3 . 3 . 2  -  Dyspnée des pathologies pleuro-pulmonaires

On distingue des dyspnées aiguës et chroniques.                                                                                      

I. Les dyspnées aiguës

Elles sont retrouvées dans le cadre de crises d’asthme, d’embolies pulmonaires, d’obstruction des voies aériennes par un corps étranger ou de pneumothorax spontanés.

1.      
Asthme  
Classiquement, il s'agit d'accès de bradypnée expiratoire. Les crises évoluent par paroxysme sans lien avec l’effort et souvent nocturnes. Elles sont typiques surtout chez le sujet jeune. L’auscultation st pathologique pendant la crise avec des sibilants bilatéraux et normale entre les crises.

2.      
L’embolie pulmonaire
La dyspnée est d’apparition brutale. Le contexte est souvent évocateur : alitement prolongé, voyage de longue durée, néoplasie évolutive, phlébite des membres inférieurs. L’examen clinique est souvent normal en dehors de la présence de signes de thrombose veineuse profonde au niveau des membres inférieurs. L’ECG retrouve une tachycardie sinusale ou des tachycardies supraventriculaires et parfois un bloc de branche droit. Le cliché thoracique est souvent normal mais peut révéler une atéléctasie, une pleurésie ou un infarctus pulmonaire. Le diagnostic est confirmé par la scintigraphie pulmonaire de ventilation perfusion ou l’angioscanner.

3.      
Pneumo-thorax spontané 
Il correspond à la présence anormale d’air dans la cavité pleurale. La dyspnée est d'apparition brutale accompagnée d'une douleur basithoracique. Il survient volontiers chez le sujet jeune, longiligne, tabagique favorisé par un effort notamment à glotte fermée (joueur de trompette..). L’examen clinique retrouve une abolition du murmure vésiculaire en regard du pneumothorax. Le cliché thoracique en fait le diagnostic.

4.      
Corps étrangers intra-bronchiques
Le diagnostic est habituellement facile lorsque l'on a la notion de fausses routes et la dyspnée est accompagnée d'une quinte de toux. Parfois, on entend un sifflement respiratoire (wheezing). La radiographie peut montrer le corps étranger lorsqu’il est radio opaque ou une atélectasie dans le territoire lobaire correspondant. Si l'inhalation est passée inaperçue, le diagnostic est plus difficile mais il faut y penser à titre systématique, surtout chez l'enfant. Seule une fibroscopie bronchique réalisée en urgence permet de confirmer le diagnostic et d'extraire le corps étranger.                                                                                    

II. La dyspnée chronique

Les étiologies des dyspnées chroniques sont les décompensations de pathologies respiratoires chroniques telles les bronchites chroniques obstructives, les pneumopathies infectieuses ou autoimmunes, les pleurésies et les fibroses pulmonaires.

1.      
Bronchites chroniques ou décompensatons de bronchopneumopathies obstructives 
Le diagnostic est évoqué chez un sujet tabagique dans un contexte de toux avec expectoration. La dyspnée est habituellement permanente à prédominance matinale pour un certain effort. Elle peut évoluer de façon paroxystique notamment au cours de surinfections. Les explorations fonctionnelles respiratoires permettent de mettre en évidence un syndrome obstructif.

2.      
Pleurésies 
L’épanchement pleural doit être abondant pour être à l’origine d’une dyspnée mais parfois la douleur liée à la pleurésie peut gêner les mouvements respiratoires et les limiter. L’examen clinique retrouve une diminution du murmure vésiculaire à l’auscultation et une matité à la percussion.

3.   
Pneumopathies infectieuses  
Le contexte clinique est habituellement évocateur. Le tableau clinique associe un syndrome fébrile, une toux productive et l’examen clinique retrouve un foyer pulmonaire (crépitants localisés). Le cliché thoracique révèle classiquement un foyer alvéolaire.

4.      
Fibrose interstitielle diffuse
La fibrose interstitielle se manifeste classiquement par une dyspnée d'apparition progressive, isolée. Le diagnostic difficile repose sur l'aspect radiographique en verre dépoli et les explorations fonctionnelles respiratoires.  

5.      
L'oedème pulmonaire lésionnel
Rare, et souvent gravissime, il résulte d'une lésion de la barrière alvéolo-capillaire dont les causes sont multiples. Il se manifeste par un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Les causes multiples sont : toxiques (gaz, CO), infectieuses bactériennes ou virales, inhalation de liquides gastriques (syndrome de Mendelson), noyade...

3 . 3 . 3  -  Les autres causes de dyspnée

Elles sont nombreuses et variées.

En voici quelques unes :

  • Une anémie
  • Des troubles hydroélectrolytiques tels une acidose métabolique (insuffisance rénale, insuffisance hépatique, intoxication..)
  • Un accident neurologique
  • Une origine psychogène (diagnostic d’élimination)

3 . 4  -  Données de l’interrogatoire et de l’examen clinique

Les caractères de la dyspnée doivent être précisés afin d’orienter vers une étiologie et d’adapter les différents examens complémentaires.

On déterminera ainsi :

Tableau 1

On rechercher des signes de mauvaise tolérance :

  • Une polypnée supérieure à 30/mn
  • Une cyanose
  • Des sueurs
  • Un tirage des muscles respiratoires accessoires (muscles intercostaux et sternocléïdomastoïdien)
  • Une respiration abdominale paradoxale
  • Des troubles de la conscience
  • Des signes d’insuffisance circulatoire périphérique
  • Une hypotension artérielle voire un état de choc

3 . 5  -  Examens complémentaires systématiques

Une fois ces caractéristiques recueillies, certains examens sont systématiques :

Tableau 2

A ces examens d’autres peuvent être rajoutés pour confirmer les hypothèses retenues : l’échographie cardiaque, la scintigraphie pulmonaire de perfusion/ventilation, l’angioscanner, les explorations fonctionnelles respiratoires, le cathétérisme cardiaque droit et la fibroscopie bronchique.

Conclusion
La dyspnée est un symptôme subjectif aux étiologies nombreuses et variées. Elle justifie un interrogatoire et un examen clinique minutieux et des examens complémentaires systématiques toujours orientés par le bilan clinique initial.
9/11