4  -  Spécificités du jeune nourrisson d’âge < 3 mois

4 . 1  -  Spécificités épidémiologiques


La fièvre à cet âge est également définie par une T ≥ 38 °C.

Elle peut témoigner aussi bien d’une infection virale bénigne que d’une infection bactérienne sévère, nécessitant un traitement antibiotique urgent.

Elle ne doit donc jamais être considérée comme un symptôme banal, en raison du risque plus élevé d’infection bactérienne invasive (incidence élevée des bactériémies avant l’âge de 6 semaines), notamment à streptocoque B tardif (par contamination maternelle tardive) ou à pneumocoque (vaccination débutée à l’âge de 2 mois) ou à E. coli (pyélonéphrite aiguë).

4 . 2  -  Spécificités diagnostiques

4 . 2 . 1  -  Enquête clinique


L’anamnèse doit être particulièrement détaillée.

L’examen clinique d’un jeune nourrisson fébrile est le plus souvent non contributif.

Les difficultés de diagnostic étiologique tiennent au caractère non spécifique et souvent pauci-symptomatique des infections potentiellement sévères (IPS) à leur début.

Informations anamnestiques évocatrices :

  • présence de facteurs de risque d’infection néonatale (particulièrement importants à considérer dans les 4 à 6 premières semaines de vie) :
    • prélèvement vaginal maternel positif pour SGB,
    • fièvre maternelle en périnatal,
    • prématurité,
    • rupture de la poche des eaux > 12 h,
    • liquide amniotique teinté ;
  • absence de contexte épidémiologique ou de contage viral.

Signes cliniques d’IPS à rechercher activement (à tout âge) :

  • troubles de la vigilance et/ou du tonus : somnolence, hypotonie ;
  • troubles du comportement : anomalies du cri, irritabilité ou inconsolabilité ;
  • troubles de l’hémodynamique : tachycardie, TRC ≥ 3 s, pouls mal perçus ;
  • troubles de la coloration : teint gris, pâleur, cyanose, marbrures ;
  • signes de détresse respiratoire : polypnée, signes de lutte ;
  • signes de déshydratation aiguë, difficultés d’alimentation ;
  • signes en faveur d’une infection ostéoarticulaire : douleur à la mobilisation ;
  • autres signes : purpura, distension abdominale.

Connaître les facteurs de risque d’infection néonatale et les signes d’IPS.

4 . 2 . 2  -  Enquête paraclinique


Elle est indispensable en raison de l’incidence forte des infections bactériennes.

Tous les nourrissons de cet âge, sans orientation clinique au terme de l’examen, qu’il y ait ou non des signes cliniques évocateurs de gravité, doivent avoir les examens complémentaires susceptibles de guider les indications d’hospitalisation et de traitement.

Examens complémentaires systématiques :

  • NFS-plaquettes, CRP, ± PCT ;
  • ECBU (BU non fiable avant l’âge de 3 mois) ;
  • avant l’âge de 6 semaines ou en cas de signes d’IPS :
    • hémoculture(s),
    • examen du LCR ;
  • ± TDR grippe, virologie nasale en milieu hospitalier.

Autres examens orientés par le contexte clinique :

  • radiographie du thorax (signes d’IPS notamment respiratoires) ;
  • échographie de parties molles ou de segments osseux…

Attention : un enfant d’âge < 6 semaines chez qui serait porté le diagnostic de pyélonéphrite aiguë sur l’ECBU doit bénéficier malgré tout d’un examen du LCR afin de rechercher une méningite associée (barrière hématoméningée perméable à cet âge).

C’est in fine, la confrontation des données de l’examen clinique et des explorations complémentaires qui permettra d’évaluer le niveau de risque infectieux du nourrisson fébrile et guidera la prise en charge (hospitalisation, antibiothérapie probabiliste).

6/8