3 . 3  -  Diagnostic biologique


Les arguments directs de certitude sont  la mise en évidence de la microfilaire dans le sang ou de l’adulte dans la peau ou sous la conjonctive.

  • Mise en évidence des microfilaires : Très mobiles serpigineuses au milieu des globules rouges, elles sont recherchées à l’état frais, dans une goutte de sang entre lame et lamelle ou après coloration sur frottis mince, en goutte épaisse ou dans le culot d’une leuco-concentration (lyse par la saponine à 2 % des globules rouges de 5 ml de sang dans 10 ml de sérum physiologique et examen du culot après centrifugation à 2000t/mn x 10 mn). Le prélèvement sera effectué de jour, vers midi. La détermination de l’espèce est plus délicate ; une numération des microfilaires est indispensable avant le traitement. Les embryons ou microfilaires (300 μm) sont porteurs d’une gaine difficilement colorée par le Giemsa, de noyaux cellulaires gros ovoïdes visibles jusqu’à l’extrémité caudale effilée et absents de l’espace céphalique long. Le corps central n’est pas visible après coloration par le Giemsa. Elle est à différencier de la microfilaire sanguicole de Mansonella perstans souvent associée dans le même prélèvement de sang.
    En cours de traitement des microfilaires peuvent parfois être identifiées dans les urines.
  • Mise en évidence de la filaire adulte : Repérée lors de son passage sous les téguments ou lors de son cheminement sous-conjonctival, il est possible de l’extraire à l’aide d’un vaccinostyle ou d’une petite scarification. Des filaires mortes calcifiées sont fréquemment visibles en radiologie.
Figure 26 : Filaire adulte de Loa loa calcifiée dans un sein
(Col D.Richard-Lenoble et M.Kombila CDRom ANOFEL)

 
Les arguments de présomption sont fournis, comme pour les filarioses lymphatiques, par l’hyperéosinophilie sanguine souvent très élevée (70% des filariens à Loa loa ont une hyper éosinophilie dépassant 25%) et les réactions sérologiques.

La recherche et le dosage des anticorps sériques par les techniques de double diffusion en gélose, d’analyse immunoélectrophorétique, de co-électrosynerèse, d’immunofluorescence indirecte ou par ELISA sont d’un précieux appoint.
Globalement, en zone d’endémie, on peut isoler 3 types de population : les filarioses classiques asymptomatiques, les porteurs de microfilaires sans réactions sérologiques importantes et les fort porteurs d’anticorps circulants sans microfilaires. Les équilibres entre ces 3 types de filarioses sont variables selon les zones d’endémie.

3 . 4  -  Traitements


Traitement curatif


Le traitement de la loase est dangereux car parfois mortel. Il doit être conduit par un spécialiste. Il y a d’autant plus d’effets secondaires que le sujet est fort porteur de microfilaires dans le sang. Il repose sur la diéthylcarbamazine, ou Notézine®. A prescrire à doses très progressivement croissantes accompagnées d’antihistaminiques ou de corticoïdes.

La lyse des microfilaires sanguicoles peut être rapide, l’atteinte des adultes beaucoup plus lente et incertaine. Sous thérapeutique les adultes remontent des profondeurs du derme à la superficie (éruption maculeuse ou serpentin de quelques centimètres de long), et si le traitement est suffisamment prolongé (3 semaines), ils sont encerclés par des réactions à corps étrangers et meurent in situ (image radiologique de filaire calcifiée). Si le traitement est trop court les adultes remettent 3 à 6 mois plus tard des embryons ou microfilaires. Dans les loases avec forte microfilarémie, surtout si le nombre des embryons dépasse 1.000 pour 20 mm3, on doit craindre surtout dans le cas de la Notezine® des accidents de lyse filarienne : fièvre, céphalées, nausées, arthralgies et, surtout, d’encéphalite filarienne aboutissant parfois au coma et laissant souvent des séquelles (dysarthrie). L’exsanguino-transfusion  est une thérapeutique d’exception réservée aux loases avec forte microfilarémie et atteinte rénale.

L’ivermectine (Mectizan®) utilisée en cure unique annuelle est un excellent microfilaricide peu actif sur les adultes. Le Mectizan® sera utilisé avec prudence dans le cas de très fort porteur de microfilaires sanguines.

Traitement prophylactique

Dans les zones d’endémie, il n’est guère possible d’échapper à la piqûre des chrysops et l’emploi des insecticides est inefficace ; aussi, la chimioprophylaxie individuelle, pour les forestiers ou les coopérants techniques séjournant dans les zones d’endémie, est-elle éventuellement conseillée (prise hebdomadaire d’un comprimé à 0,100 g de Notézine® en une fois, ou de 1/2 comprimé deux fois par semaine).       

Programme de lutte

Aucun programme international de contrôle de cette filariose n’est envisagé : Le vecteur est inaccessible et l’efficacité thérapeutique est accompagnée de complications éventuellement graves chez les très forts porteurs de microfilaires. Par contre le risque de voir associé chez un même individu une microfilarodermie à O.volvulus et une forte charge sanguine de Loa loa complique le déroulement des programmes destinés au contrôle de l’onchocercose.

8/9