décrite. et plus rarement, un syndrome thalamiqueDéfinitionLe syndrome thalamique désigne une ensemble de troubles dont la nature et l'ampleur dépendent de la localisation et de l'étendue de la lésion causale. Parmi les déficits observables, on compte :des troubles sensitifs et douleurs thalamiques, des troubles moteurs (déficit musculaire, syncinésies, contractures, hémichorée, astérixis, myoclonies d'intention et d'action, astasie/abasie, négligence motrice), extinctions sensorielles, négligence spatiale lors de lésions préférentielles latéralisées à droite, aphasie lors de lésions latéralisées à gauche (réduction de la fluence verbale, paraphasies, persévérations, agrammatismes)..
Certaines affections sont responsables de douleurs chroniques rebelles comme les cancers évolués incurables avec métastases osseuses et / ou compression de voi- sinage, les ischémies tissulaires d'origine artérielle, les immobilisations prolongées au lit ou au fauteuil avec constitution d'escarres et de rétractions tendineuses.
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Particularités sémiologiques
Des pathologies aiguës chirurgicales ou médicales classiquement douloureuses surviennent sans douleur ou avec une symptomatologie atypique et trompeuse. Certaines affections comme l'infarctus du myocarde, l'ulcère de l'estomac ou les urgences abdominales surviennent, dans plus de la moitié des cas, en l'absence de douleur aiguë évocatrice. Les localisations de la douleur sont souvent atypiques : douleurs abdominales de l'infarctus du myocarde et des pneumopathies.
Inversement, les douleurs chroniques sont plus fréquentes que chez l’adulte. Le zona entraîne des algies post-zostériennes dans 70 % des cas après 70 ans. La névralgie faciale par conflit anatomique vasculo-nerveux n'apparaît qu'après 60 ans. Les douleurs post- traumatiques ou post-chirurgicales comme les douleurs des membres fantôme après amputation sont fréquentes chez les personnes âgées, de même que les algodystrophies et les causalgies.
Les plaintes douloureuses traduisent volontiers d'autres souffrances difficiles à exprimer comme le sentiment de solitude, la crainte de la maladie grave, la peur de la mort. Les plaintes sont alors multiples, imprécises, diffuses. Elles apparaissent disproportionnées par rapport aux données somatiques. Elles s'accompagnent d'une asthénie matinale, de troubles du sommeil avec une insomnie de la deuxième partie de la nuit et d'une variabilité des troubles somatiques dans la journée. La douleur est parfois utilisée par les personnes âgées pour justifier un confinement au domicile, une clinophilieDéfinitionLa clinophilie est le fait de rester au lit, la journée, allongé, pendant des heures, tout en étant éveillé. C'est un trouble d'origine psychologique parfois trouvé dans la dépression ou certaines formes de schizophrénie. Il faut faire attention à ne pas confondre ce trouble avec une véritable hypersomnie puisque dans cette dernière les patients dorment réellement et très profondément alors que dans la clinophilie on ne retrouve pas objectivement ce long temps de sommeil que les patients peuvent décrire. Dans la clinophilie si les patients se plaignent de trop dormir c'est surtout un choix de leur part et non pas un défaut physiologique d'un système d'éveil/sommeil comme dans les cas de l'hypersomnie idiopathique ou de la narcolepsie.La clinophilie peut également accompagner un syndrome post-chute dans le cadre d'une régression psychomotrice globale chez la personne âgée. ou une dépendance par rapport aux tiers. Un traitement d'épreuve par des antidépresseurs réduit ou fait disparaître la symptomatologie algique.
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Retentissement fonctionnel
La douleur est source d'anorexie persistante, de perte d'autonomie et de dépression. La dépression accentue l'intensité des douleurs organiques. La douleur non contrôlée conduit à des états régressifs avec détachement, repli sur soi, désinvestissement de l'entourage et désir de mort .
Enfin, la douleur peut à tout moment précipiter la personne âgée dans un syndrome confusionnelDéfinitionLe syndrome confusionnel ou confusion mentale comprend un ensemble de troubles des fonctions supérieures, et correspond à une atteinte aiguë et globale des fonctions mentales, se caractérisant essentiellement par un trouble de la conscience. Un onirisme peut lui être associé, on parle alors de syndrome confuso-onirique..
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