5 . 2  -  Candidoses profondes

5 . 2 . 1  -  Candidoses systémiques


La candidémie définit une condition où un Candida a été identifié par au moins une hémoculture. Une candidose systémique correspond à une situation où une levure a été identifiée dans plusieurs sites non contigus, impliquant une dissémination hématogène, bien que les hémocultures soient parfois restées négatives. Leur traitement est identique, mais peut être modulé en fonction des sites anatomiques infectés. Il n’existe pas de symptomatologie spécifique des fongémies et des infections systémiques à Candida spp. Une fièvre  irrégulière résistante aux antibiotiques et accompagnée d’une altération de l’état général est observée dans environ 80 % des cas et une leucocytose dans 50 %. Les candidémies rapidement dépistées peuvent répondre aux antifongiques et au retrait d’un cathéter. Lorsque le dépistage de la candidémie a été tardif ou que l’épisode initial est passé inaperçu, il existe un risque important de localisations uni- ou multiviscérales, qui peuvent apparaître au premier plan des semaines après le premier épisode. Malgré une meilleure prise en charge des candidémies et des candidoses systémiques et l’apparition de nouveaux antifongiques, la mortalité reste élevée (plus de 40 %). C. albicans reste la levure prédominante dans environ 50 % des cas.

Les candidoses systémiques se manifestent aussi par des manifestations cutanées considérées comme des métastases, prenant l’aspect de papulopustules uniques ou multiples et siégeant préférentiellement au tronc et aux extrémités. De même, des manifestations oculaires sont à rechercher systématiquement en cas de candidémies. L’aspect typique réalisé au fond d’œil est celui de nodules rétiniens blanchâtres ou jaunâtres et duveteux. Chez les héroïnomanes, on décrit des folliculites douloureuses de la barbe et du cuir chevelu.

Enfin, d’autres localisations de candidoses disséminées, plus rares, peuvent exister, comme des localisations cardiaques (endocardites avec végétations, visibles à l’échographie), ostéoarticulaires (spondylodiscites) ou neurologiques.

La candidose systémique peut être d’origine nosocomiale ; dans ce cas, le plus souvent, le point de départ est exogène (cathétérisme central, ...) et plus rarement endogène (à partir d’un foyer intestinal).

Figure 7 : Septicémie à levures

5 . 2 . 2  -  Candidose hépatosplénique (Candidose disséminée chronique)


La candidose hépatosplénique est une forme particulière de candidose systémique évoluant sur le mode chronique. Elle s’observe chez des patients ayant une leucémie aiguë dont la maladie est en rémission après une chimiothérapie. Les données récentes attribuent ce tableau à un syndrome de restitution immunitaire. Il associe fièvre rebelle aux antibiotiques et aux antifongiques, hépato- et/ou spléno-mégalie et douleurs abdominales, qui doivent conduire à pratiquer une échographie, un scanner et, surtout, une IRM qui montre des micronodules intraparenchymateux (figure 8). Le diagnostic repose essentiellement sur l’imagerie, la biopsie, étant peu contributive et les hémocultures souvent négatives.

Figure 8 : Candidoses hépatosplénique
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