4  -  Clinique des leishmanioses cutanées et cutanéo-muqueuses

4 . 1  -  Leishmanioses Cutanées Localisées (LCL)


C’est le classique bouton d’Orient ou autres dénominations vernaculaires en Afrique du Nord et Asie méridionale, le pian-bois en Guyane l’uta dans les vallées andines, l’ulcère des chicleros en Amérique centrale, etc. (figure 8). Les espèces dermotropes sont nombreuses (tableau 1). Toutes les espèces anthropophiles de Leishmania peuvent être responsables de leishmaniose cutanée, y compris les espèces habituellement viscérotropes comme L. infantum. La période d’incubation varie entre 1 et 4 mois. Les lésions siègent le plus souvent sur les parties découvertes et exposées à la piqûre des phlébotomes (visage, mains et avant-bras, membres inférieurs). Elles débutent par une petite papule inflammatoire ou vésiculaire qui augmente régulièrement de taille.

Figure 8 : Ulcère des chicleros
(L. mexicana)

Les LCL sont dues à différents espèces, L. tropica, L. major, L. guyanensis, L. peruviana, L. mexicana…et en Méditerranée occidentale L. infantum. À la phase d’état, la lésion leishmanienne est bien circonscrite. Elle mesure entre un demi et une dizaine de centimètres de diamètre et a une forme arrondie ou ovale, régulière. Elle est indolore. Le nombre de lésions est variable et dépend du nombre de piqûres infectantes. La lésion de type ulcéré est le plus fréquemment rencontrée, quelle que soit l’espèce du parasite en cause. L’ulcération centrale, à fond irrégulier, est bordée par un bourrelet périphérique, inflammatoire, rouge, hyperpigmenté sur peau noire : c’est la zone active de la lésion, riche en macrophages parasités, sur laquelle doit porter le prélèvement destiné au diagnostic parasitologique. L’ulcération est recouverte d’une croûte plus ou moins épaisse (photo 7.7). Des nodules sous-cutanés satellites sont parfois associés. Ils contiennent des parasites et témoignent de la diffusion de l’infection leishmanienne par voie lymphatique. La lésion de leishmaniose cutanée évolue de façon torpide durant plusieurs mois. Une surinfection bactérienne secondaire est possible, qui rend le diagnostic parasitologique aléatoire. La lésion finit cependant par guérir spontanément, en laissant une cicatrice indélébile.


Même si l’ulcération cratériforme et croûteuse est le type de lésion le plus fréquent, l’aspect clinique n’est pas toujours univoque, certaines formes cutanées présentent une extension lymphatique.

Figure 9 : Bouton d’Orient - aspect ulcéro-crouteux
(L. major)
Figure 10 : Leishmaniose cutanée - lupoïde
(L. infantum)
Figure 11 : Leishmaniose cutanée - pseudo-impitigineux
(L. infantum)
Figure 12 : Leishmaniose cutanée - nodulo-papuleux
(L. infantum)
Figure 13 : Leishmaniose cutanée avec extension lymphatique - pseudo-sporothricosique
(L. major)
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