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Il s’agit d’une infection potentiellement grave, de bon pronostic si le traitement est bien conduit, mais avec un risque de complications à type de sepsis grave, d’abcès prostatique ou de passage à la chronicité, notamment chez le diabétique et l’immunodéprimé.
L’antibiothérapie est difficile en raison de la mauvaise diffusion prostatique de nombreuses molécules (β-lactamines, aminosides), surtout dans les formes chroniques du fait de la fibrose. La stratégie diagnostique et thérapeutique varie selon la forme clinique.
Le diagnostic microbiologique repose sur l’ECBU et les hémocultures dans les formes sévères. Le massage prostatique est déconseillé plus du fait du caractère douloureux que du risque de dissémination à proprement parler. Le bilan est complété par une échographie vésicale par voie sus-pubienne à la recherche d’une rétention d’urines : mesure du résidu postmictionnel, recherche d’un globe vésical. L’échographie transrectale est déconseillée à la phase aiguë.
En cas d’évolution défavorable, il faut rechercher un abcès prostatique par une IRM ou à défaut par une échographie transrectale. Les principales complications de la prostatite aiguë sont :
L’antibiothérapie est débutée de manière probabiliste, en choisissant :
En cas de sepsis sévère, il est préférable d’ajouter initialement un aminoside (amikacyne, gentamycine, nétilmicine, tobramycine) pendant 1 à 3 jours (jusqu’à l’apyrexie), puis de proposer un relais par voie orale après obtention de l’antibiogramme en privilégiant les deux seules classes d’antibiotiques à bonne diffusion prostatique : fluoroquinolone et cotrimoxazole. La durée totale du traitement est mal codifiée mais dure classiquement 3 à 4 semaines. Elle peut se limiter à 14 jours dans les formes pauci-symptomatiques à germe très sensible, ou être étendue à 21 jours ou plus en cas d’abcès ou de traitement probabiliste inactif.
Certaines mesures associées sont recommandées comme le traitement symptomatique (antalgiques, antipyrétiques [pas d’AINS] et les α-bloquants en cas de dysurie.
La surveillance clinique est indispensable et s’assure d’un retour à l’apyrexie après 48 h d’antibiothérapie efficace. En cas de rétention d’urines, le drainage vésical sera classiquement assuré par un cathéter sus-pubien.
L’ECBU de contrôle est systématique sous traitement antibiotique en cas de persistance de la fièvre et 4 à 6 semaines après la fin du traitement, afin de dépister une éventuelle prostatite chronique, une rechute ou une récidive.
À distance de l’épisode, il faudra effectuer un bilan à la recherche d’un facteur favorisant :
En cas d’abcès prostatique, le traitement médical est le plus souvent suffisant. Dans le cas contraire, un drainage à l’aiguille (par voie transrectale ou transpérinéale) ou drainage chirurgical peut être réalisé.
Il faut savoir prendre en charge le cas particulier de la prostatite aiguë iatrogène après biopsies de prostate. Il s’agit d’une urgence médicale qui peut mettre en jeu le pronostic vital. Une hospitalisation initiale est recommandée avec la réalisation d’un ECBU et d’hémocultures. Une bi-antibiothérapie intraveineuse probabiliste est recommandée associant des C3G injectables et un aminoside (en raison de la sélection des germes par l’antibioprophylaxie par fluoroquinolone), adaptée dans un second temps aux données de l’antibiogramme.
La symptomatologie est souvent peu bruyante et associe notamment :
La prostate est inconstamment augmentée de volume, irrégulière ou douloureuse. Il faut évoquer ce diagnostic devant toute infection urinaire récidivante chez l’homme. L’ECBU après massage prostatique a un intérêt pour le diagnostic microbiologique (test des 4 verres selon Meares et Stamey). Les autres explorations vont rechercher un facteur favorisant et éliminer un diagnostic différentiel :
Le traitement antibiotique doit être prolongé car les remaniements scléro-fibreux rendent l’éradication bactérienne difficile. Il faut privilégier les fluoroquinololes ou le cotrimoxazole si les germes sont sensibles, car ces antibiotiques ont une meilleure diffusion prostatique. La durée du traitement est mal codifiée, de 4 à 12 semaines selon la situation. Le traitement urologique d’un facteur favorisant doit toujours être envisagé.