2 . 3  -  Diagnostic biologique


Le diagnostic direct ou de certitude
est apporté par la mise en évidence du parasite adulte ou de ses embryons. Les filaires adultes sont recherchées dans les nodules où elles sont faciles à reconnaître par l’analyse histo-pathologique.

Les microfilaires sont aisées à déceler, soit par scarification et examen du suc dermique, soit, mieux, par la biopsie cutanée exsangue : un fragment de peau ellipsoïde, de taille et de poids constants, prélevé sans anesthésie locale à l’aide d’une pince de sclérotomie ou Snip-test, autorise une analyse qualitative et quantitative de la présence des microfilaires le prélèvement est placé dans un verre de montre contenant quelques gouttes de sérum physiologique : au bout de quelques instants, les microfilaires quittent le fragment cutané et, s’agitant dans le liquide, sont reconnues et comptées, précisant la « charge microfilarienne ». L’évaluation de la charge microfilarienne est indispensable au suivi individuel sous thérapeutique et aux analyses épidémiologiques générales en comparant les charges moyennes par village ou zones de développement des programmes de lutte. Parfois, ces microfilaires sont décelées dans la chambre antérieure de l’œil au biomicroscope (lampe à fente). Enfin, la ponction d’un nodule peut ramener un liquide contenant des microfilaires soustraites de l’utérus des filaires adultes.

La microfilaire de O. volvulus est à différencier de Mansonella streptocerca (peu sensible aux thérapeutiques) dans les zones d’infestations mixtes.

Figure 14 : Pince à sclérotomie utilisée pour les biopsies cutanées exsangues et la quantification de la microfilarodermie onchocerquienne
(Col. D.Richard-Lenoble)
Figure 15 : Microfilaire d’Onchocerca volvulus dans le derme
(Col. D.Richard-Lenoble)

La présence de microfilaires dans les urines et parfois dans le sang a été signalée, surtout à la suite de traitements spécifiques.

Le diagnostic indirect ou de présomption est apporté par :

  • L’hyperéosinophilie sanguine.
  • Les réactions d’immunité.
  • Le test de Mazzotti.
  • L’hyperéosinophilie sanguine : un taux peu élevé est compatible avec une onchocercose évolutive, mais fréquemment l’éosinophilie atteint 20 à 30 % à distance de la primo-invasion. Chez un migrant de l’Ouest africain, un tel taux évoque soit une anguillulose, soit une onchocercose. Cette hyperéosinophilie est majorée lors du traitement antifilarien. Elle est peu spécifique dans les zones d’infections vermineuses multiples.
  • Les réactions d’immunité employées au laboratoire sont les mêmes que dans les autres filarioses : réactions de précipitation en gélose (double diffusion et analyse immunoélectrique à l’aide d’antigènes extraits d’O. volvulus, de D. viteæ), immunoflorescence indirecte. Elles permettent plus aisément que dans la Bancroftose une reconnaissance d’espèce.
  • le test de Mazzotti, ou test thérapeutique (prurit à la suite de prise infra curative de diéthylcarbamazine) décrit initialement dans l’onchocercose n'est plus réalisé car dangereux dans les zones d’infections mixtes onchocercose-loase.
Figure 16 : Immunofluorescence indirecte à la recherche d’anticorps antifilariens dirigés contre les enveloppes de la filaire adulte coupée en « rondelles »
(Col M.Gentilini , D.Richard-Lenoble EMC)
Figure 17 : Co électrosynérèse : continuité entre le sérum témoin (au centre) et le sérum du malade (en haut) d’un arc de précipitation spécifique filarien
(Col D.Richard-Lenoble EMC)

2 . 4  -  Traitements


Il est dirigé contre les microfilaires responsables des troubles cutanés et des lésions oculaires et plus difficilement contre les filaires adultes.

Traitement curatif

  • Contre les microfilaires : la diéthylcarbamazine (Notézine®, Hetrazan®, Banocide®) est microfilaricide, comme l’ivermectine ou Mectizan® ou Stromectol®, plus microfilarostatique (paralysant) que directement microfilaricide. Les réactions initiales, surtout si le prurit devient féroce ou la fièvre élevée, imposent l’association d’un antihistaminique de synthèse ou de corticoïdes.
  • Contre les filaires adultes : la diéthylcarbamazine utilisée en cures de 10 jours répétées ou en cure continue de 21 jours aurait dans 75% des cas un effet sur les filaires adultes. De nouveaux dérivés de l’ivermectine et de l’albendazole ou Zentel® auraient une action sur les filaires adultes en cure unique particulièrement intéressante en campagne de masse.

L’ivermectine associée à l’albendazole (Zentel®) aurait une action sur les filaires adultes en cure unique particulièrement intéressante en campagne de masse.

Prophylaxie : L’incidence socio-économique et le nombre élevé de malades aveugles ont depuis les années 1970 motivé d’importantes enquêtes et campagnes de masse : L’« Onchocerciasis Control Program» d’abord fondé sur une lutte antivectorielle (larvicides) s’est progressivement modifié en y associant une distribution communautaire annuelle de microfilaricides (Mectizan®, Zentel®, ...) empéchant la transmission au vecteurs (« African Program Onchocerciasis Control » 1995).

Les programmes de lutte contre la simulie et l’onchocercose

L’incidence socio-économique et le nombre élevé de maladies motivent d’importantes enquêtes et campagnes de masse. L’Organisation  Mondiale de la Santé (O.M.S.), le Fonds Européen pour le Développement (F.E.D.), la Banque Mondiale, les anciennes Organisation de Coordination et de Coopération de lutte contre les Grandes-Endémies en Afrique de l’Ouest (O.C.C.G.E.) et l’Organisation Commune de lutte contre les Grandes-Endémies en Afrique Centrale (O.C.E.A.C.) ont placé  l’onchocercose au premier plan de leur programme de lutte, en cherchant à rompre la chaîne de transmission malade-vecteur-malade.
             

Depuis 1974 deux types de programmes se sont succédés : Le programme OCP (« Onchocerciasis Control Program » fondé sur l’élimination des simulies par une lutte antilarvaire (organophosphorés type Abate®) sans que les populations concernées ne soient traitées et depuis les années 1990 et surtout depuis 2000, le programme APOC (« African Program Onchocerciasis Control ») on assure le traitement systématique des porteurs de microfilaires fondé sur la distribution communautaire d’ivermectine (ou Mectizan® donné par le laboratoire dans le cadre des programmes) annuelle ou bisanuelle en cure unique et par voie orale. Le  programme de distribution d’ivermectine d’abord limités à l’Afrique de l’Ouest (bassins des voltas) et à l’Amérique centrale et du sud (OEPA :Program for the Elimination of Onchocerciasis in America), est actuellement généralisé à toute l’Afrique.

Figure 18 : Programme de lutte contre la simulie (épandage de larvicides)
(Programme OPC Ouagadougou)
Figure 19 : Programme de lutte contre l’onchocercose par distribution communautaire annuelle de Mectizan
(Col D.Richard-Lenoble)
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