Introduction

Les leishmanioses sont des parasitoses du système monocytes-macrophages dont l’agent pathogène est un protozoaire flagellé du genre Leishmania. Il s’agit d’une zoonose, transmise de vertébré à vertébré par un moucheron hématophage, le phlébotome. Les leishmanioses incluent des formes viscérales (LV), des formes cutanées localisées (LCL), cutanées diffuses (LCD) et des formes cutanéomuqueuses (LCM). Cette multiplicité de tableaux cliniques résulte à la fois d’un large éventail d’espèces et de la variation de la réponse immunitaire de l’hôte infecté. La description de la première espèce de Leishmania a été faite par Laveran et Mesnil en 1903 et, depuis, le nombre d’espèces décrites n’a cessé d’augmenter. Les leishmanioses sont endémiques dans 88 pays et quatre continents : Afrique, Amérique centrale et du Sud, Asie et Europe. Au total, 370 millions de personnes sont exposées au risque de la maladie. Chaque année, on compte 500 000 nouveaux cas de leishmaniose viscérale et le nombre de cas des diverses formes de leishmaniose dans le monde entier est estimé à 12 millions, un tiers seulement des nouveaux cas étant officiellement déclarés.

1  -  Agent pathogène

1 . 1  -  Morphologie et biologie


Le parasite est un protozoaire flagellé tissulaire qui présente au cours de son cycle deux stades évolutifs distincts :

  • le stade amastigote, sans flagelle extériorisé, est intramacrophagique et retrouvé chez les hôtes vertébrés dont l’homme ;
  • le stade promastigote, libre et mobile grâce à son flagelle, est retrouvé dans l’intestin du phlébotome et dans les milieux de culture.

1 . 1 . 1  -  Les amastigotes

Figure 1 : Amastigotes de leishmanies dans des macrophages.
May Grünwald Giemsa x 1000

Les formes amastigotes sont ovoïdes, mesurent 2 µm à 6 µm et présentent en microscopie optique, après coloration au May-Grünwald-Giemsa, deux inclusions pourpres caractéristiques : le noyau, arrondi, et le kinétoplaste (origine du flagelle) en bâtonnet plus sombre (figure 1). Les formes promastigotes sont allongées, mesurant 10 µm à 25 µm de longueur (figure 2). Le noyau est central, le kinétoplaste est en position antérieure et le flagelle libre s’échappe à l’extrémité antérieure.

Ils se multiplient aux deux stades par division binaire, dans la ou les vacuoles parasitophores du cytoplasme des macrophages pour les amastigotes ; libérées ensuite par lyse du macrophage, les leishmanies sont phagocytées et évoluent dans d’autres macrophages.

1 . 1 . 2  -  Les promastigotes

Figure 2 : Promastigotes de leishmanies en culture
May Grünwald Giemsa x 1000.

En culture entre 24 à 28°C, sur milieu NNN (Novy, McNeal, Nicolle) ou d’autres, les amastigotes se transforment en promastigotes comme dans l’intestin du vecteur. Pendant la phase de culture exponentielle les promastigotes dits procycliques se multiplient par scissiparité longitudinale.

Figure 3 : Rosette de promastigotes procycliques en culture
Contraste de phase x 1000

Quand la culture atteint son plateau la majorité a évolué en promastigotes métacyliques qui sont seuls infectieux pour les macrophages mais qui ne se multiplient plus à moins qu’ils ne soient phagocytés et n’évoluent en amastigotes.

Identification spécifique : La morphologie, l’expression clinique et la répartition géographique sont très peu contributives. Après culture on détermine (dans des centres de référence dont celui de Montpellier) le zymodème : profil électrophorétique de 15 isoenzymes du parasite. Les zymodèmes proches sont regroupés en espèces. La dénomination des zymodèmes fait l’objet d’accords internationaux, les 3 lettres MON (pour Montpellier) suivi d’un N° d’ordre de 1 à plus de 200, fonction de la chronologie de la caractérisation. Exemple : dans le sud de la France le zymodème le plus représenté est MON1, il fait partie de l’espèce Leishmania infantum. L’analyse biomoléculaire est une alternative plus récente.

Electrophorégramme de l’un des isoenzymes pour l’identification du zymodème de différents souches de leishmanies.
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