7  -  Prise en charge thérapeutique

7 . 1  -  Rééducation périnéo-sphinctérienne

1) Indications

La rééducation est proposée en première intention chez les femmes présentant une IUE avec la prescription de 10 à 20 séances au maximum. En cas d’amélioration objective, la prolongation du traitement est possible (10 à 15 séances).

Intérêt d’une fiche de liaison permettant d’informer le prescripteur et/ou le médecin traitant des résultats de la rééducation (tableau 4).

Tableau 4: Indicateurs permettant de guider les praticiens au cours de la rééducation
Indicateurs du choix des techniquesIndicateurs de surveillanceIndicateurs de résultats
Inspection locorégionale (trophicité, cicatrice, pertes vaginales)Calendrier mictionnelFuites urinaires : échelle MHU, nombre et type de protections
Examen neurologique (sensibilité périnéale)Testing des releveurs de l’anusQualité de vie : Contilife®
Testing des releveurs de l’anusFuites urinaires : nombre de protections et typeForce musculaire : testing releveurs de l’anus

2) Techniques de rééducation

Il existe plusieurs techniques de rééducation.

Les exercices du plancher pelvien sont plus efficaces pour améliorer la force musculaire que l’électrostimulation fonctionnelle ou les cônes.

Les exercices du plancher pelvien associés au biofeedback instrumental sont efficaces sur l’incontinence urinaire d’effort.

L’électrostimulation fonctionnelle (fréquence 5 à 25 Hz) et la rééducation comportementale sont efficaces pour améliorer le contrôle des muscles du plancher pelvien, notamment dans les IU par impériosités (tableau 5).

Tableau 5 : Techniques de rééducation périnéo-sphinctérienne
Techniques de rééducationEfficacité
Travail manuel intravaginal des muscles du plancher pelvienRenforcement des muscles du plancher pelvien
Amélioration de l’IUE
Biofeedback instrumentalAmélioration du contrôle de la miction en cas d’IUE ou mixte
Électrostimulation fonctionnelleAmélioration de l’IUE ou par urgenturies à condition de respecter les fréquences appropriées

Contre-indications :
  • grossesse
  • pacemaker
  • hypoesthésie périnéale
Rééducation comportementaleAmélioration de l’IUE ou par urgenturies
CônesAmélioration de la force des muscles du plancher pelvien lors des IUE

7 . 2  -  Éliminer les facteurs favorisants


Il faut prescrire des règles hygiéno-diététiques de bon sens comme préconiser la perte de poids et diminuer les boissons le soir (après 18 heures). Il faut traiter des infections urinaires concomitantes, procéder à la régularisation du transit, éventuellement par la prescription de laxatifs. Le traitement de l’atrophie vaginale est nécessaire par la prescription d’œstrogènes d’action locale. Il faut veiller à remplacer les médicaments favorisants dans la mesure du possible.

7 . 3  -  Traitement médicamenteux


Il n’existe pas de traitement médicamenteux de l’IUE.

En cas d’IU par urgenturie, on peut prescrire des anticholinergiques comme l’oxybutinine (Ditropan®) ou la solifénacine (Vésicare®).

7 . 4  -  Traitement chirurgical


En cas d’IUE par cervico-cystoptose/hypermobilité urétrale, une bandelette sous-urétrale synthétique (figure 3) de type TOT (Trans Obturator Tape) ou TVT (Trans Vaginal Tape) (voire une cervico-cystopexie selon Burch) est le plus souvent proposée.

Les manœuvres de soutènement du col (Bonney) ou de l’urètre moyen positives sont prédictives d’un bon résultat chirurgical de la bandelette.

En cas d’IUE par insuffisance sphinctérienne, le sphincter urinaire artificiel (figure 4) est le traitement de référence. Il existe également des dispositifs mini-invasifs comme les ballons péri-urétraux lorsque l’IU est modérée ou que le sphincter urinaire artificiel est contre-indiqué (troubles cognitifs…).

Figure 3 : Bandelette sous-urétrale
Fiches d’information AFU « Interventions » Urofrance, www.urofrance.org
Figure 4 : Sphincter urinaire artificiel
D’après « Sphincters urinaires artificiels chez la femme : indications, techniques, résultats », Morgan Rouprêt, Emmanuel Chartier-Kastler, François Richard, Prog Urol 2005, 15, 3, 489–493.
Copyright Elsevier Masson SAS

En cas d’IU par urgenturies réfractaire au traitement médicamenteux par anticholinergiques, la neuromodulation sacrée (figure 5) (implantation d’une électrode de stimulation en regard de la racine sacrée S3) est parfois une option envisageable ou bien l’injection intradétrusorienne de toxine botulique A (prescription hors AMM) qui constitue une solution de recours en cas d’échec des autres techniques.

Figure 5 : Neuromodulation sacrée
Fiches d’information AFU « Interventions » source AFU, www.urofrance.org

Les principaux éléments du traitement de l’incontinence urinaire féminine sont présentés dans la figure 6.

Figure 6 : Arbre thérapeutique incontinence urinaire de la femme
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