5  -  Clinique

5 . 1  -  Candidoses superficielles

5 . 1 . 1  -  Candidoses des muqueuses

5 . 1 . 1 . 1  -  Oropharyngées


Des levures du genre Candida sont isolées des muqueuses buccales chez les individus sains. Les pics de prévalence sont observés chez l’enfant de moins de 18 mois et le sujet âgé – dans le premier cas interviendrait une immaturité du système immunitaire, dans le second la fréquence du port de prothèses dentaires. De nombreux facteurs favorisent la survenue d’une candidose oropharyngée. Ainsi, toute altération de la muqueuse buccale peut constituer le lit d’une candidose : traumatisme consécutif au port d’une prothèse, cancer de la sphère ORL, ulcérations dues à des cytotoxiques, irradiations… Les facteurs iatrogènes peuvent être locaux (corticoïdes inhalés) ou généraux (antibiotiques à large spectre, immunosuppresseurs, corticoïdes, neuroleptiques). L’hyposialie représente l’une des principales causes du développement des candidoses buccales. Parmi les autres terrains favorisants, il faut citer le VIH, les tumeurs solides, les hémopathies malignes, le diabète ou d’autres endocrinopathies ainsi que la malnutrition.

Les signes fonctionnels sont : douleurs, dysphagie, goût métallique. Il existe trois formes cliniques :

  • pseudomembraneuse ou muguet (la plus classique) : les lésions blanc-jaunâtre, fermes, en placards ou confluentes, sont adhérentes aux muqueuses. Elles envahissent la langue, les gencives et le palais. Après grattage, la muqueuse saigne.
  • érythémateuse atrophique : les lésions sont multifocales (palais, dos de la langue). La muqueuse est luisante, rouge et la langue dépapillée.
  • candidose hyperplasique ou pseudo tumorale. Elle siège au niveau de la muqueuse jugale et de la langue sous la forme de plaques blanc-jaunâtre. Diagnostic différentiel : leucoplasie chevelue, lichen buccal.
Figure 1 : Muguet buccal

La perlèche ou chéilite accompagne volontiers les candidoses oropharyngées. Elle correspond à une inflammation de la commissure labiale et réalise une fissure humide, érythémateuse, squameuse ou croûteuse souvent bilatérale.

Les langues noires villeuses avec hypertrophie de l'extrémité des papilles (villosités) qui prennent une couleur noire ne sont pas des candidoses, mais il peut y avoir surinfection par les levures appartenant à différentes espèces.

Figure 2 : Perlèche et chéilites

5 . 1 . 1 . 2  -  Candidose digestive


L'oesophage est la localisation la plus commune des candidoses digestives, mais celles-ci peuvent intéresser tout le tube digestif de l'estomac jusqu'au colon. La présence de levures dans les selles ne signe pas obligatoirement une candidose digestive.

Les Candida spp. représentent la première cause d'oesophagite et C. albicans, là encore, est la principale espèce incriminée. Les facteurs de risque sont pratiquement les mêmes que ceux retrouvés dans les localisations oropharyngées.

L'oesophagite à Candida est un marqueur de l'infection à VIH. Elle survient lorsque les CD4 sont inférieurs à 150 / mm3. Elle est souvent associée à une candidose orale et peut être la première manifestation clinique du SIDA. Les manifestations cliniques de cette localisation sont dominées par la dysphagie et les douleurs rétrosternales.Le diagnostic repose sur l'endoscopie dont l'aspect le plus évocateur est celui de plaques blanc jaunâtre reposant sur une muqueuse érythémateuse plus ou moins ulcérée.

5 . 1 . 1 . 3  -  Candidoses génitales

   
La candidose vulvovaginale est l’une de plus fréquentes infections gynécologiques de la femme en période d’activité génitale. Elle est le plus souvent due à C. albicans (80 %) et à C. glabrata (20 %). Les candidoses vulvovaginales sont hormonodépendantes et surviennent dans la seconde partie du cycle menstruel et pendant la grossesse (troisième trimestre). Après la ménopause, la prévalence décroît. La prise d’antibiotiques à large spectre et le diabète mal contrôlé sont des facteurs favorisants.    
Les candidoses vulvo-vaginales ne sont pas considérées comme des IST.

Les symptômes majeurs sont un prurit et des brûlures vulvaires intenses. Les leucorrhées sont d’abondance variable, classiquement blanchâtres, grumeleuses « en lait caillé ». L’examen gynécologique peut retrouver un érythème et un œdème de la vulve, parfois des fissures ou des excoriations. La diffusion de l’érythème à l’aine et aux plis interfessiers est en faveur de l’origine candidosique.Une dyspareunie et une dysurie sont souvent signalées.

Dans 90% des cas, la candidose vulvo-vaginale est simple et d’évolution favorable. Dans 10% des cas,elle est compliquée, sévère et récidivante, définie par quatre épisodes à cultures positives sur une période de 12 mois. La candidose vaginale récidivante peut être la première manifestation clinique de l’infection à VIH chez une femme séropositive.         

Figure 3 : Leucorrhée et vulvite à Candida

Chez l'homme, la candidose génitale se manifeste par une balanite. Le début se fait dans le sillon balanopréputial par un érythème qui intéresse le gland et le prépuce. De petites vésicules sont présentes à sa surface, ainsi que des papules, avec, souvent, des plaques blanchâtres. L'éruption peut s'étendre au pénis, au scrotum et à l'aine chez l'obèse. Les formes sévères doivent faire rechercher un diabète.

5/10