Introduction

Au sein d’un établissement hospitalier, le bloc opératoire représente un des secteurs majeurs et certainement l’un des plus emblématiques, en tant que pièce maîtresse du plateau technique. C’est un lieu où sont pratiqués des actes de haute technicité qui représentent souvent les « activités phare » de l’établissement, mais dont le coût et l’investissement financier qu’ils supposent impliquent nécessairement des notions de rentabilité auxquelles s’ajoutent d’incontournables impératifs de sécurité. La diversité des actes réalisés, le fait qu’ils soient pratiqués en activité réglée ou en urgence, la cohabitation entre différentes spécialités, la multiplicité des ressources humaines engagées, le nécessaire respect des réglementations et le souci permanent de la qualité sont autant d’éléments à prendre en compte dans la bonne gestion d’un bloc opératoire [ (1) Adda G., Organisation et gestion des blocs opératoires. In: Hygiène et sécurité dans les établissements de santé. Lyon: AFNOR; 2002.1]. L’organisation d’une telle structure relève donc d’un véritable défi pour lequel il faut savoir concilier les impératifs médicaux et la satisfaction des patients avec des critères tels que la productivité et l’optimisation de l’occupation des salles, plus familiers au milieu de l’entreprise qu’à celui du monde médical. L’évolution permanente des techniques opératoires et des modes de prise en charge a par ailleurs comme conséquence de rentre totalement caducs des concepts encore valides il y a quelques années. Tous ces éléments doivent être pris en compte afin d’élaborer la meilleure gestion possible du bloc opératoire [1- (2) Acquier R., Maîtriser l’organisation en bloc opératoire. Un défi permanent. Paris: Éditions ESKA; 2004.2- (3) Coulon S, CaherecV., Bloc opératoire et sites interventionnels, les nouveaux défis. Inter-Bloc 2003;22(2).3], une bonne organisation reposant essentiellement sur des règles de fonctionnement précises, telles qu’elles auront été détaillées dans la charte et le règlement intérieur du bloc opératoire, et que le conseil de bloc opératoire a pour mission de faire respecter.

1  -  Préambule

Fort de ce qui vient d’être dit, l’organisation d’un bloc opératoire semble une véritable gageure qu’il est particulièrement complexe de mettre en route. De multiples aspects doivent être pris en compte dont la taille et le mode de fonctionnement de l’établissement où l’on exerce. Le bloc opératoire d’un grand centre hospitalier universitaire ne peut être organisé comme celui d’un hôpital régional plus modeste et encore moins comme celui d’un établissement privé. La prise en compte des facteurs humains est essentielle dans une période où la pénurie de personnels est aggravée par la réduction du temps de travail des personnels médicaux et paramédicaux, de même que par la récupération des gardes, tout ceci alors que les durées de formation s’allongent et que les réglementations deviennent de plus en plus sévères. L’organisation « idéale » d’un bloc opératoire telle qu’elle peut apparaître à la lecture des pages qui suivent peut donc sembler un mythe difficilement accessible, tant les critères à réunir semblent nombreux et souvent antagonistes.

"A retenir"

Retenons cependant l’importance de la lutte contre les infections nosocomiales et les infections liées aux soins, telle qu’elle a été définie dans la circulaire de décembre 2000 [4] et dans l’arrêté du 23 septembre 2004 [5]. Dans ce cas précis, la lutte contre les infections du site opératoire (ISO) représente un des éléments majeurs dont il faut impérativement tenir compte dans l’organisation du bloc opératoire [ (6) Desplaces N., Infections nosocomiales en chirurgie orthopédique.EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Appareil locomoteur, 14-016-B-10, 2000 : 11p.6] et bien évidemment lors de sa conception ou de sa restructuration [7].

Si les mentalités ont beaucoup évolué et si le chirurgien a perdu une grande partie de ses pouvoirs d’antan, il n’en reste pas moins que des conflits sous-jacents peuvent à tout moment éclater dans ce milieu où tant d’intérêts contraires se trouvent confrontés. Il s’agit là d’un domaine très sensible où les susceptibilités de chacun sont exacerbées au plus haut point, ce que doivent prendre en compte les responsables de la coordination et de l’organisation du bloc opératoire à l’occasion de certaines décisions qu’ils sont amenés à prendre. Il faut en particulier rester très vigilant sur la tendance actuelle et omniprésente de vouloir systématiquement transposer les règles de fonctionnement du milieu industriel à celui du milieu médical [ (8) Chaabane S, Guinet A, Smolski N, Guiraud M, Luquet B, Marcon E, et al., La gestion industrielle et la gestion des blocs opératoires. Ann Fr Anesth Reanim 2003;22:904-8.8]. Si ces techniques de gestion, pour la plupart importées du mode anglo-saxon, ont fait la preuve de leur efficacité dans le secteur industriel, leur transposition dans le secteur médical demande une analyse extrêmement rigoureuse avant de les appliquer. C’est la raison pour laquelle les nouveaux modes de fonctionnement tels qu’ils sont proposés au sein des blocs opératoires ne doivent pas se mettre en place sans la participation et l’assentiment des chirurgiens. Leur implication dans ces différents processus est le plus souvent le point de départ d’une bonne organisation.

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