3 . 7  -  Gestion de l’anaphylaxie

3 . 7 . 1  -  Généralités


L’anaphylaxie est la manifestation la plus grave des réactions d’hypersensibilité immédiates.

Il s’agit d’un syndrome clinique associant de manière variable des signes respiratoires (dyspnée et bronchospasme) et/ou circulatoires (tachycardie, hypotension, collapsus) et le plus souvent des signes cutanéomuqueux (urticaire, œdème, grave lorsqu’il touche le larynx). D’autres signes (douleurs abdominales, diarrhée, vomissements) peuvent être associés (HAS).

Chez l’enfant, la première cause est l’allergie alimentaire.

La mortalité est estimée à 1,5 % (Réseau Allergo-Vigilance 2001–2007).

Il existe des facteurs de risque associés à la gravité des manifestations :

  • un événement antérieur d’anaphylaxie peu sévère ou non pris en compte ;
  • le patient asthmatique ;
  • certains allergènes : fruits à coque, lait de vache, venins d’hyménoptères ;
  • le patient sous bêtabloquant (rare chez l’enfant).

3 . 7 . 2  -  Identifier des manifestations anaphylactiques


Les manifestations d’anaphylaxie apparaissent dans les minutes suivant l’ingestion ou l’injection de l’allergène (< 2 h). La sévérité du trouble et le tableau clinique sont variables et imprévisibles.

En cas de suspicion de réaction anaphylactique il est important de noter la présence de symptômes aigus faisant craindre la mise en jeu du pronostic vital (tableau 33.2).

Tableau 33.2 Signes d’anaphylaxie
Signes cutanéomuqueux (très fréquents)
                       
– Prurit généralisé (palmoplantaire)
                      
– Flush
                       
– Urticaire
                      
– Œdème de la face ou de la langue, muqueuses, conjonctives, extensif
Signes cardiovasculaires
                       
– Malaise, perte de connaissance, sensation de mort imminente
                      
– Collapsus cardiovasculaire
Signes respiratoires
                       
– Voies aériennes supérieures : œdème laryngé, pharyngé, luette, se manifestant par une dysphagie, dysphonie, dyspnée laryngée
                       
– Voies aériennes inférieures : bronchospasme, tachypnée, asthme
Signes gastro-intestinaux
                       
– Nausées, vomissements
                       
– Douleurs abdominales

3 . 7 . 3  -  Prise en charge thérapeutique urgente


Manifestations sévères et/ou d’évolution (extension) rapide

Adrénaline
 :

  • à la dose de 0,01 mg/kg par voie IM ;
  • si stylo auto-injectable à disposition (vidal 2014) : 0,15 mg de 15 à 25 kg, 0,30 mg si > 25 kg ;
  • peut être répétée ;
  • la voie IV continue (0,001 mg/kg/h) est réservée en cas d’échec de la voie IM (réanimation).

L’adrénaline a une demi-vie courte et est bien tolérée chez l’enfant.

Il n’y a pas de contre-indication absolue puisque le pronostic vital est engagé.

Traitements d’urgence associés :

  • libération des voies aériennes supérieures ;
  • bronchodilatateurs de courte durée d’action indispensables en cas de bronchospasme (l’adrénaline ne suffit pas) ;
  • remplissage vasculaire en cas de collapsus.

Les corticoïdes n’ont pas de place à la phase aiguë de l’anaphylaxie, leur rôle est peut-être d’éviter ou de limiter les réactions tardives (non prouvé).

Traitements des manifestations peu sévères

Certaines réactions anaphylactiques se limitent à une urticaire, un œdème localisé.

Les antihistaminiques peuvent être proposés en première intention avec une surveillance étroite.

Surveillance médicale au décours immédiat

Elle est au minimum de 6 heures en milieu hospitalier, dépendant de l’évolution et de la gravité initiale.

3 . 7 . 4  -  Enquête diagnostique

  • Préciser la chronologie de la réaction :
    • noter l’heure de début de survenue des symptômes ;
    • noter les circonstances ayant précédé leur début pour aider à identifier un ou des possibles facteurs déclenchants (repas et composition des repas).
  • Réaliser un dosage sanguin de la tryptase en cas de suspicion de réaction anaphylactique :
    • le plus tôt possible après avoir débuté le traitement d’urgence ;
    • un 2e échantillon est à prélever idéalement 1 à 2 heures après le début de l’épisode sans dépasser 4 heures.
  • Orientation vers une consultation d’allergologie :
    • objectifs : prise en charge diagnostique, thérapeutique et éducationnelle ;
    • envoyer un courrier au médecin traitant.

3 . 7 . 5  -  Mesures préventives

  • Éviter une récidive avant la consultation spécialisée :
    • prescription d’une seringue auto-injectable d’adrénaline au domicile, enseignement de son utilisation ;
    • éviction du ou des allergènes suspectés.
  • Carte d’allergique remise par le professionnel de santé avec informations sur :
    • le mécanisme et les symptômes de la réaction anaphylactique, y compris le risque de réaction biphasique (en 2 temps) ;
    • la conduite à tenir en cas de réaction anaphylactique (utiliser la seringue auto-injectable d’adrénaline et appeler le Samu 15 ou le 112), l’utilisation correcte de la seringue auto-injectable d’adrénaline (comprenant une démonstration pratique) et quand l’utiliser ;
    • si un allergène possible a été identifié, la stratégie d’éviction du ou des allergènes ;
    • le service d’allergologie et/ou l’allergologue à contacter, les associations de patients.

Chez l’enfant, un projet d’accueil individualisé est mis en place à la demande des parents auprès de l’établissement scolaire (ou centre de vacances) et une trousse d’urgence comprenant anti-H1 et stylo auto-injectable d’adrénaline associé à un plan d’action est disponible à l’école.

7/10