2 . 3  -  Tests diagnostiques

2 . 3 . 1  -  Tests cutanés


Tests épicutanés par prick

C’est le test diagnostique de 1re intention de l’allergie IgE médiée pour les pneumallergènes et trophallergènes.

Ils sont pratiqués par prick (lancette en plastique), avec des extraits d’allergènes qui peuvent être de fabrication pharmaceutique (extraits) ou avec le produit natif.

Il y a systématiquement :

  • un test de contrôle de la réactivité de la peau (témoin positif à l’histamine par dégranulation des mastocytes) ;
  • un témoin négatif pour éliminer un dermographisme facilitant des faux positifs.

Le nombre d’allergènes testés varie selon l’enquête allergologique souhaitée.

La lecture se fait après un délai de 10–20 minutes.

L’apparition d’une papule est le témoin d’une réactivité de la peau (l’érythème associé n’est pas suffisant). Le diamètre de 3 mm est considéré comme significatif. Une papule > 5 mm est généralement bien corrélée avec l’allergie clinique.

Les antihistaminiques doivent être arrêtés depuis 7 à 21 jours selon les molécules. Les tests peuvent être négativés par l’application de dermocorticoïdes, d’une corticothérapie orale au long cours. Ils sont difficiles à réaliser sur une dermatite atopique étendue et sévère.

Il n’existe pas de limite inférieure d’âge pour pratiquer les tests cutanés. La réactivité cutanée est plus faible chez les jeunes enfants, avec une reproductibilité médiocre.

Tests intradermiques

C’est un test diagnostique de l’allergie IgE médiée.

Ils sont utilisés dans l’exploration des allergies aux médicaments et aux hyménoptères.

Ils doivent être réalisés dans un environnement médicalisé avec une surveillance adaptée.

Patch tests

La substance à tester est déposée sous un dispositif occlusif pendant 48 heures.

Ils sont :

  • utilisés dans l’exploration des allergies de contact (cosmétiques, métaux), pour lesquelles il existe des batteries standardisées ;
  • discutés mais non recommandés dans les allergies alimentaires ou digestives non IgE médiées ;
  • inutiles dans l’exploration des allergies IgE médiées.

La lecture se fait 24 heures après le retrait du patch. Le test est à l’évidence positif s’il reproduit une lésion d’eczéma franche. Les critères d’interprétation d’une induration ou du nombre de papules nécessitent d’être expérimenté.

2 . 3 . 2  -  Éosinophilie


Une éosinophilie supérieure à 400/mm3 reste un argument pour l’origine allergique des troubles, mais ce test manque de spécificité et de sensibilité.

L’hyperéosinophilie est aussi retrouvée en cas de parasitose, de stress, de prise médicamenteuse, voire d’infection virale.

2 . 3 . 3  -  Tests biologiques de dépistage de l’allergie


Les tests sériques de dépistage sont des tests unitaires vis-à-vis d’allergènes mélangés dans le même réactif (pneumallergènes, ou trophallergènes) ou sur le même support sans identification de l’allergène. La réponse est binaire : positive ou négative.

2 . 3 . 4  -  IgE totales


Le dosage des IgE totales ne peut pas être utilisé comme test de dépistage de l’atopie. Les IgE totales ne sont pas spécifiques de l’atopie : elles peuvent être élevées dans des maladies de système, des déficits immunitaires, des parasitoses.

Les indications des IgE totales sont limitées :

  • à l’argumentation du diagnostic d’atopie, essentiellement chez l’enfant âgé de moins de 3 ans ; les taux sont alors élevés (> 20 × l’âge en année) ;
  • à l’adaptation de la dose à administrer d’omalizumab (anti-IgE monoclonal).

2 . 3 . 5  -  IgE spécifiques


Les tests unitaires vis-à-vis d’allergènes séparés dans un même réactif ou sur un même support, permettant d’identifier les IgE spécifiques ne peuvent être utilisés comme tests de dépistage.

Des IgE spécifiques ne sont pas disponibles pour tous les allergènes. Leur prescription est guidée par le résultat des tests cutanés par prick.

La prescription est limitée à 5 pneumallergènes, 5 trophallergènes, ou 5 autres (hyménoptères, latex, médicaments…).

Dans l’allergie respiratoire, leur dosage n’est pas obligatoire pour confirmer le diagnostic si le test épicutané par prick du pneumallergène est fortement positif. Il est souvent réalisé avant la mise en place d’une désensibilisation.

Leur dosage est systématique pour les allergies alimentaires. Certains taux seuils prédictifs d’allergie vraie ont été rapportés pour des trophallergènes mais restent discutés.

On distingue deux types d’IgE spécifiques :

  • ceux dirigés contre les composants naturels (ex. : bouleau) ;
  • ceux dirigés vis-à-vis de composants moléculaires de l’allergène, dits recombinants (ex. : pour le bouleau, BetV1 qui est une PR10, BetV2 qui est une profiline).

Les IgE recombinants déterminent des protéines allergéniques (épitopes), partagées par des allergènes de différentes familles :

  • ils éclairent les réactions allergiques croisées (ex. : bouleau et de nombreux fruits ou légumes) ;
  • ils permettent de classifier pour un même produit des allergènes majeurs avec des réactions potentiellement sévères, et des allergènes mineurs avec des réactions légères ;
  • la relation clinico-biologique reste variable, et se limite à un risque relatif plus ou moins important.

Il existe des biopuces à allergènes qui mesurent avec seulement 20 μL de sérum les IgE spécifiques de 112 allergènes recombinants ou naturels purifiés, issus de 45 sources allergéniques. Cet examen n’est pas remboursé.

2 . 3 . 6  -  Épreuve d’éviction-réintroduction


Elle est indiquée en cas de suspicion d’allergie non IgE médiée.

Ce test est proposé dans l’allergie alimentaire avec une éviction de 4 semaines de l’aliment suspect. Une amélioration doit être constatée. La réintroduction de ce même aliment provoque la réapparition des symptômes.

C’est le « gold-standard » dans l’allergie aux protéines de lait de vache non IgE médiée.

2 . 3 . 7  -  Tests de provocation


Il consiste à exposer l’organe cible à l’allergène présumé responsable des manifestations et à mesurer la réponse au niveau de cet organe.

Le test de provocation orale est le test diagnostique de référence pour l’allergie IgE médiée alimentaire ou médicamenteuse :

  • le patient ingère des quantités croissantes de l’aliment selon une procédure établie (plusieurs heures), à intervalle de temps régulier, avec une augmentation quantitative pour atteindre une dose cumulée ;
  • l’objectif est de provoquer des signes cliniques d’allergie ;
  • le risque anaphylactique impose son déroulement en hospitalisation de jour, dans un environnement adapté et sécurisé pour le patient ; la surveillance est au minimum de 2 heures après la fin de l’ingestion ;
  • si la relation de cause à effet est certaine entre l’aliment et les signes cliniques IgE médiés, le test de provocation permet de déterminer un seuil de tolérance pour une induction de tolérance ;
  • si les signes cliniques mettent en jeu le pronostic vital (anaphylaxie systémique) et l’allergène alimentaire est identifié, le test de provocation orale est inutile voire dangereux ; cette règle n’est pas toujours vraie pour les médicaments (cohaptène).

Le test de provocation inhalée peut s’avérer utile :

  • en cas de manifestations respiratoires, on expose le nez ou les bronches à des concentrations croissantes de l’allergène, le test est positif si le patient a une obstruction bronchique ou nasale ou des signes cliniques, parfois une augmentation de l’éosinophilie nasale ;
  • il ne s’agit pas d’un examen de routine et nécessite un matériel spécifique.

2 . 3 . 8  -  Dosage des allergènes


Le dosage des allergènes, ou d’un produit reflet du taux d’allergène, dans l’environnement du patient est maintenant possible pour certains allergènes.

Il permet, dans les cas difficiles, de vérifier la concordance entre la présence de signes cliniques et un niveau élevé d’allergènes dans l’environnement. Il est notamment possible de mesurer les concentrations d’acariens au domicile, de composants organiques volatiles, de recueillir les moisissures.

Ces techniques sont appelées à se développer avec les techniciens (conseillers) d’environnement qui se déplacent à domicile.

4/10