1 . 1 . 3  -  Contraintes de manipulation (trocarts)

Lors de la manipulation de ses instruments à travers la paroi abdominale, le coeliochirurgien doit lutter en permanence contre le point fixe pariétal. Ce point fixe est responsable de la limitation des angles d'attaque des tissus et de la présence d'un point de force important. Ainsi, plus la partie de l'instrument supérieure à la cavité est grande, plus le chirurgien est précis et plus la force appliquée aux tissus est grande. À l'opposé, plus la partie extérieure sera petite, plus la force appliquée sera faible, plus l'imprécision sera grande (Fig. 2).
L'opérateur doit distinguer les trocarts opérateurs des trocarts d'exposition. Les trocarts opérateurs doivent permettre à l'instrument d'atteindre le site opératoire avec le maximum d'angles d'attaque possible. Ils ne doivent par ailleurs jamais être plusieurs dans l'alignement de l'optique. Cette situation est mieux réalisée par la triangulation des trocarts opérateurs avec le trocart porteur de l'optique et par la triangulation des trocarts opérateurs entre eux (Fig. 1, 2). Les trocarts opérateurs sont placés près de la cible. À l'opposé, les trocarts d'exposition doivent être loin de la cible et leur triangulation est moins essentielle. Cette situation est cependant de plus en plus difficile à gérer compte tenu des multiples voies d'abord nécessaires à la chirurgie endoscopique de plus en plus complète.
Par ailleurs, la fixité du trocart empêche le chirurgien de produire les mouvements complexes de la main. Le meilleur exemple est donné par la suture. Pour le chargement du tissu par une aiguille au cours d'une laparotomie, le chirurgien réalise un mouvement complexe de la main associant une rotation et une pronation. La fixité pariétale rend cette combinaison est possible. La suture endoscopique répond donc à des impératifs différents de ceux de la suture laparotomique.

Figure 2 : Transfert d'énergie et moment de force
Le point fixe est total et doit le rester (cercle jaune). Utiliser un instrument de 5mm dans un trocart de 10-12 mm est une erreur pour les gestes précis. Leplacement des trocarts est déterminant pour la qualité du geste opératoire. 1. Si > a : imprécision et faiblesse. 2. Si a =b : augmentation de la précision de la force. 3. Si a > b : force et précision importantes.

1 . 1 . 4  -  Contraintraintes dues à l'application des énergies


L'endoscopie, en plus de la paroi fermée, présente d'autres contraintes pour l'application des énergies, comme l'absence d'écarteur vrai. L'application de l'énergie se fait donc dans des conditions de proximité anatomique. L'effet tissulaire doit non seulement être connu, mais doit pouvoir être reproduit de manière exacte.

1 . 2  -  Principes d'ergonomie

Afin d'améliorer son efficacité opératoire, le coeliochirurgien doit suivre certaines règles.

  • Mettre toutes les informations et que les informations nécessaires sur l'écran: il faut donc enlever de l'écran la partie du champ opératoire inutile et ne garder que les structures anatomiques opérées et les instruments utilisés sur le moment. Cela permet de se concentrer sur une étape de l'intervention et de virtualiser ainsi les difficultés. Cette attitude procure au chirurgien un avantage psychologique. En revanche, il ne faut jamais quitter les yeux de l'écran !
  • Changer son optique de place pour avoir un accès visuel et technique adéquat : cet exemple est illustré par la mise de l'optique en sus-pubien lors de l'accès à la bifurcation iliaque pour un curage lomboaortique. Cependant, l'opérateur doit alors se placer entre les jambes de la patiente pour garder son axe de travail dans l'axe de sa vision, faute de quoi, il
    inversera ses mouvements. La règle à respecter est de ne jamais travailler à plus de 90° en dehors de l'axe de vue.
  • Utiliser ses deux mains : la coelioscopie moderne a étendu les indications opératoires et impose la technique utilisant les deux mains. L'avantage majeur tient dans l'action concomitante et successive des deux outils (Fig. 1). Malheureusement, l'expérience montre que la plupart des endoscopistes n'utilisent en fait qu'un outil à la fois. Si l'on admet qu'un opérateur va se servir le plus souvent d'une pince bipolaire dans une main, et des ciseaux dans l'autre main, on remarque immédiatement qu'aucun des outils n'est destiné à l'exposition.Cependant il faut, pour des raisons d'efficacité et de sécurité, que le coelioscopiste apprenne à exposer avec les ciseaux pendant que la pince coagule, èt à couper avec les ciseaux alors que la pince expose. Techniquement, un outil ne doit jamais être inactif. La multiplication des fonctions ne réside pas uniquement dans les qualités de l'instrument, mais dans les manières de l'utiliser. C'est cette succession d'actions qui permet au chirurgien d'agir sur les tissus dans les meilleures conditions de vue et d'attaque instrumentale. C'est aussi prévenir les complications.
  • Optimiser l'utilisation des trocarts : d'une part en plaçant autant de trocarts que de mains disponibles (en général, le trocart optique + trois trocarts opérateurs) et d'autre part en ne condamnant pas de trocart opérateur pour l'écartement fixe des organes. Par exemple, si l'on a besoin de récliner le côlon gauche pour s'exposer pendant un temps suffisamment long de l'intervention, on aura recours à la fixation de ses franges graisseuses à la paroi par un point transpariétal.
  • Adopter une position ergonomique : en règle générale, un muscle s'épuise rapidement lorsqu'il est utilisé à plus de 50 % de son amplitude d'action. Selon ce principe, il est donc préférable de travailler autant que possible les coudes le plus proches du corps et les bras à l'horizontale ou vers le bas pour soulager les muscles de l'épaule, en particulier lors des coeliochirurgies longues. Pour ce faire, il est plus aisé à un opérateur de travailler en coelioscopie en étant surélevé par une estrade. 
  • Ne pas utiliser de manière excessive le lavage : ceci entraîne souvent des inconvénients comme la perte de l'exposition, la perte du plan anatomique du fait d'une infiltration des tissus par l'eau (oedème), la perte de l'efficacité énergétique et finalement une perte de temps.

1 . 3  -  Equipe coeliochirurgicale

1 . 3 . 1  -  Anesthésiste

La coeliochirurgie nécessite une interactivité entre l'anesthésiste et le chirurgien. L'anesthésiste peut par exemple retentir sur la vision chirurgicale par le bon endormissement et le bon relâchement du malade (phénomène identique à ce qui se passe lors d'une laparotomie). Le chirurgien peut intervenir sur des données essentielles de l'homéostasie du patient telles que la capnie. Cela passe par la connaissance des appareils et leur utilisation optimale. Le pneumopéritoine est certainement le meilleur exemple de l'interdépendance existant entre l'anesthésiste et le coeliochirurgien. Comme le pneumopéritoine permet la vision et donne les différents avantages que nous avons décrits, la tendance du chirurgien est donc d'augmenter la PIA. L'anesthésiste, au contraire, doit faire face à la compression des gros vaisseaux avec une diminution du retour veineux au coeur, à l'augmentation des résistances vasculaires périphériques, à la diminution des débits régionaux et à l'augmentation des pressions pulmonaires. La tendance de l'anesthésiste est donc de diminuer la PIA.

1 . 3 . 2  -  Infirmière de bloc opératoire

L'apport technologique considérable autour de l'endoscopie lui confère un rôle biomédical. C'est en effet sur elle que les chirurgiens se déchargent le plus souvent pour le choix, l'entretien et la connexion des appareils. C'est aussi elle qui assure la maintenance des petites pannes quotidiennes. Son intervention au niveau de la sécurité est de plus en plus importante. Elle surveille le bon déroulement de l'intervention, vérifie les paramètres des différents appareils, les modifie à la demande du chirurgien et s'assure de la constance des paramètres de sécurité. Son rôle dans la prévention des complications est donc évident. En fait, on peut dire que comme elle est responsable de la colonne de coeliochirurgie, le coeliochirurgien lui confie sa vue.

3/17