2  -  Boiterie fébrile : toujours évoquer une infection ostéoarticulaire

2 . 1  -  Pour bien comprendre

2 . 1 . 1  -  Préambule


Les infections ostéoarticulaires (arthrite septique et ostéomyélite) doivent être suspectées devant une boiterie fébrile à tout âge. Elles peuvent également se révéler en cas d’impotence fonctionnelle d’un membre en contexte infectieux. L’hyperthermie peut être toutefois modérée chez le nourrisson ou dans les spondylodiscites.

Elles constituent une urgence diagnostique et thérapeutique. En cas de suspicion clinique, tous les moyens doivent être mis en Ĺ“uvre pour confirmer le diagnostic et débuter le traitement rapidement. Aucun examen complémentaire inutile ne doit retarder la prise en charge médico-chirurgicale, au risque de voir survenir des complications.

Le risque initial est le sepsis sévère à streptocoque du groupe A ou à S. aureus, pouvant parfois entraîner le décès de l’enfant.

À distance, les risques sont les séquelles orthopédiques : destruction du cartilage articulaire et/ou nécrose de la tête fémorale dans les suites d’une arthrite septique, inégalité de longueur des os longs par stérilisation partielle ou totale du cartilage de croissance de l’os atteint dans les suites d’une ostéomyélite.

Les rechutes et le passage à la chronicité sont exceptionnels.

Une boiterie fébrile est une infection ostéoarticulaire jusqu’à preuve du contraire.

2 . 1 . 2  -  Physiopathologie


Une infection ostéoarticulaire (IOA) survient par voie hématogène.

Elle atteint les membres inférieurs dans plus de 50 % des cas, en particulier les zones actives de croissance (tibia proximal et fémur distal).

Les bactéries véhiculées par voie sanguine infectent :

  • soit directement l’os = ostéomyélite aiguë ;
  • soit la synoviale d’une articulation = arthrite aiguë.

Parfois, l’arthrite septique peut être secondaire à une ostéomyélite, il s’agit alors d’une ostéoarthrite. Ce tableau particulier, plus fréquent chez le nourrisson et dans certaines localisations (épaules et hanches) n’est pas traité dans ce chapitre.

2 . 1 . 3  -  Épidémiologie clinique et bactérienne


L’IOA survient le plus souvent chez un enfant sain.

Le risque est toutefois augmenté chez l’enfant drépanocytaire mais aussi chez l’immunodéprimé ou le nouveau-né hospitalisé en soins intensifs lors de septicémie sur cathéter central ou sur chambre implantable.

Principaux germes des infections ostéoarticulaires de l’enfant :

  • à tout âge : Staphylococcus aureus ;
  • chez l’enfant âgé de moins de 4 ans :
    • avant tout : Kingella kingae,
    • plus rarement : streptocoque de groupe A et pneumocoque ;
  • chez le jeune nourrisson (âge < 3 mois) : streptocoque B et Escherichia coli (penser à l’infection néonatale) ;
  • chez l’enfant drépanocytaire : Salmonella sp.

Les portes d’entrée à rechercher sont cutanées (traumatisme, plaie, varicelle, furoncle) et ORL.

S. aureus est le germe en cause dans 50 % des infections ostéoarticulaires de l’enfant.

Kingella kingae est désormais le pathogène le plus fréquent chez les enfants âgés de moins de 4 ans.

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