1 . 2  -  Manifestations à caractères allergiques


Les manifestations devant faire évoquer l’allergie sont souvent banales (tableau 33.1). Le caractère récidivant doit attirer l’attention et faire évoquer l’allergie.

Tableau 33.1 Manifestations devant faire évoquer l’allergie
Signes ORL et respiratoires récidivants
                      
– Rhinites
                       
– Obstruction nasale
                      
– Laryngites
                       
– Sinusites
                      
– Toux
                      
– Asthme non contrôlé
Signes cutanés
                      
– Urticaire aiguë
                      
– Œdème
                       
– Eczéma
Signes ophtalmologiques récidivants
                       
– Conjonctivite
                       
– Kératite
Signes digestifs récidivants 
                       
– Non spécifiques :
• vomissements, diarrhées, constipation
• douleurs abdominales
                       
– Évocateurs :
• éviction spontanée d’un aliment
• syndrome oral : prurit vélopalatin, œdème localisé des lèvres ou urticaire péribuccale, dysphagie
Signes généraux 
                       
– Anaphylaxie (risque mortel en l’absence de traitement)
 – Anaphylaxie induite par l’exercice physique
                       
– Retard de croissance pondérale (entéropathie exsudative)

Certaines manifestations sont spécifiques de l’allergie : l’anaphylaxie.

L’allergie est un facteur étiologique de maladies souvent multifactorielles.

Ainsi l’allergie est un facteur étiologique de non-contrôle de l’asthme. Les crises d’asthme sont néanmoins le plus souvent déclenchées par une infection virale, même chez un enfant ayant une allergie associée.

1 . 3  -  Épidémiologie de l’allergie


La prévalence de l’allergie augmente : 30 % des enfants d’âge < 15 ans sont maintenant allergiques, toutes pathologies confondues.

L’allergie alimentaire est en France estimée entre 5 et 7 % chez l’enfant ; 5 % de ces enfants ont des manifestations graves (choc anaphylactique).

L’évolution naturelle dépend de l’allergène :

  • l’évolution de l’allergie alimentaire dépend de l’aliment en cause : l’allergie au lait de vache disparaît dans l’année qui suit (> 80%), l’allergie à l’œuf disparaît fréquemment avant l’âge de 6 ans (52–80 %), l’allergie à l’arachide disparaît rarement (22 % des enfants), les allergies aux oléagineux, aux poissons et aux crustacés persistent ;
  • l’existence d’une ou plusieurs allergies alimentaires dans la petite enfance est un facteur de risque d’autres manifestations allergiques, notamment respiratoires ;
  • les allergies respiratoires persistent généralement ;
  • les allergies médicamenteuses ont une évolution variable selon les mécanismes.

1 . 4  -  Principaux allergènes

1 . 4 . 1  -  Généralités


Les allergènes potentiels sont nombreux, mais seules quelques familles d’allergènes sont à l’origine de la plupart des maladies allergiques de l’enfant.

La liste des principaux allergènes évolue en fonction du mode de vie et des habitudes alimentaires.

1 . 4 . 2  -  Allergènes respiratoires (pneumallergènes)


Les allergènes respiratoires dominants sont : acariens de la poussière de maison, pollens de graminées, de bétulacées, de cyprès (sud de la France), d’ambroisie (région lyonnaise), chat, chien, moisissures (Alternaria), blattes (grandes villes).

Les acariens de poussières de maison sont l’allergène respiratoire le plus fréquent, ubiquitaire et universel. Il est responsable d’une allergie perannuelle, l’allergène étant dans les déjections de ces arachnoïdes. Chez l’enfant, la literie est le réservoir principal.

La prolifération des acariens est favorisée par les chauffages domestiques, la faible luminosité, la présence d’animaux, les tapis. Elle est freinée par l’aération, la lumière et la chaleur naturelle du soleil, et par le lavage des textiles, couettes, sols.

des symptômes récurrents le matin au réveil (rhinite, toux sèche), ou nocturnes sont évocateurs.

Les pollens de graminées, herbacées ou arboracées sont généralement saisonniers selon le calendrier de floraison, variable d’une région à l’autre.

Il existe un relevé pollinique. Les graminées surviennent en général à la fin du printemps et en période estivale, le bouleau au début du printemps, le cyprès en hiver dans les régions concernées.

L’exposition est variable d’une année à l’autre, diminue lorsqu’il pleut, augmente lorsqu’il y a du soleil, du vent.

Les allergènes chat et chien, rongeurs, chevaux sont en relation étroite avec la possession de cet animal. Les symptômes augmentent en intensité au fur et à mesure des contacts. Les symptômes peuvent varier selon la race de l’animal.

Vivre en contact avec un chat dès la naissance peut être protecteur d’une allergie au chat, ce n’est pas vrai pour les autres animaux.

Les allergies aux moisissures sont de multiples sources :

  • habitat : appartements insalubres ou humides, serres ;
  • à prédominance extérieure : Alternaria (spores) en période estivale ;
  • en extérieur et intérieur : Aspergillus sp présent dans la poussière de maison, fréquent lors de travaux, et pendant l’automne (feuilles mortes).les aspergilloses bronchopulmonaires allergiques sont exceptionnelles chez l’enfant (sauf mucoviscidose).

1 . 4 . 3  -  Allergènes alimentaires (trophallergènes)


Le lait de vache est l’allergène est le plus fréquent chez le nourrisson ; l’arachide chez l’enfant.

Puis, on retrouve : l’œuf, les fruits, le kiwi, les poissons, les fruits à coque, les crustacés, le blé, moutarde, lentilles, etc. Les allergies aux protéines végétales augmentent avec l’âge, les allergènes aux protéines animales diminuent avec l’âge.

Le premier contact avec l’allergène est parfois passé inaperçu.

1 . 4 . 4  -  Autres allergènes


Les allergies aux médicaments (bêtalactamines, AINS, paracétamol) sont rares chez l’enfant. Les allergies aux antibiotiques sont diagnostiquées par excès (6 sur 7 n’en sont pas).

Les allergies aux hyménoptères (abeilles, guêpes) sont rares chez l’enfant, et dépendent des régions.

Les allergies au latex sont devenues rares depuis l’éviction du matériel médical en latex.

Les allergies de contact sont sous-estimées chez l’enfant et l’adolescent. Elles sont rencontrées en milieu professionnel (formation par apprentissage, cosmétiques).

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