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L’onchocercose, ou volvulose, est une filariose cutanéo-dermique due à Onchocerca volvulus. Elle est grave par ses complications oculaires cécitantes et constitue par la nuisance de son vecteur, un obstacle important au développement des zones rurales irriguées et fertiles, où elle sévit à l’état endémique.
Elle est la cible d’importants programmes d’éradication depuis 1975, programmes fondés d’abord sur l’éradication du vecteur (en 1974 : programme OCP « Onchocerciasis Control Program ») et plus récemment sur l’utilisation de microfilaricides arrêtant la transmission entre le malade porteur de microfilaires et le vecteur (1990 prolongation du programme OCP par la chimiothérapie antimicrofilarienne et 1996 lancement du Programme APOC : African Program Onchocerciasis Control, fondé principalement sur la chimiothérapie).
Onchocerca volvulus est un parasite spécifiquement humain. Les vers adultes mesurent de 2 à 3 cm de long pour le mâle, 50 cm pour la femelle ; ils vivent dans le derme, soit libres, soit emprisonnés dans des nodules fibreux, les onchocercomes ou kystes onchocerquiens ; leur longévité est de 10 à 15 ans. Les femelles émettent des embryons ou microfilaires de 300 μ de long, qui se répandent dans le derme, aussi bien le jour que la nuit.
Le vecteur est un diptère nématocère largement répandu dans le monde du genre Simulium de 1 à 3 mm, trapu, « simulant » un moucheron noir (blackfly). Simulium damnosum et S. neavei sont les complexes les plus actifs en Afrique,S. metallicum et S. ochraceum en Amerique centrale et du sud. La femelle seule est hématophage. Sa piqûre est douloureuse. Elle crée dans le derme un micro-hématome mélangeant le sang aux sérosités dermiques contenant les microfilaires d’un malade ainsi prélevées lors d’un repas sanguin (pool-feeder). Elle contamine le sujet sain au cours d’un nouveau repas, en laissant échapper de sa trompe les larves infestantes qui traversent ensuite activement l’épiderme.
L’écologie des simulies conditionne la distribution de l’onchocercose. Les simulies pondent sur des plantes ou des rochers dans les eaux douces, courantes, riches en éléments nutritifs : cascades, chutes, rapides permanents. Les œufs éclosent en libérant des larves qui donnent des adultes. La localisation des gîtes larvaires et l’amplitude de vol des adultes expliquent que la distribution de l’onchocercose soit étroitement liée au réseau hydrographique. Les villages de « première ligne » où 90 p. 100 des adultes sont infestés, seront progressivement désertés, bien qu’il s’agisse de zones irriguées et fertiles.
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
Le foyer africain est le plus important. Il s’étend du Sahel présaharien jusqu’en Angola et la Tanzanie. Les régions hyperendémiques se situent au Burkina Faso, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Le foyer américain est moins étendu : Mexique, Guatémala, Vénézuela, Guyane hollandaise. On a identifié au Yémen une onchocercose particulière, ou « sowda », caractérisée par l’attente dermique hyper réactive unilatérale d’un membre, avec un ganglion collatéral. L’onchocercose atteint environ 25 millions de sujets. Au Burkina Faso, sur une population de 4 millions d’habitants, on comptait, avant le début des programmes de lutte, 400.000 onchocerquiens, parmi lesquels 40.000 aveugles.
La présence dans la peau des filaires adultes isolées ou regroupées dans des formations kystiques et la localisation cutanée des microfilaires expliquent les syndromes cutanés (prurit) et kystiques de l’onchocercose. L’effraction cornéenne des microfilaires et les réactions immunes participent aux troubles oculaires de la chambre antérieure (kératite) et du fond d’œil (choriorétinite pigmentaire et atrophique). Une association symbiotique est décrite entre les filaires adultes et des bactéries du genre Wolbachia.
L’onchocercose est une affection éventuellement muette. La pratique systématique de la biopsie cutanée exsangue a révélé la fréquence en zone d’endémie de sujets porteurs de microfilaires sans manifestations cliniques ; apparemment sains, ils constituent un réservoir de parasites dont le rôle épidémiologique est conséquent.
Lorsqu’elle se manifeste l’onchocercose s’exprime cliniquement par trois syndromes :
LE SYNDROME CUTANÉ :
Il s’agit d’un prurit isolé, puis de lésions cutanées réalisant un prurigo très prurigineux, qui se voient chez l’Africain comme chez l’européen. Les lésions de grattage, qui le compliquent, aboutissent au tableau de la « gale filarienne » mélange de lésions jeunes plus ou moins surinfectées et de lésions cicatricielles anciennes. Ces lésions siègent surtout au niveau des lombes, des fesses et des cuisses. Au Guatémala, elles ont été décrites sous le nom d’érysipèle de la côte et au Mexique sous celui de « mal morado ». A la longue la peau peut s’épaissir et prendre un aspect pachydermique souvent lichénifiée donnant l’aspect de « peau de lézard » ou au contraire s’atrophier et se plisser.
Dans les foyers d’hyperendémie on remarque chez les sujets les plus âgés une dépigmentation bilatérale des crêtes tibiales (pseudo vitiligo onchocerquien).
Dans l’onchocercose du Yémen ou Sowda ces lésions sont asymétriques, unilatérales croûteuses ou pachydermiques et plus rapidement établies (hyperréactivité).
L’atteinte des ganglions inguinaux (« aines pendantes ») est parfois visible.