2  -  Orientation diagnostique devant un retard de croissance

2 . 1  -  Enquête étiologique

2 . 1 . 1  -  Enquête clinique


Anamnèse

Antécédents familiaux :

• taille des parents et calcul de la taille cible génétique ;
• notion de petite taille, de retard de croissance ou pubertaire (parents, fratrie).

Antécédents personnels :

• retard de croissance intra-utérin (RCIU), mensurations de naissance, pathologie néonatale,
• pathologie chronique connue, prise de médicaments au long cours (corticoïdes),
• troubles du comportement alimentaire, contexte social et psychoaffectif ;
• retard éventuel concernant les grandes étapes du développement de l’enfant : marche, langage, niveau scolaire.

Régime alimentaire :

• chronologie d’introduction des aliments : lait de vache, gluten ;
• prises alimentaires actuelles (allaitement, repas), appétit.

Symptômes éventuellement associés :
• digestifs : anorexie, diarrhée chronique, douleurs abdominales ;
• endocriniens : polyuro-polydipsie, frilosité, asthénie, malaise, hypoglycémie ;
• évocateurs d’une tumeur intracrânienne : troubles visuels, céphalées, vomissements ;
• évocateurs d’une maladie chronique.

Examen physique


Évaluation :

• données auxologiques : poids, taille, IMC ;
• stade pubertaire : classification de Tanner ;

Signes reliés à une cause :

• pathologie thyroïdienne : goitre, myxœdème ;
• anomalie de la ligne médiane : fente palatine, agénésie des incisives latérales, incisive médiane unique ;
• maladie chronique : dénutrition, fissure anale, souffle cardiaque, hippocratisme digital ;
• déficit en GH congénital : faciès poupin, ensellure nasale marquée, front bombé, adiposité abdominale ;
• maladie osseuse constitutionnelle : asymétrie du segment inférieur / rachis, déformations des membres.

Mensurations de naissance, taille des parents, stade pubertaire.

2 . 1 . 2  -  Analyse des courbes de croissance


Repérer 2 types de retard de croissance :

• retard de croissance stable sur un couloir inférieur (vitesse de croissance régulière) ;
• retard de croissance avec changement de couloir (ralentissement de la vitesse de croissance) : infléchissement progressif ou cassure.

Évaluer la concordance croissance staturale / croissance pondérale :

• retard pondéral parfois suivi d’un retentissement statural ;
• retard statural prédominant.

Distinguer : infléchissement progressif et cassure.

2 . 1 . 3  -  Enquête paraclinique


Elle est guidée par l’examen clinique et l’analyse des courbes.

En cas de retard pondéral prédominant sans orientation clinique :

• NFS, CRP, VS ;
• ionogramme sanguin (avec fonction rénale), bilan phosphocalcique ;
• bilan hépatique ;
• IgA antitransglutaminases.

En cas de retard statural associé ou prédominant :

• TSH et T4 ;
• IGF-1 (Insulin Growth Factor 1) ± test de stimulation de la GH (Growth Hormone) ;
• FSH et LH à l’âge habituel de la puberté ;
• âge osseux ;
• caryotype standard (chez la fille) ;
• IRM cérébrale (en cas de cassure staturale).

Retard statural : caryotype standard chez la fille, IRM cérébrale en cas de cassure.

2 . 1 . 4  -  Orientation diagnostique


Orientation de la démarche diagnostique (fig. 4.2) selon :

• la concordance taille/poids :
–        retard pondéral ± suivi d’un retard statural,
–        retard statural prédominant ;

• l’analyse de la dynamique des courbes de croissance :
–        stabilité sur un couloir inférieur,
–        changement de couloir : infléchissement progressif, cassure ;

• l’existence ou non d’un RCIU.

Retard pondéral parfois suivi d’un retard statural :

• si changement de couloir (infléchissement progressif, cassure) :
–        avant tout : APLV, carences d’apports et/ou affectives,
–        parfois : maladie cœliaque, maladies chroniques, anorexie mentale,
–        plus rarement : MICI, mucoviscidose, maladies métaboliques ;

• si stabilité sur un couloir inférieur :
–        avant tout : hypotrophie pondérale constitutionnelle,
–        mais aussi : RCIU sans rattrapage.

Retard statural prédominant :

• si changement de couloir (infléchissement progressif, cassure) :
–        avant tout : causes endocriniennes (congénitales si infléchissement progressif, acquises type tumeur de la région hypothalamo-hypophysaire si cassure), retard simple de croissance et de puberté,
–        plus rarement : syndrome de Turner, maladies chroniques, craniopharyngiome ;

• si stabilité sur un couloir inférieur :
–        avant tout : petite taille constitutionnelle, RCIU sans rattrapage,
–        plus rarement : syndromes polymalformatifs, maladies osseuses constitutionnelles.

À noter : un ralentissement de croissance staturale associé à une prise de poids doit faire évoquer un hypercorticisme.

Figure 2 : Arbre diagnostique des retards de croissance de l’enfant
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