3 . 2  -  Prise en charge symptomatique d’une fièvre

3 . 2 . 1  -  Connaître les indications du traitement symptomatique


Les recommandations de l’Afssaps indiquent qu’il n’existe aucune donnée ayant un niveau de preuves suffisant pour justifier qu’une fièvre aiguë doit être respectée chez l’enfant.

Certaines études expérimentales et cliniques suggéreraient qu’une fièvre aiguë pourrait avoir un effet bénéfique lors d’infections invasives sévères (purpura infectieux, septicémie) et il a été observé que des infections sévères non fébriles pouvaient être associées à une augmentation de la mortalité.

Le traitement d’un état fébrile aigu est justifié s’il a pour objectif :

  • le confort de l’enfant :
    • récupération de la vigilance et du contact avec l’environnement,
    • capacité aux jeux et aux activités, reprise de l’appétit ;
  • et non la prévention des crises fébriles ou le retour immédiat à l’apyrexie.

Le traitement symptomatique s’il est utile dans ce contexte doit être bien évidemment complété par le traitement étiologique probabiliste ou confirmé d’une cause sévère, notamment d’origine bactérienne.

Objectif du traitement symptomatique de l’état fébrile aigu = confort de l’enfant.

3 . 2 . 2  -  Connaître ses principales modalités


Méthodes physiques

Elles reproduisent les échanges que l’organisme met en jeu avec le milieu extérieur pour assurer sa régulation thermique : déshabillage (radiation), boissons fraîches (conduction), brumisation (évaporation), ventilateurs (convexion).

Trois mesures simples sont à proposer :

  • donner à boire aussi souvent que possible (notamment la nuit) ;
  • ne pas surcouvrir l’enfant ;
  • ne pas surchauffer la pièce environnante.

Les autres méthodes (bains tièdes, enveloppements humides…) sont actuellement abandonnées.

Suppléments hydriques, ne pas surcouvrir l’enfant ni surchauffer la pièce.

Traitement médicamenteux

Le paracétamol est le médicament le plus utilisé en France pour traiter les états fébriles.

La voie orale est la seule à privilégier. Sa posologie est de 60 mg/kg/j en 4 prises (maximum : 80 mg/kg/j). L’administration a été facilitée par les pipettes doseuses, avec prescription unitaire correspondant au poids de l’enfant chiffré sur la pipette.

La posologie de la voie intraveineuse diffère selon l’âge : 7,5 mg/kg/6 h pour les nourrissons d’âge < 1 an et/ou de poids < 10 kg, 15 mg/kg/6 h au-delà (IVL 20 min).

Ses effets indésirables sont rares. La toxicité hépatique est décrite pour des doses supérieures à 150 mg/kg/j. Il n’a pas d’action sur la synthèse des prostaglandines et n’a donc pas les effets indésirables possibles des AINS. Il n’a qu’un faible risque d’interaction médicamenteuse.

L’ibuprofène est moins souvent prescrit en France chez l’enfant fébrile.

Sa posologie est de 20–30 mg/kg/j en 3 à 4 prises (maximum : 30 mg/kg/j). C’est le seul AINS ayant une AMM pour le traitement des affections fébriles du nourrisson et de l’enfant (âge > 3 mois).

Des effets indésirables ont été décrits : infection des tissus mous (fasciite nécrosante à SGA, en particulier en cas de varicelle) ; plus exceptionnellement : toxicité digestive (hémorragies et ulcérations) ou rénale aiguë, notamment en cas de déshydratation aiguë liée à une diarrhée aiguë liquidienne chez un nourrisson.

L’aspirine n’est que rarement prescrite en France dans cette indication.

Sa posologie est de 60 mg/kg/j en 4–6 prises (maximum : 80 mg/kg/j).

Elle partage avec l’ibuprofène les effets indésirables des AINS (allergiques, digestifs et rénaux). On lui attribue en outre un risque de syndrome de Reye.

En 1re intention : paracétamol par voie orale en monothérapie.

3 . 2 . 3  -  Prescrire un traitement antipyrétique en pratique


La figure 14.2 présente une ordonnance type de traitement symptomatique d’un état fébrile aigu.

Figure 2 : Ordonnance type d’un traitement symptomatique d’une fièvre aiguë

Une monothérapie par voie orale doit être privilégiée.

Il est indispensable d’avoir recours à des formes galéniques adaptées à l’enfant, avec utilisation de posologies unitaires aisément administrables, actuellement facilitées par des systèmes gradués (pipettes graduées en kg de poids).

Le paracétamol est recommandé en 1re intention (Afssaps).

La posologie à prescrire chez l’enfant : 15 mg/kg/6 h (ou dose « poids en kg » toutes les 6 h), sans omettre si nécessaire et selon l’inconfort de l’enfant une prise nocturne. La voie orale est préférée.

La prescription d’ibuprofène ne doit pas être systématique.

En 2e intention seulement, en cas d’inconfort se traduisant par la permanence ou les récidives de signes de mauvaise tolérance symptomatique malgré une monothérapie antipyrétique initiale bien conduite pendant au moins 24 heures, on peut avoir recours à une prescription ciblée d’ibuprofène, à la posologie unitaire de 10 mg/kg.

De tels signes de mauvaise tolérance symptomatique, potentiellement reflets également de la sévérité de la maladie causale, doivent conduire à une vigilance parentale accrue et à une nouvelle consultation médicale.

Connaître l’ordonnance type du traitement symptomatique d’un état fébrile aigu.

3 . 3  -  Prise en charge étiologique d’une fièvre


Indications d’un traitement étiologique :

  • probabiliste :
    • terrain à risque (nouveau-né, neutropénie, immunosuppression),
    • signes cliniques faisant suspecter une infection sévère ;
  • curatif ciblant l’infection identifiée :
    • antibiothérapie (angine à SGA, OMA purulente, méningite, pneumonie),
    • antiparasitaire (paludisme).

La fièvre est l’un des marqueurs cliniques pouvant évoquer un échec de la prise en charge initiale, notamment en cas de persistance à 48–72 heures.

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