3  -  Gaz

3 . 1  -  Choix du gaz

Le gaz idéal pour l'insufflation devrait avoir les propriétés suivantes : faible absorption péritonéale, effets physiologiques réduits, excrétion rapide après absorption, incombustible, effets minimes après embolisation intravasculaire et solubilité sanguine maximale [ (11) Menes T, Spivak H., Laparoscopy: searching for the proper insufflation gas. Surg Endosc 2000;14:1050-6.11]. L'air et l'oxygène ne peuvent pas être utilisés pour l'insufflation puisqu'ils produisent une combustion lorsque l'énergie monopolaire ou le laser sont utilisés. L'hélium et le nitrogène sont moins solubles que le dioxyde de carbone CO2) et peuvent entraîner des conséquences plus graves si une embolie gazeuse intravasculaire survient. De plus, le prix de l'hélium est peu avantageux. L'argon pourrait avoir des effets hémodynamiques indésirables en particulier sur le flux sanguin hépatique. Bien que le nitrite d'oxyde soit bénéfique pour les procédures requérant une anesthésie locale ou régionale, ou en cas d'insuffisance respiratoire, il est combustible. Le CO2 s'approche du gaz idéal et demeure le plus utilisé en coelioscopie. C'est un gaz semi-inerte économique. Sa diffusion péritonéale n'entraîne pas de risque d'embolie grâce à sa diffusion systémique qui est régulée par le système ventilatoire. Ces qualités en font un gaz peu dangereux. Le pneumopéritoine résiduel de CO2 est éliminé plus rapidement qu'avec les autres gaz diminuant ainsi la durée de l'inconfort postopératoire [11]. Toutefois, le problème majeur du CO2 réside dans son absorption vasculaire significative à travers le péritoine conduisant à une hypercapnie [ (12) Gutt CN, Oniu T, Mehrabi A, Schemmer P, Kashfi A, Kraus T, et al., Circulatory and respiratory complications of carbon dioxide insufflation. Dig Surg 2004;21:95-105.I2].Par ailleurs, Elkelani et al. [ (13) Elkelani OA, Binda MM, Molinas CR, Koninckx PR., Effect of adding more than 3% oxygen to carbon dioxide pneumoperitoneum on adhesion formation in a laparoscopic mouse model. Fertil Steril 2004; 82:1616-22.13]ont montré chez la souris qu'un pneumopéritoine de CO2 additionné de 3 % d'oxygène diminuait la formation des adhérences par rapport à un pneumopéritoine de CO2 pur ou contenant une concentration d'oxygène supérieure à 3 %. L'extrapolation et l'application clinique de ces résultats à l'homme ne peuvent être réalisées tant que les mécanismes de formation des adhérences ne seront pas mieux élucidés et des essais cliniques préliminaires réalisés.

3 . 2  -  Coelioscopie sans gaz dite « gasless »

Cette procédure se passe de gaz pour l'insufflation. Elle repose sur un laparolift, c'est-à-dire sur un système de traction pariétale
externe qui permet de créer un espace intra-abdominal à pression atmosphérique. Ceci élimine par conséquent les problèmes liés à l'augmentation de la pression intraabdominale, à l'hypercapnie et à l'embolisation gazeuse. De plus, cela améliore les paramètres cardiovasculaires avec une précharge et une postcharge diminuées par rapport à l'utilisation de CO2 [ (14) Larsen JF, Svendsen FM, Pedersen V., Randomized clinical trial of the effect of pneumoperitoneum on cardiac function and haemodynamics during laparoscopic cholecystectomy. Br J Surg 2004;91:848-54.14]. Alijani et al. ont démontré que le laparolift empêchait la chute du débit cardiaque associée avec le pneumopéritoine de CO2 et était associé à une récupération postopératoire plus rapide des fonctions cognitives [ (15) AlijaniA, Hanna GB, CuschieriA., Abdominal wall lift versus positivepressure capnoperitoneum for laparoscopic cholecystectomy: randomized controlled trial. Ann Surg 2004;239:388-94.15].
Mais d'une manière générale, chez les patients présentant une fonction cardiaque, respiratoire ou rénale limitée, l'approche gasless n'a pas démontré de nets avantages cliniques par rapport à une coelioscopie réalisée à basses pressions (5-7 mmHg). De plus, dans ces cas-là, le laparolift combiné à un pneumopéritoine à basses pressions pourrait être une bonne alternative [ (16) Neudecker J, Sauerland S, Neugebauer E, Bergamaschi R, Bonjer HJ, Cuschieri A, et al., The European Association for Endoscopic Surgery clinical practice guideline on the pneumoperitoneum for laparoscopic surgery. Surg Endosc 2002;16:1121-43.16].
En pratique, le laparolift est rarement utilisé du fait de son inutilité (état des patients ne contre-indiquant que rarement une coelioscopie) et de la mauvaise exposition qu'il entraîne.

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