2  -  Epidémiologie

2 . 1  -  Cycle biologique et transmission

2 . 1 . 1  -  Le cycle biologique


Il se déroule entre deux hôtes, un vertébré (homme, chien, rongeur….) et un insecte vecteur, le phlébotome.
Les phlébotomes sont des moucherons hématophages (1,5 mm à 4 mm) qui piquent surtout le soir et la nuit par temps calme. Seule la femelle, hématophage, assure la transmission de la leishmaniose (figure 4). Leur gîte est constitué par les anfractuosités de murs et de terriers où ils se gorgent sur des micromammifères (rongeurs…) pouvant constituer le réservoir pour certaines espèces de leishmanies. Présents toute l’année en zone intertropicale, les phlébotomes apparaissent seulement l’été en région tempérée où ils confèrent à la maladie un caractère saisonnier.

Figure 4 : Phlébotomus perniciosus femelle gorgée dans son cadre naturel des environs de Nice

Les amastigotes du vertébré sont ingérés par le phlébotome femelle avec son repas sanguin ; ils se multiplient sous forme de promastigotes procycliques dans l’intestin moyen, évoluent en promastigotes métacycliques infectieux obstruant la cavité buccale de l’insecte. Ces derniers sont régurgités lors du repas sanguin suivant sur un hôte favorable. Ils sont phagocytés par les macrophages du vertébré, évoluent en amastigotes. Ceux-ci résistent à l’environnement hostile du phagolysosome et s’y multiplient.

2 . 1 . 2  -  Transmission

Vectorielle

C’est la plus importante, la présence du phlébotome conditionnant la répartition de la maladie.

Les réservoirs naturels des Leishmania sont des mammifères domestiques (ou sauvages chez lesquels le parasite colonise les cellules du système des phagocytes mononucléés. Les mammifères réservoirs des Leishmania appartiennent à divers ordres : carnivores, rongeurs, marsupiaux, édentés, primates, etc. ; dans ce cas, la leishmaniose est dite zoonotique. Lorsque l’homme est l’unique réservoir du parasite, elle est dite anthroponotique.

Chez le vecteur, les formes amastigotes sont ingérées au cours du repas sanguin (figure 2). Elles se transforment en formes promastigotes dans les heures qui suivent. Elles subissent ensuite un cycle complexe comportant de nombreuses divisions mitotiques, deux étapes de fixation à l’épithélium de la muqueuse intestinale et une phase de migration vers la partie antérieure du tube digestif, où a lieu la transformation en formes virulentes dénommées promastigotes métacycliques infectants. Ces dernières sont régurgitées lors du repas sanguin suivant dans le derme d’un hôte favorable. L’inoculation intradermique de promastigotes métacycliques induit, au site même de la piqûre, une lésion qui passe généralement inaperçue chez l’homme et dont le devenir dépend du tropisme cutané, muqueux ou viscéral des différentes espèces de Leishmania. Dès la pénétration intracellulaire, les formes promastigotes se transforment en formes amastigotes.

La transmission vectorielle est le mode de contamination principal, la présence du phlébotome conditionnant la répartition de la maladie. Il existe également une transmission par échange de seringues chez les toxicomanes. Les transmissions transfusionnelles et congénitales restent exceptionnelles.

Les autres modes

Chez les toxicomanes la transmission par échange de seringue a été démontrée. Les voies transfusionnelle et congénitale jouent un rôle minime.

2 . 2  -  Répartition géographique


Il s’agit d’une parasitose des zones intertropicales (hormis l’Océanie) et tempérées chaudes, signalée dans 88 pays répartis en cinq foyers : méditerranéen, chinois, indien, africain et américain (figure 5). La prévalence de la maladie est estimée à 12 millions et l’incidence annuelle à 2 millions (1,5 million de leishmanioses cutanées dont 90 % en Algérie, Afghanistan, Arabie saoudite, Brésil, Iran, Pérou, Syrie, et 500 000 leishmanioses viscérales dont 90 % au Bangladesh, Brésil, Inde, Népal et Soudan).

L’Europe du Sud fait partie du foyer méditerranéen dans la partie occidentale et septentrionale. On n’y rencontre que Leishmania infantum, dont le réservoir principal est le chien. Chez l’homme, la leishmaniose viscérale méditerranéenne y est l’expression clinique dominante. L’incidence annuelle des leishmanioses autochtones métropolitaines déclarées en France au Centre national de référence reste stable depuis 2004, de 20 à 30 cas pour les leishmanioses viscérales et de 0 à 1 cas pour les leishmanioses cutanées localisées. Les leishmanioses d’importation, y compris de Guyane française, toutes formes confondues, s’élèvent à 250 à 300 cas par an. Ces données sont modestes comparées aux 300 000 cas de leishmaniose viscérale en Inde et aux 100 000 morts au Soudan à la fin du xxe siècle.

Figure 5 : Répartition géographique des leishmanioses
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