2  -  Conduite à tenir chez un enfant fébrile

2 . 1  -  Identifier les situations d’urgence

2 . 1 . 1  -  Urgence liée à la fièvre elle-même


Fièvre et signes potentiels de gravité

Le niveau de la température ne témoigne pas à lui seul de la gravité d’une fièvre.

Des éléments cliniques objectifs permettent d’apprécier la gravité d’un tableau fébrile (tableau 14.1), signes de mauvaise tolérance symptomatique, parfois reliés à l’étiologie.

Tableau 14.1 Signes de gravité chez un enfant fébrile
 Signes en faveur d’une infection bénigne (virale)Signes en faveur d’une infection possiblement sévère
FacièsVultueuxPâle/gris, cyanose péribuccale
ConscienceNormaleSomnolence
CrisVigoureuxPlaintifs, geignards
TégumentsÉrythrosiques, chaudsMarbrés, froids
Temps de recoloration cutanéeImmédiatAllongé (≥ 3 s)

Fièvre témoignant d’une infection potentiellement grave : teint gris, somnolence, cris geignards, TRC ≥ 3 s.

Complications possiblement reliées à la fièvre

On distingue :

  • les crises fébriles ;
  • la déshydratation aiguë ;
  • le syndrome d’hyperthermie majeure.

Les crises fébriles concernent 2 à 5 % des enfants (voir chapitre 48).

Une crise fébrile (anciennement crise convulsive hyperthermique [CCH]) est définie comme : une crise convulsive occasionnelle, survenant en climat fébrile, chez un enfant âgé habituellement de 1 à 3 ans, dont le développement psychomoteur est normal, et en dehors de toute atteinte infectieuse (ou non) du SNC.

La déshydratation aiguë est très rare.

Elle est susceptible de survenir chez un jeune nourrisson ayant une fièvre élevée avec thermolyse entravée (surtout en cas de T°C extérieure élevée), par insuffisance d’apports hydriques adéquats et/ou augmentation des pertes cutanées.

Le syndrome d’hyperthermie majeure est devenu exceptionnel.

Son mécanisme est double : fièvre liée à une maladie intercurrente souvent virale et hyperthermie par entrave de la thermolyse (enfant surcouvert).

Il associe une température supérieure à 40,5 °C, un collapsus et des atteintes multiviscérales à haut risque de décès ou de séquelles neurologiques.

Crise fébrile : rechercher des signes d’infection neuroméningée.

2 . 1 . 2  -  Urgence liée à la cause de la fièvre


Ces situations d’urgence sont habituellement reliées à une cause infectieuse bactérienne.

Une cause infectieuse sévère est à redouter notamment si :

  • signes de détresse respiratoire (pneumonie, pleuropneumopathie) ;
  • troubles hémodynamiques (sepsis) ;
  • purpura fébrile (infection à méningocoque) ;
  • anomalies du tonus et troubles de la conscience (méningite, méningo-encéphalite) ;
  • douleurs à la mobilisation d’un membre (ostéoarthrite) ;
  • selles glairosanglantes avec forte fièvre (diarrhée bactérienne).

La présence ou l’absence de ces signes doit figurer dans l’observation médicale.

Alerte : purpura, troubles hémodynamiques, détresse respiratoire ou neurologique.

2 . 1 . 3  -  Urgence liée au terrain


Ces situations d’urgence sont habituellement reliées à :

  • l’âge de l’enfant :
    • nourrisson âgé de moins de 3 mois,
    • et particulièrement le nouveau-né et l’enfant d’âge < 6 semaines ;
  • l’existence d’une pathologie connue :
    • drépanocytose, immunosuppression, porteur de cathéter central,
    • affection chronique pulmonaire ou rénale, maladie systémique ;
  • les capacités de surveillance possiblement limitées de l’entourage.

Toute prise en charge ambulatoire nécessite l’évaluation de la qualité de l’entourage familial, de sa compréhension du traitement symptomatique et éventuellement étiologique.

Identifier un terrain à risque et des difficultés de surveillance de l’entourage.

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