3  -  Prise en charge de l’enfant allergique

3 . 1  -  Généralités


L’avenir de l’allergologie est probablement dans la prévention primaire de l’allergie qui se situe entre la conception et l’âge de 3 ans. Quand les manifestations à caractère allergique sont déjà installées, la prévention secondaire et tertiaire repose avant tout sur le contrôle de l’environnement, l’éducation du patient, les traitements médicamenteux, la désensibilisation.

3 . 2  -  Prévention primaire de l’allergie


Peu de mesures ont montré leur efficacité. Il est raisonnable de conseiller uniquement celles qui ont fait la preuve de leur efficacité par des études cliniques.

En synthèse :

  • pas de régime chez la femme enceinte ;
  • allaitement maternel pendant 4 à 6 mois, sans exclusion chez la femme allaitante ; si le nourrisson allaité a un eczéma franc, rechercher une allergie alimentaire via le lait de mère ;
  • ne pas appliquer de topique à base de protéines chez le nouveau-né et nourrisson ;
  • en cas d’utilisation de lait artificiel ou en complément de l’allaitement maternel, le choix du lait est fonction du risque atopique : en présence d’un terrain familial atopique (asthme, eczéma, rhinoconjonctivite allergique, allergies alimentaires chez l’un des parents ou l’un des membres de la fratrie), un lait HA ayant fait la preuve de son efficacité doit être prescrit ; dans les autres cas, aucune mesure particulière n’est nécessaire ;
  • diversification entre les âges de 4 à 6 mois de vie en gardant du bon sens, mais sans différer l’introduction d’un quelconque aliment ;
  • pas d’éviction préventive systématique des animaux de compagnie ;
  • pas d’éviction préventive systématique de la crèche.

3 . 3  -  Désensibilisation ou immunothérapie


C’est le seul traitement qui permet de modifier le cours de la maladie allergique, en limitant le développement de nouvelles sensibilisations ou l’expression de nouvelles manifestations allergiques.

La désensibilisation (DS) est réservée aux enfants allergiques :

  • monosensibilisé ou lorsqu’un allergène est dominant ;
  • si la composante allergique des manifestations cliniques est au premier plan ;
  • si l’éviction de cet allergène est impossible (ex. : graminées, acariens) ;
  • si la pression thérapeutique pour le contrôle des symptômes est importante.

La DS est habituellement limitée aux pneumallergènes.

Elle est autorisée à partir de l’âge de 5 ans.

Elle peut être saisonnière ou perannuelle. La DS sublinguale est actuellement favorisée, mais la DS injectable est aussi possible.

La désensibilisation aux hyménoptères est indiquée si les réactions à la piqûre sont étendues ou systémiques ; elle est administrée de façon injectable selon des procédures bien codifiées. Elle peut se faire en rush, sur quelques jours en milieu hospitalier.

Pour l’allergie alimentaire, l’immunothérapie spécifique ou l’induction de tolérance est encore du domaine de la recherche.

3 . 4  -  Contrôle de l’environnement


Il faut limiter au maximum, quand cela est réalisable, les contacts avec les allergènes déclenchants.

Des mesures physiques permettent de diminuer l’exposition à des allergènes domestiques, comme les acariens : aération quotidienne des pièces, housses antiacariens pour les matelas, acaricides et élimination des acariens morts (aspirateur).

Il est aussi indispensable de limiter les cofacteurs déclenchant des manifestations : tabagisme passif chez le petit, tabagisme actif chez l’adolescent, utilisation de sprays.

3 . 5  -  Éducation thérapeutique


Quand les manifestations à composante allergique sont présentes, tout particulièrement en cas d’asthme, d’eczéma et d’allergie alimentaire, l’éducation thérapeutique du patient et de son entourage est un élément fondamental de la prise en charge.

Les patients à risque de réactions allergiques sévères doivent avoir sur eux une carte mentionnant leur allergie, ainsi qu’une trousse d’urgence comprenant de l’adrénaline auto-injectable.

À l’école, les enfants allergiques bénéficient de la mise en place d’un projet d’accueil individualisé (PAI) permettant d’informer le personnel scolaire et de donner les traitements d’urgence. Le médecin doit rédiger le plan d’action.

3 . 6  -  Traitements médicamenteux

  • Antihistaminiques H1 de seconde génération :
    • ils limitent les manifestations liées à la dégranulation des mastocytes ;
    • ils s’administrent par voie orale, ou par voie topique (ex. : gouttes ophtalmiques).
  • Autres traitements :
    • traitements des pathologies actives à cause de l’allergie (asthme, rhinite, eczéma), une composante est l’inflammation générée par l’allergie (corticoïdes topiques, inhalés) ;
    • anti-IgE monoclonaux (omalizumab, Xolair®) : leur indication est l’asthme sévère allergique non contrôlé à partir de l’âge de 6 ans.
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